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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,1.1898/​1899

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No. 2 (Novembre 1898)
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L' atelier de Glatigny
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https://doi.org/10.11588/diglit.34201#0069

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L’ART DÉCORATIF

flammé sans décor; à part la forme — qui se
borne à peu près aujourd’hui au choix judi-
cieux entre des formules connues — le céramiste
n’y fait qu’appliquer une technique qu’une légende
tenace représente comme mystérieuse, compli-
quée, pleine de déceptions, de découragements,
de désespoirs, mais au fond, bien connue aujour-
d’hui, et dont le premier venu peut se rendre
maître s’il veut s’y appliquer. Il n’y a là
qu’un métier, rien de plus. C’est la nature,
non l’homme qui y tient le pinceau; et quant
au prix des couleurs et de la toile, s’il est plus
élevé que dans les beaux grès populaires du
Berri, du Nivernais et de Bretagne, qui coûtent
quelques sous et sont déjà, dans leur rusticité,
de très-décoratifs bibelots, il est loin d’être tel
que le flammé, industrialisé, ne puisse s’adresser
qu’aux bourses bien garnies.
Alors, comment se fait-il qu’il reste inacces-
sible au grand nombre jusqu’ici?
Question complexe. D’abord — il doit nous
être permis de le dire, puisque c’est avant tout
l’intérêt supérieur de l’art et du public que nous
servons ici—les céramistes en renom restreignent
de parti pris leur production, soit en vue de
maintenir le prix de leurs produits, soit qu’ils
pensent qu’ils doivent à leur réputation de ne
laisser sortir de leurs mains que des spécimens
d’exceptionnelle beauté. Secondés par la mal-
faisante manie de la pièce unique chez l’amateur,
que c’est leur intérêt de satisfaire (et combien
c’est facile, en céramique!) ils évitent la répé-
tition industrielle des modèles, qui seule per-
mettrait de les faire au plus bas prix possible.
D’autre part, la légende dont nous parlions
tout-à-l’heure, l’artisan s’arrachant les cheveux
de désespoir devant le four perfide, Palissy
brûlant sa dernière chaise, continue d’être article
de foi pour le public, de la crédulité duquel
le fabricant bénéficie.
Quelles que soient les raisons, le fait est là:
le prix du flammé sans décor est resté, jusqu’ici,
absolument conventionnel et sans rapport avec
le prix de revient.
Cet état de choses ne pouvait s’éterniser.
Depuis un an, un nouveau céramiste a surgi.
Son nom? ne le demandez pas. Il reste anonyme.
Il entend qu’on ne puisse lui reprocher l’injus-
tice — inévitable peut-être dans l’organisation
de l’industrie telle qu’elle est, pourtant toujours
criante — du chef seul nommé, seul connu,
seul glorieux, à coté des collaborateurs, souvent
des vrais auteurs laissés dans l’ombre. Il s’appelle
«Atelier de Glatigny». Ce détail montre déjà
que c’est d’un esprit primesautier, rebelle à
se traîner dans l’ornière des conventions qu’il
s’agit.
L’ «Atelier de Glatigny» — respectons sa

volonté en le désignant ainsi — est un capi-
taliste doublé d’un savant et d’un artiste. En-
touré d’hommes de valeur, il pense que c’est
un progrès de livrer à qui veut de belles choses
à leur prix, et que pour être dans vingt, dans
cent, dans mille mains, une belle chose n’en
reste pas moins une belle chose. Nous le
pensons comme lui, et souhaitons la bien venue
à l’homme qui ose fonder une entreprise sur
une vérité si simple —- et si méconnue, hélas ! —
avec la triple force de l’argent, de la science
et d’un goût sûr.
L’«Atelier de Glatigny» fait des flammés
simples. Il n’a pas encore abordé le décor, ou
n’a fait qu’y toucher. Parlons donc flammés
simples.
L’«Atelier de Glatigny» a ses émaux à lui,
bien à lui seul. Les couleurs de ses flammés,
la plupart en demi-tons ou de tons clairs discrets,
sont le plus souvent finement pailletées de
cristallisations plus foncées, qui sont une des
notes propres à ces objets. L’éclat est discret,
comme la couleur; pas le terne morose, mais
le «mezza voce» d’une conversation de bon
ton; très varié d’ailleurs suivant les pièces.
En somme, des choses d’un aspect doux sans
fadeur, gai sans vulgarité, on ne peut mieux
à leur place dans un intérieur confortable et
souriant, sans faux luxe ni faux art. Qu’elles ne
pâlissent pas à côté de la somptuosité des oeuvres
des deux ou trois maîtres qui ne s’attachent à
faire que la pièce rare, nous ne l’affirmerions
pas; mais ce ne sont pas moins de beaux objets,
dont le goût le plus délicat peut fort bien se
suffire.
Ces pièces sont d’une matière plus fine et
plus coûteuse que le grès, habituellement pris
pour base des émaux flammés jusqu’ici. Elles
sont en porcelaine. Elles appartiennent à la
catégorie de celles que les connaisseurs tournent
et retournent longuement, en terminant l’examen
par la sentence «belle matière!» qui se payait
encore hier au poids de l’or.
Pourquoi cette préférence accordée à la porce-
laine sur le grès à Glatigny? Voici. La porce-
laine supporte, on le sait, des températures
plus élevées que le grès sans trop manifester de
tendances à la fusion, par suite de la pureté
de sa pâte d’où sont exclues les matières
étrangères qui provoquent ces tendances. Le
résultat est qu’on peut appliquer sur la première
certaines couvertes très-réfractaires qui, en cou-
lant, deviendront les émaux, sans risquer de
fondre en même temps la pâte, tandis qu’on
ne le pourrait sur le grès: avec celui-ci, cou-
verte et pâte ne feraient plus qu’une bouillie.
Or, il se trouve que les couvertes qui donnent
les émaux les plus rares sont souvent celles qui

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