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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,1.1898/​1899

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No. 1 (Octobre 1898)
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Henry van de Velde
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https://doi.org/10.11588/diglit.34201#0013

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HENRY VAN DE VELDE

brillants talents perdus sans retour pour
n’avoir point saisi ce fil conducteur et n'abou-
tissant, avec leur don créateur, qu'à greffer
de nouvelles erreurs sur les anciennes! C'est
que ce sont les peintres, les sculpteurs qui,
dans tous les pays, l’ont commencé et lai
fournissent le plus gros contingent; mais ce
ne sont point eux qui lui apportent le salubre,
le solide; ce sont les architectes, les hommes
à qui cetle notion du «constructif», en si
médiocre estime chez les «artistes», est fami-
lière; cette notion plus moderne aujourd'hui
que jamais, que Van de Velde, trouva, pour
son bonheur, dans son berceau. Tant rare
il est pourtant, parmi nos architectes, que le
sens esthétique dépasse les bornes de leur étroit
domaine, qu'il faut voir dans cetle rencontre
chez Van de Velde une merveilleuse exception.
A moins que ce ne soit moins de ce cas
unique que de l’énormité du contre-sens des
autres qu'il faille s émerveiller !
Van de Velde commence 011 les Anglais
s'arrêtent. Ses premiers meubles, tels le
meuble d’angle (p. 21) ou la bibliothèque
fp. 20), aussi bien que sa première maison
— sa propre villa — ne montrent rien qu’une
construction très simple; tout ornement hors
de place dans ces formes encore peu person-
nelles est évité. Ce sont objets qu’on ne
saurait attribuer qu’à un architecte. Mais
tandis que les meilleurs architectes anglais,
tel VOYSEY, se contentent de cette manière
purement constructive, qui se suffit par d'heu-
reuses proportions, elle n’est pour Van de Velde
qu'une phase qu'il clôt aussitôt. Déjà dans le
très-simple mobilier de salle à manger (p. 16)
perce un raffinement des procédés anglais
auquel les Anglais n'avaient jamais pensé;
une pureté de lignes impressionnant à l’égal du
classique; un sens d’adaptation à la fonction
(pii satisferait des exigences américaines, mais
avec une hauteur de pensée insoupçonnée en
Amérique. Chaque jour, pourrait-on dire,
apporte son progrès. Une branche de l'art
s’euchaine à l’autre; lui, qui n’avait jamais
même assisté à un cours d'architecture, con-
struit haut la main des maisons d'une éton-
nante commodité. Il trouve des innovations
d'ordre purement constructif qui sont bien
dans leur aspect, comme toutes ses autres
œuvres, les enfants de sa forme artistique.
On peut le suivre sans fatigue à travers les
régions les plus diverses de l’art; l’amour qu’il
met à ses [flans de maisons, à ses meubles, à ses
appareils d'éclairage, il l'apporte à se rendre
maître de l'art difficile du relieur, pour lequel
il rencontre en M. CLAESSENS un habile
exécutant. Après des commencements simples,

il produit les plus magnifiques reliures que
le monde moderne, y compris l'Angleterre,
possède. Simultanément, il consacre avec sa
femme une partie de son activité à l'art de la
broderie et du costume, dessine des tapis, des
tissus, crée tout une kyrielle de bijoux, fournit
à BIGOT d'excellents dessins de carreaux etc.
Tout y passe; il ne s'arrête que lorsque tout
est prêt pour encadrer notre vie, tout, jus-
qu'aux couverts sur la table.
Et tout celà se succède, s'enchaîne si na-
turellement, que ses familiers ne peuvent même
être surpris du pouvoir créateur extraordinaire
qui préside à cet œuvre.
Il avait une marche très-simple dans les
études auxquelles il lui fallait se livrer. En
abordant chaque métier, il se rendait compte
avant tout de ses moyens et de ses convenances
propres, de ce que métier veut et peut, si l'on
peut ainsi s’exprimer, puis créait ses modèles
en conséquence. Mais avec les modèles et
dessins, tout n'était pas fini. Il ne se conten-
tait point de remettre ses commandes à l'ate-
tier; il prenait lui-même l’outil en main. Il
devint de la sorte artisan si expert, qu'il
força les contremaîtres les plus récalcitrants
à le suivre dans ses sentiers nouveaux, jusqu'à
ce qu’à la fin il se vit chef lui-même en ses
propres ateliers.
Les innovations font vite tache d’huile dans
l'art d’aujourd’ hui. Depuis quelques années,
d'innombrables imitateurs ont puisé aux sources
que Van de Velde a fait jaillir. Tandis que
lui, modeste, restait à l’arrière plan, retiré
dans son cottage près de Bruxelles, se répan-
dait ce qu'on a nommé «le style belge».
Bruxelles devint le siège d’une véritable
fabrication de meubles et de bibelots plus
ou moins réussis, dans lesquels se retrouvent
certains procédés, certains tours de main du
maître. Des artistes français non sans talent
ne dédaignèrent pas de s'engager à leur tour
dans cette voie; pais ce fut le tour des
Allemands et de Vienne. La vogue s’en
mêlait.
Malheureusement pour ces artistes bien
intentionnés, il ne suffit point de tracer
quelques courbes, de modeler quelques formes
à la manière de Van de Velde pour faire du
Van de Velde. Ce qui manque à ces pro-
ductions du «style belge», c’est l'esprit même
de œuvre; c’est ce sens constructif si étroitement
uni à l'imagination créatrice (pie charpente
et fantaisie de la forme ne font qu'un, que
la démarcation entre l’indispensable et l’em-
bellissement n'existe point; c’est ce tact ad-
mirable de l’opportunité, de la place et de la
quantité du décor, qui donne à l’œuvre la

b
 
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