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Instytut Sztuki (Warschau) [Hrsg.]; Państwowy Instytut Sztuki (bis 1959) [Hrsg.]; Stowarzyszenie Historyków Sztuki [Hrsg.]
Biuletyn Historii Sztuki — 49.1987

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KRYSTYNA SECOMSKA

II" Walicki a signale les motifs inspirós par les retables de
Cracovie du debut du XVIe siecle; neanmoins le triptyque
a etó execute en Grande Pologne dont temoignent ses relations
avec le style des oeuvres de cette region (Dolsk, Wróblewo).
La composition de la schne centrale est basee sur une structure
analogue a celle de 1'Assomption de Warta „I". Et en plus,
dans les deux tableaux le meme motif se repete: le Christ,
en enlevant Marie au ciel empoigne le bord de son manteau.
On aperęoit le meme geste dans la scene principale du retable
de Notre-Dame de Cracovie ; pourtant dans les deux Assomp-
tions de Warta il joue le role pródominant. Le sens symbo-
lique de ce rare motif est le sujet du present article. — Nous
y rappelons 1'histoire de la dispute concernant 1'immortalite
de la Vierge. Les plus importants theologiens de 1'Est chretien
acceptórent relativement tót des apocryphes qui parlaient
de la rósurrection de Marie (cf.nn. 29—31). Ils presenterent
des arguments justifiant la these sur „Assumptio animae
et corporis", notamment les vertus exceptionnelles de Marie,
sa maternite virginale, et enfin (par conjecture) l'exemption
du peche original (immaculata conceptio). C'est encore au
VIIIe siacie que St Jean do Damas et St Andró de la Cróte
formulbrent une parallble entre la resurrection du Christ et la
delivrance de Marie du pouvoir de la mort. Theodose d'Ale-
xandrie et Pseudo-Evodius, 6crivains coptes, se sont róferes
aux temoignages de 1'Ancien Testament ; la phrase du Psaume
de David (44, 15) — Astitit regina a deztris meis in vestitu
deaurato — devait etre une annonce du triomphe posthume
de la Mero du Sauveur. Ainsi dans un sermon de Pseudo-
-Evodius, le jour de la Dormition le Christ apporte a la
maison de Marie une robe celeste, pour que la prophetie
de David soit accomplie. And the queen of all women, Mary
the mother of our Lord ... arose and went into the midst of the
garments, which the Saviour spread with his hands (le texte
en dialecte bohairic du VIe siecle, traduit par F. Robinson;
cf.n. 33), Dans le premier millenaire de la chretientó des
exegetes de 1'Ecriture Sainte etablirent une parite entre
Marie et 1'Epouse du Cantiques des Cantiques, et la regina
in vestitu deaurato du Psaume 44, souveraine choisie par le Rej,
La robe doree circumdata varietate symbolise la perfection
de Marie (solon Theodose d'Alexandrie, la Mere du Christ
doit se prósenter devant Dieu paree de la virginitć... de la chas-
tete... de la mansuetude). On y observe une ressemblance
A 1'allógorie poetique dTsaie (61, 10): Gaudens gaudebo in
Domino... quia induit me uestimentis salutis: et indumento ius-
titiae circumdedit me... quasi sponsam ornatam monilibus suis (le
verset qui dans les epoques posterieures fut appliqu6 A l'As-
somption p.ex.par St Bonaventure, cf. n. 55). Cependant
la ceremonie d'habiller Marie en robe de 1'Epouse, vetement
du salut signifie surtout qu'elle fut gratifiee de 1'immortalite
(dans le texte de Pseudo-Evodius: arrayed with immortality;
cf.n. 49). La meme metaphore est employee par St Modeste
et Pseudo-Athanase dans leurs meditations sur la Dormition
oh ils citent la description des noces royales du Psaume 44
(cf.nn. 50—51). — Le recits de 1'Assomption commenęaient
a penetrer en Europo de 1'Ouest au VIe siecle, mais 4 cause
de la condamnation des apocryphes par Pseudo-Jerome

