2'36 INTRODUCTION AU VOYAGE
sauvé une partie de l’armée. Tout le reste, à l’ex-
ception d’environ trois mille hommes, périt dans
le retranchement ou dans la bataille.
Les nations qui se distinguèrent dans cette
journée, furent d’un côté les Perses et les Saces,
de l’autre les Lacédémoniens, les Athéniens, et
ceux de Tégée. Les vainqueurs donnèrent des
éloges à la valeur de Mardonius, à celle de l’Athé-
nien Sophanès, à celle de quatre Spartiates, à la
tête desquels on doit placer Aristodème, qui vou-
lut en cette occasion effacer la honte de n’avoir
pas péri au pas des Thermopyles. Les Lacédémo-
niens ne rendirent aucun honneur à sa cendre :
ils disaient que, résolu de mourir plutôt que de
vaincre, il avait abandonné son rang pendant le
combat, et montré un courage de désespoir, et
non de vertu \
Cependant les Lacédémoniens et les Athéniens
aspiraient également au prix de la valeur : les pre-
miers , parce qu’ils avaient battu les meilleures
troupes de Mardonius ; les seconds, parce qu’ils
les avaient forcées dans leurs retranchemens. Les
uns et les autres soutenaient leurs prétentions
avec une hauteur qui ne leur permettait plus d’y
renoncer : les esprits s’aigrissaient; lesdeuxcamps
retentissaient de menaces; et l’on en serait venu
aux mains, sans la prudence d’Aristide, qui fit
1 Herodot. lib. g , cap. 71.
sauvé une partie de l’armée. Tout le reste, à l’ex-
ception d’environ trois mille hommes, périt dans
le retranchement ou dans la bataille.
Les nations qui se distinguèrent dans cette
journée, furent d’un côté les Perses et les Saces,
de l’autre les Lacédémoniens, les Athéniens, et
ceux de Tégée. Les vainqueurs donnèrent des
éloges à la valeur de Mardonius, à celle de l’Athé-
nien Sophanès, à celle de quatre Spartiates, à la
tête desquels on doit placer Aristodème, qui vou-
lut en cette occasion effacer la honte de n’avoir
pas péri au pas des Thermopyles. Les Lacédémo-
niens ne rendirent aucun honneur à sa cendre :
ils disaient que, résolu de mourir plutôt que de
vaincre, il avait abandonné son rang pendant le
combat, et montré un courage de désespoir, et
non de vertu \
Cependant les Lacédémoniens et les Athéniens
aspiraient également au prix de la valeur : les pre-
miers , parce qu’ils avaient battu les meilleures
troupes de Mardonius ; les seconds, parce qu’ils
les avaient forcées dans leurs retranchemens. Les
uns et les autres soutenaient leurs prétentions
avec une hauteur qui ne leur permettait plus d’y
renoncer : les esprits s’aigrissaient; lesdeuxcamps
retentissaient de menaces; et l’on en serait venu
aux mains, sans la prudence d’Aristide, qui fit
1 Herodot. lib. g , cap. 71.