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du revetement et les figures. Les peripeties par lesquelles passa le projet de
texte pour 1’inscription latine ä graver sur la pyramide derriere le mausolee,
s’espacerent, elles aussi, sur un quart de siede ! Propositions, corrections,
dissertations se multiplierent, et, si le compte-rendu de ces controverses n’est
qu’un episode de l’histoire du monument, peut-etre offre-t-il quelque interet
pour quiconque se reconnait disciple de la culture latine et, tout ensemble,
demeure sensible au pouvoir d’un mot «mis en sa place », aux nuances de
l’expression, ä la probite du style.
Que de personnages furent meles ä cette affaire ! et combien divers !
Voici M. de Marigny, frere de Madame de Pompadour, Directeur general
des Bätiments du Roi; et Marmontel, litterateur abondant, honnete eleve
de Voltaire, par surcroit secretaire des Bätiments du Roi et historiographe
de France, que ses vers ä La Gloire de Louis XIV perpetuee dans le roi son
successeur, apres Fontenoy, ou son poeme sur L’Etablissement de l’Ecole
Militaire, exaltaient sans doute aux pensees herolques ; et La Condamine,
autre «celebrite», dans l’ordre des mathematiques celui-lä, mais qui ne
dedaigna point d’ecrire en vers, lui aussi; et Jean-Etienne Montucla, encore
un mathematicien, qui fit partie, comme astronome, de l’expedition de
Turgot (frere du futur ministre) ä Cayenne et fut nomme, au retour, premier
commis des Bätiments. Voici egalement le duc de la Vrilliere, ministre d’Etat
et membre de l’Academie des Inscriptions ; et M. Le Beau, latiniste repute,
historien du Bas-Empire et de la Legion romaine ; et l’abbe Pernetti, auteur
de Lettres philosophiques sur la physionomie qui furent quelque temps ä la
mode; et M. d’Angiviller, Directeur des Bätiments, marechal de camp,
membre de l’Academie des Sciences, qui devait etre accuse, au debut de la
Revolution, d’avoir administre les Beaux-Arts en seigneur trop prodigue ;
et M. de Foncemagne, qui fut des Inscriptions et aussi de l’Academie fran-
gaise, dont le nom — apres sa mort...— se trouva associe ä celui de Voltaire,
ä l’occasion d’un incident aussi oublie aujourd’hui qu’il fit debruit, j’imagine,
dans le moment oü il survint: lorsque d’Alembert, secretaire perpetuel de
l’Academie frangaise, fit prevenir les Cordeliers, selon l’usage au deces d’un
academicien, afin que füt celebre dans leur eglise un Service funebre pour
Voltaire, qui venait de mourir, il se heurta, cette fois, ä un refus, mais tenta
de profiter, quelques mois plus tard, d’un autre deces, celui de Foncemagne,
pour essayer d’obtenir (d’ailleurs en vain) que les Services funebres des acade-
miciens fussent enleves aux Cordeliers, qu’ils «se fissent desormais dans
la chapelle du Louvre et qu’on celebrät ä la fois ceux de MM. de Voltaire
et de Foncemagne » *. Voici, enfin, ä Strasbourg, Baron d’Autigny, le pre-
teur royal; et J.-D. Schoepflin, le plus illustre professeur de Strasbourg, le
Cite par Frädäric Masson, L’Academie franfaisc 1629-1793, Paris, s. d., in-8°, p. 233-235.
du revetement et les figures. Les peripeties par lesquelles passa le projet de
texte pour 1’inscription latine ä graver sur la pyramide derriere le mausolee,
s’espacerent, elles aussi, sur un quart de siede ! Propositions, corrections,
dissertations se multiplierent, et, si le compte-rendu de ces controverses n’est
qu’un episode de l’histoire du monument, peut-etre offre-t-il quelque interet
pour quiconque se reconnait disciple de la culture latine et, tout ensemble,
demeure sensible au pouvoir d’un mot «mis en sa place », aux nuances de
l’expression, ä la probite du style.
Que de personnages furent meles ä cette affaire ! et combien divers !
Voici M. de Marigny, frere de Madame de Pompadour, Directeur general
des Bätiments du Roi; et Marmontel, litterateur abondant, honnete eleve
de Voltaire, par surcroit secretaire des Bätiments du Roi et historiographe
de France, que ses vers ä La Gloire de Louis XIV perpetuee dans le roi son
successeur, apres Fontenoy, ou son poeme sur L’Etablissement de l’Ecole
Militaire, exaltaient sans doute aux pensees herolques ; et La Condamine,
autre «celebrite», dans l’ordre des mathematiques celui-lä, mais qui ne
dedaigna point d’ecrire en vers, lui aussi; et Jean-Etienne Montucla, encore
un mathematicien, qui fit partie, comme astronome, de l’expedition de
Turgot (frere du futur ministre) ä Cayenne et fut nomme, au retour, premier
commis des Bätiments. Voici egalement le duc de la Vrilliere, ministre d’Etat
et membre de l’Academie des Inscriptions ; et M. Le Beau, latiniste repute,
historien du Bas-Empire et de la Legion romaine ; et l’abbe Pernetti, auteur
de Lettres philosophiques sur la physionomie qui furent quelque temps ä la
mode; et M. d’Angiviller, Directeur des Bätiments, marechal de camp,
membre de l’Academie des Sciences, qui devait etre accuse, au debut de la
Revolution, d’avoir administre les Beaux-Arts en seigneur trop prodigue ;
et M. de Foncemagne, qui fut des Inscriptions et aussi de l’Academie fran-
gaise, dont le nom — apres sa mort...— se trouva associe ä celui de Voltaire,
ä l’occasion d’un incident aussi oublie aujourd’hui qu’il fit debruit, j’imagine,
dans le moment oü il survint: lorsque d’Alembert, secretaire perpetuel de
l’Academie frangaise, fit prevenir les Cordeliers, selon l’usage au deces d’un
academicien, afin que füt celebre dans leur eglise un Service funebre pour
Voltaire, qui venait de mourir, il se heurta, cette fois, ä un refus, mais tenta
de profiter, quelques mois plus tard, d’un autre deces, celui de Foncemagne,
pour essayer d’obtenir (d’ailleurs en vain) que les Services funebres des acade-
miciens fussent enleves aux Cordeliers, qu’ils «se fissent desormais dans
la chapelle du Louvre et qu’on celebrät ä la fois ceux de MM. de Voltaire
et de Foncemagne » *. Voici, enfin, ä Strasbourg, Baron d’Autigny, le pre-
teur royal; et J.-D. Schoepflin, le plus illustre professeur de Strasbourg, le
Cite par Frädäric Masson, L’Academie franfaisc 1629-1793, Paris, s. d., in-8°, p. 233-235.