DE LA GRÈCE, PART. II, SECT. III. 3oi
occasions, le pouvoir de la raison ou de la vertu,
que le disciple pleurait sur ses erreurs, et se
laissait humilier sans se plaindre h
Quand il entra dans la carrière des honneurs,
il voulut devoir ses succès moins à l’éclat de sa
magnificence et de ses libéralités qu’aux attraits
de son éloquence 2 : il parut à la tribune. Un lé-
ger défaut de prononciation prêtait à ses paroles
les grâces naïves de l’enfance 3 ; et quoiqu’il hési-
tât quelquefois pour trouver le mot propre, il
fut regardé comme un des plus grands orateurs
d’Athènes h Il avait déjà donné des preuves de sa
valeur ; et, d’après ses premières campagnes, on
augura qu’il serait un jour le plus habile général
de la Grèce. Je ne parlerai point de sa douceur,
de son affabilité, ni de tant d’autres qualités qui
concoururent à le rendre le plus aimable des
hommes.
Il ne fallait pas chercher dans son cœur l’élé-
vation que produit la vertu; mais on y trouvait
la hardiesse 5 que donne l’instinct de la supério-
rité. Aucun obstacle, aucun malheur ne pouvait
ni le surprendre ni le décourager. Il semblait per-
suadé que, lorsque les âmes d’un certain ordre
’ Plut, in Alcib. t. i , p. ig3 et 194. ■— 2 Ici. ibid. p. ig5. —
3 Id. ibid. p. 192. Aristoph. in vesp. v. 44- — 4 Demosth. in Mid.
p. 626. Plut, in Alcib. p. 196. Diod. lib. 12, p. 13o. —5 Id. lib. 13,
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occasions, le pouvoir de la raison ou de la vertu,
que le disciple pleurait sur ses erreurs, et se
laissait humilier sans se plaindre h
Quand il entra dans la carrière des honneurs,
il voulut devoir ses succès moins à l’éclat de sa
magnificence et de ses libéralités qu’aux attraits
de son éloquence 2 : il parut à la tribune. Un lé-
ger défaut de prononciation prêtait à ses paroles
les grâces naïves de l’enfance 3 ; et quoiqu’il hési-
tât quelquefois pour trouver le mot propre, il
fut regardé comme un des plus grands orateurs
d’Athènes h Il avait déjà donné des preuves de sa
valeur ; et, d’après ses premières campagnes, on
augura qu’il serait un jour le plus habile général
de la Grèce. Je ne parlerai point de sa douceur,
de son affabilité, ni de tant d’autres qualités qui
concoururent à le rendre le plus aimable des
hommes.
Il ne fallait pas chercher dans son cœur l’élé-
vation que produit la vertu; mais on y trouvait
la hardiesse 5 que donne l’instinct de la supério-
rité. Aucun obstacle, aucun malheur ne pouvait
ni le surprendre ni le décourager. Il semblait per-
suadé que, lorsque les âmes d’un certain ordre
’ Plut, in Alcib. t. i , p. ig3 et 194. ■— 2 Ici. ibid. p. ig5. —
3 Id. ibid. p. 192. Aristoph. in vesp. v. 44- — 4 Demosth. in Mid.
p. 626. Plut, in Alcib. p. 196. Diod. lib. 12, p. 13o. —5 Id. lib. 13,
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