2 54 INTRODUCTION AU VOYAGE
côté, jurèrent de respecter les états d’Artaxerxès \
Telles furent les lois qu’une ville de la Grèce
imposait au plus grand empire du monde. Trente
ans auparavant, la résolution qu’elle prit de ré-
sister à cette puissance fut regardée comme un
coup de désespoir, et le succès comme un pro-
dige. Cimon ne jouit pas long-temps de sa gloire:
il finit ses jours en Chypre. Sa mort fut le terme
des prospérités des Athéniens : elle le serait de
cette partie de leur histoire, si je n’avais à re-
cueillir quelques traits qui servent à caractériser
le siècle où il a vécu.
Lorsque les Perses parurent dans la Grèce,
deux sortes de craintes engagèrent les Athéniens
à leur opposer une vigoureuse résistance : la
crainte de l’esclavage, qui, dans une nation libre,
a toujours produit plus de vertus que les prin-
cipes de l’institution ; et la crainte de l’opinion
publique, qui, chez toutes les nations, supplée
souvent aux vertus. La première agissait d’autant
plus sur les Athéniens, qu’ils commençaient à
jouir de cette liberté qui leur avait coûté deux
siècles de dissensions : ils devaient la seconde à
leur éducation et à une longue habitude. Il ré-
gnait alors dans les âmes cette pudeur 2 qui rou-
git de la licence ainsi que de la lâcheté ; qui fait
’ Diod. lib. 12, p. 74- — 2 Plat- de leg. lib. 3 , p. 6gg.
côté, jurèrent de respecter les états d’Artaxerxès \
Telles furent les lois qu’une ville de la Grèce
imposait au plus grand empire du monde. Trente
ans auparavant, la résolution qu’elle prit de ré-
sister à cette puissance fut regardée comme un
coup de désespoir, et le succès comme un pro-
dige. Cimon ne jouit pas long-temps de sa gloire:
il finit ses jours en Chypre. Sa mort fut le terme
des prospérités des Athéniens : elle le serait de
cette partie de leur histoire, si je n’avais à re-
cueillir quelques traits qui servent à caractériser
le siècle où il a vécu.
Lorsque les Perses parurent dans la Grèce,
deux sortes de craintes engagèrent les Athéniens
à leur opposer une vigoureuse résistance : la
crainte de l’esclavage, qui, dans une nation libre,
a toujours produit plus de vertus que les prin-
cipes de l’institution ; et la crainte de l’opinion
publique, qui, chez toutes les nations, supplée
souvent aux vertus. La première agissait d’autant
plus sur les Athéniens, qu’ils commençaient à
jouir de cette liberté qui leur avait coûté deux
siècles de dissensions : ils devaient la seconde à
leur éducation et à une longue habitude. Il ré-
gnait alors dans les âmes cette pudeur 2 qui rou-
git de la licence ainsi que de la lâcheté ; qui fait
’ Diod. lib. 12, p. 74- — 2 Plat- de leg. lib. 3 , p. 6gg.