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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Leroi, Paul: Salon de 1875, [13]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0333

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296 L'ART.

les rues sans que personne consente à les recueillir. — Et l'Assassiné de M. Carolus Duran, qui est
au Musée de Lille, est-il lui-même chose si nouvelle que M. Torrents dût le recommencer d'une
façon médiocrement dissimulée?

C'est une fâcheuse épidémie qui sévit parmi les jeunes gens et les pousse, même quand ils sont
aussi bien doués que M. Henri Gervex, à patauger dans les Diane et Endjmion (n° 902) et dans les Job
(n° 903). Ils ont au fond si bien conscience que le public ne prête pas le moindre intérêt à tous ces
replâtrages, qu'ils s'évertuent à dissimuler leurs rabâchages surannés sous les plus malencontreuses
excentricités, et c'est ainsi qu'on en arrive à peindre Endymion lie-de-vin et Diane verdâtre, et qu'on
ne s'aperçoit pas qu'on a fait une tête trop foi-te, une hanche et une cuisse impossibles.

M. Léon Glaize a lu la Vie de Publicola de Plutarque, et ce passage l'a particulièrement frappé :
« Après la chute des Tarquins, quelques jeunes gens des meilleures familles de Rome entrèrent- dans
une consj^iration pour ramener les rois proscrits. Pour se lier par un serment fort et terrible, les

Cassa ndre.

Fac-similé d'un dessin de Léon Comcrre, d'après son tableau.

conjurés burent le sang d'un homme qu'ils avaient immolé, et ils posèrent la main sur ses entrailles.
Ils s'étaient réunis pour cela dans la maison des Aquilius, maison solitaire, obscure. Mais ils ne s'aper-
çurent point qu'un esclave nommé Vindicius y était caché... » De cette scène farouche, M. Glaize a
fait un des meilleurs tableaux d'histoire qu'ait produits la jeune école; le sentiment en est très-drama-
tique, le dessin très-cherché, la coloration puissante quoique généralement trop brune. Très-mal
placée, cette toile remarquable, qui méritait à tous égards la faveur publique, a presque passé
inaperçue ; c'est souverainement injuste.

Si M. Sylvestre réussit à imposer silence aux violentes criailleries de sa palette, il fera, lui aussi,
un bon peintre d'histoire. J'ai été revoir sa Mort de Settèque 1 ; elle m'a toujours tout autant aveuglé,
mais je me suis concentré sur la tête du philosojme et j'y ai pris grand plaisir; c'est une fort belle
étude, bien modelée et qui rappelle le fameux bronze du Musée de Naples.

M. Luc-Olivier Merson est inquiétant; plein de nobles intentions et de recherches, il fait
à celles-ci la part trop large ; on voudrait lui trouver moins de mémoire et le voir puiser davan-
tage dans son propre fonds, se passer surtout de souvenirs de décadence dont il est prodigue
et qui déparent beaucoup par leurs boursouflures redondantes le Sacrifice à la Patrie (n° 1457),

1. Voir tome H, page 138.
 
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