Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le charivari — 16.1847

DOI Heft:
Septembre (No. 244-273)
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.17761#0978
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LE CHARIVARI.

jour; aussi les simples herboristes ne peuvent-ils te-
nir des tragédies, ça leur est interdit par la préfec-
ture de police.

A peine avais-je fait cinquante pas sur le boule-
vard, que la pluie me força derechef à me réfugier
dans le passage du choca, que l'on appelle passage
Jouffroy je ne sais trop pourquoi.

J'aurais pu rester là pendant la journée entière,
occupé à contempler les culottes du Roi Dagobert
qui toutes sont mises en montre à l'endroit, si un
personnage officieux, voyant mon embarras, n'était
venu très poliment m'offrir de me prêter un para-
pluie.

J'acceptai ce parapluie avec la candeur d'un hom-
me mouillé et qui commence à être enrhumé du
cerveau.

Arrivé rue Montmartre et frappé de voir que beau-
coup de gens me suivaient avec curiosité et contem-
plaient surtout mon parapluie avec le plus vif inté-
rêt, je levai les yeux et j'aperçus écrit en grosses let-
tres blanches qui se détachaient merveilleusement
sur le fond vert du taffetas : Choca, passage Jouf-
froy, M.

Mon bras, mon malheureux bras servait de sup-
port à l'annonce du choca !

Si ce parapluie avait été bleu de ciel, je m'en se-
rais méfié ; mais il était vert, vert bouteille !

Je me réfugiai immédiatement dans la boutique
d'un marchand de vin, asile tutélaire toujours ou-
vert à l'infortuné, pourvu que cet infortuné ait douze
sous dans sa poche.

Je demandai une plume et de l'encre pour écrire
aux deux chambres, ainsi qu'a le droit de le faire
tout citoyen molesté.

En fait d'encre on m'offrit du vin bleu ; quant à
une plume, on n'en tenait pas dans l'établissement.

Puis, d'ailleurs, je me mis à réfléchir que les con-
cierges des deux chambres garderaient mes lettres
pendant six mois.

Une seule consolation me restait, c'était d'épancher
quelques larmes sur votre épaule, ô lecteur! et j'é-
panche. Puissiez-vous, cette nuit, ne pas rêver
choca !

fff journal appelait hier le budget un mino-
taure. Le minotaure aurait droit de récla-
[mer.

Le budget et le minotaure sont deux monstres,
et, à bien regarder, tous les deux commencent par
une tête énorme, et se terminent tous les deux par
une queue de longueur.

Le budget, comme le minotaure, jouit d'un cruel
appétit. Seulement le monstre de Crète se contentait,
par an, de sept jeunes garçons et de sept jeunes
filles à dévorer, tandis que celui de la France paraît
avoir une faim, une soif de nos écus, à faire croire
qu'il a le ver solitaire.

Il y a encore cet avantage que le minotaure vivait
dans les temps héroïques, ce qui fait qu'on trouva
un Thésée pour le tuer ; mais notre époque n'étant
pas héroïque le moins du monde, il est à craindre
que le budget ne s'engraisse longtemps à nos dépens.

Le Thésée qui doit le vaincre n'est pas encore en-
fanté.

Et puis, trouvât-on un héros pour combattre le
budget, encore faudrait-il savoir où le prendre pour
l'anéantir.

Dédale, l'architecte du temps, construisit, pour
cacher le Minotaure, un souterrain percé de mille
voies tortueuses, mais pas assez embrouillées pour
que Thésée n'en pût trouver le fil.

Mais qu'est-ce que Dédale auprès de nos minis-
tres pour savoir embrouiller les choses ? Le budget
est entouré de chiffres si impraticables que la cognée

même de M. Montalivet ne pourrait y pénétrer, elle
qui pourtant, à l'heure des coupes sombres, pénètre
si bien dans tous les fourrés.
Ariane y perdrait son fil et Thésées son grec.

MORT D'UN GRAND HOMME.

ne triste nouvelle va cons-
terner la France, M. Ful-
chiron n'est plus. Nous te-
nons de M. Bignan, son
neveu, les détails de ce
fatal événement.

« Mon oncle, nous a-t-
il dit, se montrait inquiet
et soucieux depuis quelque temps ; je l'entendais
murmurer tout bas des tirades de ses anciennes tra-
gédies ; souvent il interrompait les profondes leçons
qu'il me donnait sur l'art de gouverner les hommes,
par des phrases dans le genre de celles-ci : « Réus-
sira-t-il? Mon Dieu, faites qu'il réussisse?

— De qui, mon oncle, voulezr-vous parler?

— Et morbleu, mon neveu, de Muret de Bord ;
ne savez-vous pas qu'il a entrepris de fonder un
journal conservateur.

— Si, mon oncle, et je lui ai même promis l'appui
de mon talent.

— A la bonne heure. »

« Alors, a ajouté M. Bignan, mon oncle, après
m'avoir pressé avec attendrissement contre son cœur,
m'a parlé, avec son éloquence habituelle, des périls
qui menacent la société ; il m'a fait voir le ministère
ébranlé, la tragédie sapée dans ses fondemens, la
pairie en proie à d'odieuses insinuations, l'épître
même, à laquelle je dois toute ma renommée, me-
nacée par des impies novateurs. Dieux ! me suis-
je écrié, qui nous préservera de tant de malheurs?

