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ARCHITECTURE FRANÇOISE, Liv. VI.

château du que non-feulement celle du milieu, en ceintre furbaiffé, eft contraire à la févérité des
réglés de l’Art, mais que fon archivolte pénétré le gorgerin de la corniche qui fert de
bafe au fronton5 cette difparité d’ouvertures eft produite par la différente largeur des
entre-colonnemens, dont les croifées du premier étage fe font reffenties; mais comme
ces derniers font à plate-bandes, cette irrégularité eft moins perceptible, & par confé-
quent moins condamnable; cependant elle doit être toujours regardée comme une
licence qu’il faut éviter autant qu’il eft poftible; en forte que lorfque les entre-colonne-
mens deviennent inégaux par nécefhté, il n’en faut pas moins faire les ouvertures de
largeur égale; ou bien il faut fubftituer des niches à la place des croifées dans les plus
petits efpaces des colonnes, comme il a été pratiqué ici à l’étage du rez-de-chauffée.

Nous avons tant de fois réclamé le befoin de conferver de l’analogie entre les par-
ties & les maffes du Bâtiment, que fans répéter encore les moyens dont il faut fe fervir
pour éviter ce contrafte, il fera aifé d’appercevoir dans ce frontifpice les défauts de rap-
port des détails, comparés avec la grandeur coloffale du tout. Au refte il faut confi-
dérer que depuis l’édification de ce monument, la décoration de nos Edifices s’eft per-
feétionnée à bien des égards, & qu’au moins nos bons Archite&es ont fçu fe garantir
de la multiplicité des rehauts, des tables baillantes & rentrantes, des croffettes, des pe-
tites corniches, des piedeftaux, & de tant d’autres membres d’Architeéfure dont les
Anciens faifoient un ufage immodéré, qui n’ont guere été imités, & n’ont fubftfté que
jufqu’au commencement du dernier ftecle. En effet, la plus grande partie de la déco-
ration des Edifices confidérables érigés depuis, a été bien plus conforme à la fimplicité
& à la convenance que nous avons tant de fois recommandées dans nos diverfes
obfervations. Le Château de Maisons, celui de Clagny, &c. nous fourniffent des preuves de
ce que j’avance.

CHAPITRE XII.

Projet du Cavalier Bernin, pour la façade du Louvre du cote' du Palais

des Thuilenes. Planche XV

CETTE façade, affujettie à la même hauteur & à la même ordonnance que celle
du côté de S. Germain, projettée par le Cavalier Bernin, & dont nous avons
parlé, Chapitre IX, différé cependant en ce que l’on a obfervé de l’égalité dans les
efpacemens des colonnes, que l’on a réitéré ces dernieres, & que cette ordonnance, en
général, compofe une décoration plus régulière. Cependant on ne peut applaudir à la
largeur trop confidérable de l’avant-corps de cette façade, qui occupe lui feul la moitié
de fon étendue, fans autre nécefhté apparente que la diftribution intérieure du plan,
lequel pouvoir être difpofé tout aufli heureufement qu’on le remarque, planche III,
fans nuire eflentiellement à la proportion & au rapport qui doit être obfervé dans les
différentes parties de la décoration extérieure des façades, lefquelles dans toutes les oc-
cahons doivent être affujetties aux réglés de l’Art & aux principes du goût.

Tout cet avant-corps eft percé d’arcades en plein ceintre, dont la grandeur des ou-
vertures fait un contrafte outré avec la petitefte des croifées des arriere-corps & des
pavillons des extrémités, aufli-bien qu’avec celles du loubaflement. Les anciens Archi-
teéfes ont affez négligé cette partie du Bâtiment. Nos Modernes ont plus généralement
évité cette difparité, & nous ne fçaurions trop recommander à ceux de nos jours la
même attention & la néceflïté de conferver une proportion commune dans les différens
percés d’un Bâtiment : les formes, les grandeurs peuvent varier fans doute, mais les
 
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