(Paschase Radbert ?) pendant quelques siecles une polemiquo
se deroulait encore au sujet de 1'immortalite corporelle de
Marie. Au XIIe siecle Abelard prechait la gloire de la Vierge:
Astitit regina... in vestitu deaurato, hoc est in corpore semper
immaculato, etiam immortali et incorruptibili facto. Nous
avons rassembló ici les opinions analogues des ecrivains du
XIIIe jusqu'au XVe siecle, de la periode oh la thhse ,,d'une
double immortalitó" est devenue une verite incontestable
(cf.nn. 55—58). L'idee de Marie — reine revetue de 1'immorta-
lite ótait donc connue en Europe de 1'Ouest au moins A partir
du XIIe siecle (avant cette date la phrase Astitit regina... est
deja entree dans la liturgie de 1'Assomption et elle a in-
fluence 1'iconographie du Couronnement: cf.n. 46). Cependant,
semble-t-il, co n'est que vers la fin du XVe siecle qu'a Cracovie
on lui a donnę une forme plastique tres nette, on montrant
la Vierge qui praeclara rutilat, duplicibus uestita (cf.n. 53). -—
Dans 1'Assomption de Warta „I" on a en plus souligne ,,1'iden-
titó" de la mere et du fils. Le Christ incline le drapeau de la
Resurrection du cóte de Marie en partageant ainsi avec elle
le privil5ge de 1'immortalite. Les inscriptions sur les bande-
roles glorifient 1'Epouse Mystique choisie par Dieu depuis des
siecles (cf.n. 59).
Dans la presente etude il n'est pas possible de proceder
a une analyse detaillóe des problemes chronologiques con-
cernant YAssomption de Warta ,,I". Le tableau a etó pro-
bablement exócute peu avant 1490, donc dans la meme
periode oh Veit Stoss ótait en train de sculpter le retable de
Notre-Dame (1477—1489); il serait difficile d'attribuer
au peintre des bernardins le merite d'etre le „precurseur de
Stoss". Pourtant le motif symbolique, presente ci-dessus,
c'est-a-dire le geste du Christ revetant Marie de la robe du
salut, a ete montre sur notre tableau d'une maniere plus
claire et plus consequente que dans le retable de 1'eglise
Notre-Dame de Cracovie. 11 est possible que les deux maitres
aient ete inspirós du meme prototype qui n'est pas conserve
jusqu'a nos jours. 11 faut souligner que cette tradition icono
graphique s'est implantee dans le milieu des bernardins po-
lonais (en tout cas en Grande Pologne) dont „Warta II" est le
temoignage. (Ce motif apparait, bien que sporadiquement,
dans quelques images d'autres regions de la Pologne. On n'y
voit pourtant que de petites figures au second plan, et le geste
du Christ est a peine esquissó; cf.n. 63). — L'6tat actuel des
recherches ne nous permet pas de próciser la source littćraire
de cette formule. L'auteur de la version ,,cracovienne" de
1'Assomption (independamment de cela si c'etait Stoss,
1'auteur de „Warta I" ou le peintre d'une autre oeuvre
disparue) put s'inspirer de l'un des sermons de franciscains
ou de bernardins. Le sujet de Marie in restitu deaurato fut
peut-etre connu en Pologne dejh au XIVe siecle. (cf.n. 70).
Au dóbut du XVIe siecle nous le trouvons dans la description
du Couronnement faite par Opeć dans sa Vie de Jesus Christ,
mentionnóe ci-dessus. — 11 faut prendre en considóration
une autre hypothóse, h savoir 1'adaptation des elóments d'un
spectacle scenique (p.ex. Ludus de assumptione dTnnsbruck
dont le texte montre certaines ressemblances avec la narration
de Theodose d'Alexandrie; cf. n. 68).

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