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Instytut Sztuki (Warschau) [Hrsg.]; Państwowy Instytut Sztuki (bis 1959) [Hrsg.]; Stowarzyszenie Historyków Sztuki [Hrsg.]
Biuletyn Historii Sztuki — 79.2017

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Heck, Christian: L’Idolâtrie de Salomon dans l’art de la fin du Moyen Age: du thème biblique à la scène de genre
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https://doi.org/10.11588/diglit.71009#0429

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L'Idolatrie de Salomon dans l'art de la fin du Moyen Age

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Aristote et Phyllis12 ; et ces memes quatre derniers themes se retrouvent vers 1534 dans
une gravure sur bois de Peter Flótner13. Sans vouloir etre exhaustif, on peut aussi citer la
peinture murale bernoise de 1518 de Nicolas Manuel Deutsch, detruite mais connue par
des copies14 ; la tapisserie zurichoise de 1522 ou Virgile dans la corbeille, au centre, est
entoure par 1'Idolatrie de Salomon, Samson et Dalila, David et Bethsabee, Judith et Holo-
pherne15 ; ou, vers 1537, une peinture de Cranach le Jeune16.
Je voudrais montrer que, contrairement a ce qui a souvent ete affirme, cette representa-
tion est pourtant presente au moins depuis le XIIIe siecle, mais aussi qu'elle possede la
particularite passionnante de glisser peu a peu d'une image biblique vers une scene pro-
fane, qui s'inscrit dans le theme du Pouvoir des femmes. Vers 1215-1230, un medaillon
presente 1'Idolatrie de Salomon dans le cycle qui lui est consacre dans deux manuscrits de
la Bible moralisee, et je reproduis la version de Vienne (Fig. 1) ; peu apres, mais avant
1248, le theme se retrouve au sommet d'un vitrail de la Sainte-Chapelle (Fig. 2)17. Pour le
XIVe siecle, et en n'evoquant que pour memoire les peintures murales disparues de la
maison Zur Kunkel (« A la quenouille »), a Constance, vers 1315, et d'interpretation deli-
cate18 , signalons 1'importance, dans 1'exceptionnel Psautier de la reine Marie, vers 1310-
1320, d'un beau dessin rehausse de couleurs (Fig. 3)19. Il s'inscrit dans un long cycle
iconographique narratif vetero-testamentaire qui va de la Creation, a la mort de Salomon.
Le dessin occupe la moitie superieure de la page ; Salomon est agenouille en tete d'un
groupe de femmes dont les trois premieres sont couronnees20 ; des arcades separent le
sanctuaire, ou deux figures diaboliques tronent sur un autel, de 1'espace pour les fideles, et
12 Hans Burgkmair. Das graphische Werk, cat. d'exposition, Augsbourg, 1973, n° 112, 114, 117, 118 et ill. 85-88.
13 From a Mighty Fortress, op. cit., n° 164 et ill. p. 296-297.
14 Niklaus Manuel Deutsch. Maler, Dichter, Staatsman, cat. d'exposition, Berne, 1979, ill. 73 et p. 293-297.
15 Jenny SCHNEIDER, « Die Weiberlisten », Zeitschriftfiir Schweizerische Archdologie and Kunstgeschichte, 20, 1960,
p. 148 et fig. 3.
16 Bernhard MAAZ, Cranach in der Gemdldegalerie Alte Meister Dresden, Berlin-Munich, 2010, p. 68-69. Ce panneau
pourrait lui aussi faire partie d'une serie sur le Weibermacht, car Dresde conserve, de 1'artiste, de la meme periode, et de
memes dimensions : Samson et Dalila, David et Bethsabee, et Trois couples (les femmes etant des prostituees) ; ibidem,
p. 80, 82, 84.
17 Dans la Bible moralisee de Vienne, ms 2554, folio 50v ; Bible Moralisee. Codex Vindobonensis 2554, Vienna,
Ósterreichische Nationalbibliothek, ed. Gerald B. GUEST, Londres, 1995, p. 131. Dans la Bible moralisee d'Oxford,
Bodleian Lib., ms Bodl. 270b, un peu plus recente que la precedente, au folio 164 ; Alexandre de LABORDE, La Bible
moralisee illustree conservee a Oxford, Paris et Londres, t. 1, Paris, 1911, pl. 164 ; les deux enluminures ne sont pas
identiques. Pour le vitrail, voir Marcel AUBERT, Louis GRÓDECKI, Jean LAFOND, Jean VERRIER, Les vitraux de
Notre-Dame et de la Sainte-Chapelle de Paris, Paris, 1959 (CVMA, France, I), p. 293 et pl. 77. Sur les vitraux de la
Sainte-Chapelle, un bilan recent se trouve dans Saint Louis, cat. d'exposition, ed. par Pierre-Yves Le POGAM, Paris,
2014, en particulier p. 111-129.
18 Les releves executes vers 1860 semblent attester de la presence de 1'Idolatrie de Salomon, les medaillons voisins etant
consacres entre autres a Aristote et Phyllis, et Samson et Dalila ; Ludwig ETTMULLER, « Die Freskobilder zu Konstanz
aus dem Anfange des XIV. Jahrhunderts », Mitteilungen der antiquarischen Gesellschaft in Zurich, 15, 1866, p. 224-
242 ; Susan L. SMITH, The Power of Women. A Topos in Medieval Art and Literature, Philadelphia, 1995, p. 138-140
et fig. 15.
19 Sur le manuscrit, voir Lucy Freeman SANDLER, Gothic Manuscripts, 1285-1385 (A Survey of Manuscripts
illuminated in the British Isles, 5), Londres, 1986, n° 56 p. 64-66 ; Anne Rudloff STANTON, The Queen Mary Psalter.
A Study of Affect and Audience, Philadelphia, 2001 (Transactions of the American Philosophical Society, v. 91, Pt. 6),
fig. 42 p. 122 et p. 184-185 ; Royal manuscripts. The genius of illumination, cat. d'exposition, par Scot
MCKENDRICK, John LOWDEN et Kathreen DOYLE, Londres, British Library, 2011, n° 85 p. 272-275. Le nom du
manuscrit est lie a son appartenance au XVIe siecle a la reine Mary Tudor. Sa provenance est anglaise, mais 1'origine
precise reste en debat.
20 Elles doivent evoquer les « epouses de rang princier » du texte biblique.
 
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