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Instytut Historii Sztuki <Posen> [Hrsg.]
Artium Quaestiones — 10.2000

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Rozprawy
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Skibiński, Szczęsny: L' église des dominicains de Colmar comme l'image de l'homme et de la société
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https://doi.org/10.11588/diglit.28185#0019
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L’ÉGLISE DES DOMINICAINS DE COLMAR COMME L’IMAGE DE L’HOMME ET DE LA SOCIÉTÉ

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conçue au sens architectonique se retrouvent dans ecclesia anthropologique.
Si saint Paul dit en recourant aux métaphores corporelles pour présenter
les structures de l’église: «comme nous avons plusieurs membres en un seul
corps et que ces membres n’ont pas tous la même fonction” (Rm. 12,4), ou:
«à plusieurs, nous sommes un seul corps en Christ, étant tous membres les
uns des autres», Durandus de Mende constate au XIIIe siècle que l’église
matérielle, voire architectonique, imite dans la disposition de ses parties le
corps humain18. Au XIVe siècle, le moine d’Avignon, Opicinus de Canistris
inscrit à son tour de un schéma géométrique l’église19 dans la silhouette
d’une femme personifiant Ecclesia.

Les métaphores corporelles renvoyant à l’organisation de la société
ont été fort développés dans l’oeuvre de Jean de Salisbury Policraticus.
L’état y est comparé au corps, le prince à la tête, le sénat au coeur, les
juges et les gouverneurs des provinces aux yeux, aux oreilles et à la lan-
gue. Les officiers et les soldats peuvent être comparés aux mains. A la
hiérarchisation des parties de la société correspond un corps hiérarchi-
quement organisé et gouverné par la tête, siège de l’âme20.

Dans les métaphores ecclésiologiques l’Eglise est vue comme le corps
du Christ et le Christ est vu comme la tête de l’Eglise. Dans cette inter-
prétation anthropologique de Yecclesia persiste la réunion de l’aspect ma-
tériel, corporel et spirituel. Dans ce sens la relation entre l’Eglise et le
Christ correspond au rapport entre le corps et l’âme, et selon les méta-
phores corporelles entre le corps et la tête où la tête est le siège de l’âme.

Comme nous l’avons mentionné avant: le corps (le matériel) et l’esprit
sont contenus dans l’opposition féminin/masculin, ce qui est dit dans les
paroles de saint Paul: «Car le mari est le chef21 de la femme, tout comme
le Christ est le chef de l’Eglise, lui le Sauveur de son corps» et «c’est ainsi
que le mari doit aimer sa femme, comme son propre corps. Celui qui aime
sa femme, s’aime lui-même». Si le rapport entre le Christ et l’Eglise cor-
respond aux liens conjugaux, le Christ prend dans cette relation la place
d’un homme et l’Eglise celle d’une femme. Cette alégorie nous conduit di-
rectement au Cantique des cantiques et aux significations que lui don-
nent l’Ancien et le Nouveau Testament.

La relation entre le Christ et l’Eglise était riche en commentaires et
en interprétations donnés au Cantique des Cantiques. L’Epoux est identi-
fié avec le Christ et l’Epouse avec l’Eglise. Les interprétations allégori-

18 J. Sauer, Symbolik des Kirchengebaudes und seiner Ausstattung in der Auffassung
des Mittelalters, Freiburg i. B. 1924, pp. 110-112; J. Rykwert, The Dancing Column, p. 39.

19 O. von Simson, The Gothic Cathédral, New York 1956, pp. 21-22.

20 J. Le Goff, Head or Heart? The Political Use ofBody Metaphors in the Middle Ages,
in: Fragments for a History of the Human Body, Part Three, ed. Michel Feher, New York
1989, pp. 13-26.

21 Le sens premier est: tête.
 
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