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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Genevay, Antoine: Hans Holbein, (le jeune), [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0065

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HANS HOLBEIN (LE JEUNE). 55

Hans, avec une verve hardie, s'était diverti à illustrer l'ouvrage tant de fois réimprimé, sous une des
gravures représentant un personnage fêtant une bouteille et cai-essant une robuste fille, l'humaniste en
riant écrivit « Hans Holbein ». Voilà le point de départ des mauvais contes répandus sur l'artiste dont
nous ne prétendons point que la vie ait été immaculée. Il aimait le vin, maladie de presque tous les
hommes de son temps. Voyez plutôt la consommation qu'en faisait Charles-Quint. Sur ce récit, sur
cette plaisanterie d'un écrivain de génie, qui lui-môme se traitait avec du vin de Bourgogne, se sont
jetés ces détracteurs « bas de poils » qui ont du plaisir à souiller le génie, en lui attribuant leurs
propres vices.

Parmi ces insulteurs, et au premier rang, il faut placer un certain Gueudeville; en 1713, il publia
une vie mensongère de l'artiste bâlois, forcé, dit-il, à bout de ressources et de crédit, d'abandonner
la ville qui lui avait donné l'hospitalité. Il le montre mendiant et se glissant dans l'atelier d'un peintre
de Strasbourg povir y faire une charge renouvelée des Grecs. A peine croyable s'il émanait d'un homme
grave, ce récit est odieux sous la plume d'un écrivain sans feu ni lieu, qui, sorti de la savante corpo-
ration de Saint-Maur, ayant jeté le froc aux orties, ne vivait en Hollande que de diffamations et de
scandales.

11 faut donc ranger les débordements d'Holbein à côté de l'avarice de Rembrandt. Il aima trop la
vie facile, il n'eut point assez de respect pour les devoirs de la famille : voilà, pensons-nous, ce que
l'on peut véritablement lui reprocher; c'est déjà trop.

A l'époque où nous sommes parvenus, entre 1520 et 152.6, Holbein entreprit les peintures murales
de l'hôtel de ville de Bàle, achevées huit ans plus tard et considérées par M. Woltmann comme une
des plus grandes créations de l'art ; il peignit les volets monochromes de l'orgue de la cathédrale et la
madone du bourgmestre Majer; il exécuta, un peu plus tôt peut-être, le charmant dessin d'après lui-
même , dessin provenant de la collection d'Amerbach, qui figure aujourd'hui au musée de Bàle. On
connaît encore deux autres portraits d'Holbein, l'un peint pour la galerie iconographique de Florence ;
le troisième, qui appartient à la collection de Fœsch (Museo Feschiano), est signé et daté HH. JE. 45.
E'Art a donné le premier et le dernier de ces portraits1.

C'est pendant son premier séjour à Bâle qu'il produisit la plus grande partie de ces merveilleux
dessins, de ces alphabets qui ont tant contribué à sa réputation, — nous y reviendrons, — et comme
adieu il peignit les deux figures connues sous le nom de la Lais corinthica. On a fort discouru sur
la personne qui avait servi de modèle à l'artiste; en elle on reconnaît maintenant une dame
d'OfFenbourg aussi voluptueuse que la Laïs grecque.

Nous voici arrivés à la seconde période de la vie d'Holbein. Un ami des arts, tel que l'An-
gleterre en a toujours possédé et en possède encore, le comte d'Arundel, en admirant à Bâle les
œuvres du grand artiste et voyant que, malgré sa fécondité, la fortune ne lui souriait pas, l'avait
vivement pressé de s'établir à Londres. 11 ne s'était point rendu à cette invitation, mais, plus tard,
toute l'Allemagne se trouvant en conflagration, le conseil du comte d'Arundel revenait à sa mé-
moire, et Érasme le lui répétait. Le grand humaniste, précepteur d'un prince de sang royal, avait
passé en Angleterre plusieurs années, et non les années les moins heureuses de sa vie ; il y avait
professé et y avait contracté les plus honorables liaisons. Thomas Morus l'aimait, et ses doctes
et belles filles avaient reçu ses leçons. Érasme était donc un puissant protecteur, d'autant qu'il
se connaissait aux choses de l'art, et que, dans sa jeunesse, il avait, par délassement, manié le
pinceau. Un de ses portraits, sorti de la main d'Holbein, envoyé à sir Thomas Morus, avait été
accueilli par lui et sa famille avec des transports de joie. Ce n'était donc point recommandation
banale que celle d'Érasme; d'ailleurs la peste sévissait dans le pays, le peintre se décida ; il partit
en août 1526.

A. Ge ne va y.

{La suite au prochain nunicro.)

1. Voir tome II, pages 14 et 15.
 
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