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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Troubat, Jules: Document nouveau sur Sébastien Bourdon: minute de son contrat de marriage avec la sœur de Louis du Guernier, peintre miniaturist (1641)
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0417

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37» L'ART.

II existe un très-beau portrait de Louis du Guernier par Samuel Bernard1. C'est le seul que
l'on connaisse aujourd'hui de notre artiste. Les Archives de V Art français [Documents, t. II, p. 3^9)
font pourtant mention d'un autre portrait de du Guernier, peint par Sébastien Bourdon, et dont
une copie fut présentée comme morceau de réception à l'Académie de Peinture, en 1663, par un
peintre nommé Anthoine Berthellemy. Il serait important de retrouver aujourd'hui l'original ou la
copie de ce portrait. Nous ne le voyons pas signalé ailleurs, et c'est une grande lacune dans l'œuvre
de Sébastien Bourdon. Les portraits peints par cet artiste restent la plus belle partie de son œuvre
et la plus originale.

Sébastien Bourdon avait épousé la sœur de du Guernier. La minute de son contrat de mariage
vient d'être retrouvée, et c'est elle que nous allons mettre sous les yeux du lecteur.

On a parlé, à propos de ce premier mariage de Sébastien Bourdon, de la beauté de Suzanne du
Guernier (voir notamment un article de M. Arsène Houssaye dans la Presse du 7 septembre 1864).
Il est bien difficile d'apprécier aujourd'hui toutes les raisons de convenance ou d'amour qui furent la
cause de cette union. Félibien en donne une, que nous ne voyons aucun inconvénient à accepter de la
bouche d'un contemporain. « Du Guernier, qui était connu à la cour, et qui avait quantité d'amis, lui
procurait (à Bourdon) des ouvrages en différents endroits. » — Bourdon appartenait, en outre, à la
religion réformée, et c'était un lien de plus entre les deux époux.

La sœur de Louis du Guernier « dessinait fort bien », et ce n'était probablement pas Un mince
mérite non plus aux yeux de son second mari, — car nous allons voir tout à l'heure qu'elle était déjà
veuve et sans enfants. Elle en eut neuf de Bourdon, qui presque tous moururent jeunes; elle mourut
elle-même en 1658, âgée d'environ quarante ans, disent les registres protestants cités par Jal. Ainsi
l'année même de sa naissance est inconnue. Quant à Bourdon, il se remaria l'année suivante, et il eut
encore sept enfants de sa seconde femme.

Florent Le Comte parle de deux filles de Sébastien Bourdon qui peignaient fort bien la miniature.
Nous ne savons si elles étaient nées du premier ou du second lit. Nous apprenons seulement par un
document, cité par Jal, qu'Anne Bourdon, fille de Bourdon et de Suzanne du Guernier, née à Stock-
holm en 1653, pendant le séjour du peintre à la cour de la reine Christine, fut forcée de s'expatrier
en 1687, par suite de la révocation de l'Édit de Nantes.

Il ne nous reste plus qu'à publier notre document.

Nous le tenons de l'obligeance de M. Eudore Soulié, qui a eu, comme on sait, l'idée originale de
reconstruire la vie de Molière à l'aide de documents notariés2. L'acte, daté du 9 janvier 1641, que nous
allons reproduire, a été retrouvé par lui dans l'étude de M" Simon, notaire à Paris, 85, rue de Riche-
lieu; il est extrait, comme on le verra par la signature, des minutes de Me Marreau, un notaire du
xvne siècle, parmi lesquelles le savant chercheur a fait bien d'autres découvertes3.

« Furent présens en leurs personnes noble homme Sébastien Bourdon, fils de défunts Marin
Bourdon, vivant maître peintre en la ville de Montpellier, et de Jeanne Gautier, jadis sa femme *, ledit
Bourdon fils, aussi peintre à Paris, y demeurant dans les galeries du Louvre, — pour lui et en son
nom d'une part;

« Et Suzanne du Guernier, veuve de feu honorable homme Nicolas Collissons % vivant ingénieur à

dans le Parlement de cette ville : « Mais pendant les guerres de la Religion, il perdit la vie pour vouloir soutenir un mauvais parti. » C'est
l'historiographe du Roi qui parle. Le fils de ce du Guernier, Alexandre, le premier du nom qui fut peintre, voyant tous les biens de son
père au pillage, alla en Angleterre, d'où il revint quand les troubles furent un peu apaisés et il se mit à peindre de miniature. C'était le
père de celui dont Félibien, qui se montre si impitoyable pour son aïeul, a écrit le panégyrique.

1. On peut en voir une épreuve gravée au Cabinet des estampes, à la Bibliothèque nationale, dans le dossier Samuel Bernard. _ Ce

graveur, père du fameux traitant, avait été élève de Louis du Guernier pour la miniature. (Jal, Dictionnaire critique de biographie et d'histoire.)

2. Un volume, fruit de ses Recherches^ a paru à la librairie Hachette.

3. M. Champfleury a dû particulièrement à M. Eudore Soulié la communication de nouveaux Documents positif s sur les frères Le Nain,
lesquels, publiés en i86j, à la suite de son grand ouvrage, sont restés le dernier mot de l'érudition sur les peintres de Laon.

4. Les registres de l'Eglise réformée de Charenton, où l'on sait qu'était relégué le culte protestant et ou les deux époux reçurent la
bénédiction nuptiale le 13 du même mois, donnent un autre nom à la mère de Sébastien Bourdon. Elle y est appelée Jehanne Parise
(Voir le Dictionnaire de Jal, à l'article Bourdon.)

y. Dans le Dictionnaire de Jal, le premier mari de Suzanne du Guernier est appelé Nicolas Colsonnet : c'est un diminutif et une
variante du nom.

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