IÔ2
LES MAITRES DE L’ART
l’avare est retrouvé dans son coffre. Un jeune
homme avait donné un coup de pied à sa mère;
pour se punir lui-même, il se coupe le pied : le
saint le recolle. Une femme est accusée d’adultère
devant le peuple de Ferrare; le saint donne la pa-
role à l’enfant nouveau-né de cette femme, qui se
tourne vers le mari, en disant : « Voici mon père. »
Les animaux mêmes jouent leur rôle, dans les pro-
diges de saint Antoine, comme les poissons et les
oiseaux de saint François, et le loup de Gubbio.
Pour confondre un incrédule, qui doutait de la pré-
sence réelle, saint Antoine présente une hostie à
une mule, devant laquelle il a fait placer une por-
tion d’avoine : la bête, sans regarder la pitance, se
met à genoux devant l’hostie.
Pour transformer les miracles du Santo en
œuvres d’art, Donatello rencontrait la difficulté
que le miracle, par définition, oppose à l’art. Le
miracle n’est pas une vision d’un monde divin :
c’est une intervention divine dans un fait humain.
Comment rendre palpable en sculpture ce divin,
qui est invisible? Donatello a résolu le problème,
en s’attachant moins au miracle et au thaumaturge
lui-même, qu’à la réaction provoquée par le fait,
invisible pour nous, dans la foule qui tout à coup
le voit. Pour faire place à cette foule, le sculpteur a
donné aux miracles de saint Antoine le champ
panoramique qu’il avait donné à son premier bas-
relief de marbre, le Combat de saint Georges.
LES MAITRES DE L’ART
l’avare est retrouvé dans son coffre. Un jeune
homme avait donné un coup de pied à sa mère;
pour se punir lui-même, il se coupe le pied : le
saint le recolle. Une femme est accusée d’adultère
devant le peuple de Ferrare; le saint donne la pa-
role à l’enfant nouveau-né de cette femme, qui se
tourne vers le mari, en disant : « Voici mon père. »
Les animaux mêmes jouent leur rôle, dans les pro-
diges de saint Antoine, comme les poissons et les
oiseaux de saint François, et le loup de Gubbio.
Pour confondre un incrédule, qui doutait de la pré-
sence réelle, saint Antoine présente une hostie à
une mule, devant laquelle il a fait placer une por-
tion d’avoine : la bête, sans regarder la pitance, se
met à genoux devant l’hostie.
Pour transformer les miracles du Santo en
œuvres d’art, Donatello rencontrait la difficulté
que le miracle, par définition, oppose à l’art. Le
miracle n’est pas une vision d’un monde divin :
c’est une intervention divine dans un fait humain.
Comment rendre palpable en sculpture ce divin,
qui est invisible? Donatello a résolu le problème,
en s’attachant moins au miracle et au thaumaturge
lui-même, qu’à la réaction provoquée par le fait,
invisible pour nous, dans la foule qui tout à coup
le voit. Pour faire place à cette foule, le sculpteur a
donné aux miracles de saint Antoine le champ
panoramique qu’il avait donné à son premier bas-
relief de marbre, le Combat de saint Georges.