— Muret de Bord l'essayera du moins, continua
mon oncle ; c'est le seul homme qui pouvait se char-
ger d'une telle entreprise. Il est imbu de mes maxi-
mes, il fait partie de mon école. Je ne lui reproche
qu'une chose, c'est de donner le Moniteur en prime
à ses abonnés. Sous son apparence tranquille, le
Moniteur est au fond le plus redoutable de tous
les livres révolutionnaires ; gardez-vous de le lire,
mon neveu, il vous corromprait ;et vous rendrait
désormais incapable de concourir pour aucune aca-
démie. Je pardonne difficilement ; ce choix à Muret
de Bord, mais enfin je le lui pardonne pourvu qu'il
fasse paraître le Conservateur. Voilà un titre qui
répare bien des primes, un titre qui sauvera la Fran-
ce ; j'aurais voulu seulement qu'on ajoutât : journal
complet, universel et tragique. Mais quand le Con-
servaleur paraîtra-t-il ? Seigneur, quand réjouirez-
vous la vue de votre serviteur par un de ses nu-
méros ? »

Et comme mon oncle achevait ce discours, son
valet de chambre entre et lui remet un journal ; il
l'ouvre, un cri de joie s'échappe de sa poitrine, des
larmes de plaisir inondent son nez, ses genoux
tremblent, il tombe dans son fauteuil en serrant le
journal contre son cœur. C'était le spécimen du Con-
servateur.

Redoutant pour mon oncle la force de ses émo-
tions, poursuit M. Bignan, je le supplie d'attendre
avant d'entamer la lecture du spécimen. Impossible
d'obtenir rien de lui. Il m'ordonne de lui apporter
ses lunettes, je refuse ; il me menace de sa malédic-
tion, j'obéis. Je me sens dans l'impossibilité de ren-
dre autrement qu'en vers l'état d'allégresse dans le-
quel se trouvait mon onc;e pendant cette lecture ;
quand ma première et ma seconde douleur seront
calmées, je vous adresserai une ode là-dessus. Sa

figure rayonnait d'une joie divine : à chaque phrase
il poussait des soupirs étouffés, des petits cris de sa-
tisfaction. « Enfin, je suis compris ! s'écria-t-il, voilà
ma politique... Je sens que je ne survivrai pas à tant
de joie. » Sa voix devenait de plus en plus faible à
mesure qu'il prononçait ses paroles. « Mon neveu
me dit-il en faisant un dernier effort, je puis mourir

puisque le Conservateur existe..... Dites à Muret

de Bord que je lui lègue mes tragédies.....Adieu!

si par hasard..... » A ces mots, les lèvres de mou
oncle se sont fermées, et l'âme de M. Fulchiron s'est
envolée vers l'éternel séjour de la tragédie. »

iîoïs ambassadeurs viennent d'obtenir un
.beau triomphe en Portugal. Trois! c'est-à-
dire deux, attendu que l'ambassadeur de
France était du nombre.

Ce triomphe consiste à avoir vaincu l'obstination
de dona Maria. Le despotisme de cette reine a fait
une large concession. On lui demandait la formation
d'un ministère constitutionnel, elle y a consenti en-
fin. En voici la composition.
Le général Saldanha, président du conseil; .
Le colonel Franzini, ministre des finances;
Le brigadier Deluz, ministre des affaires étrangè-
res ;

Le capitaine Ivao de Santa Pereira, ministre de la
marine ;

Le brigadier d'Almoffala, ministre de la guerre.

Le nom des autres ministres n'est pas encore
connu. On parle d'un trompette pour être ministre
de la justice et d'un officier de hussards pour le mi-
nistère des cultes.

On croit généralement, à Lisbonne, que ce minis-
tère constitutionnel siégera dans un corps-de-garde.

AUJOURD'HUI LUCULLUS El DEMAIN CÉSOBITE.

Il y a, au mi-
nistère de l'in-
térieur, un haut
fonctionnaire
qui possède un
organe d'une
phénoménale é-
lasticitc. Qu'on
n'aille pas croire
qu'il s'agit de sa
conscience... "
est tout simple-
ment question
de son estomac
fur sa por-
tion auprès
ministre, M-

est admis à partager le déjeuner de son seigneur*
maître. Aussi il faut voir comme il fait honneur au
quatre ou cinq plats qui composent l'ordinaire de ^
Duchâtel ! Jamais steeple-chase culinaire ne reun
deux plus valeureux champions. ^

Mais quand la chasse, les électeurs, les huître5 .
le farniente appellent le pacha de l'intérieur ^
Rambouillet, à Ostende ou à Jonzac, grande e
désolation du convive... La marmite est renve ^
Adieu la galantine à la gelée, le pâté de ' _
sauterne patrimonial, tout le faste gastronome ^
Le malheureux M. *** en est réduit à compose ^
carte à ses frais... Tous les bureaux en ont m
ventre. ^
Mais un friand de sa trempe, direz-vous, ^
rête pas aux mesquines considérations d une
qui, après tout, n'écorche guère ses émo
(La suite à la
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Mort d'und grand homme; Aujourd'hui Lucullus et demain Cénobite
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Inv. Nr./Signatur
R 1609 Folio RES

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Maurisset, Théodore
Entstehungsdatum
um 1847
Entstehungsdatum (normiert)
1842 - 1852
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Satirische Zeitschrift
Karikatur

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le charivari, 16.1847, Septembre (No. 244-273), S. 974

Beziehungen

Erschließung

Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg
 
Annotationen