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Bulletin du Musée National de Varsovie — 5.1964

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Bizardel, Yvon: Une étude au pastel de Mme Vigée-Le Brun pour le portrait d'Aniéla Angélique Radziwiłł Princesse Czartoryska
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https://doi.org/10.11588/diglit.17159#0019
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Yvon Bizardel

UNE ETUDE AU PASTEL DE Mmc VIGEE-LE BRUN POUR
LE PORTRAIT D'ANIELA ANGELIQUE RADZIWIŁŁ PRINCESSE

CZARTORYSKA

Mme Vigee-Le Brun abandonna la France des la premierę menace revolutionnaire, et elle
s'en fut a travers 1'Europe, en quete des modeles aristocratiques, qui cll.ient lui faire dćfaut
a Paris et a Versailles.

Apres un sejour dans les cours italiennes, l'artiste passa la periode de la Terreur a Vienne, oii
elle fut recue notamment dans les salons de la Princesse Czartoryska et de la Princesse Lubo-
mirska, dont elle peignit le neveu, le Prince Henri, en Amphion jouant de la lyre parmi trois
Nalades, pour lesquelles poserent trois Franęaises emigrees.

De la periode viennoise de Mme Vigee-Le Brun datent encore les portraits de la Comtesse
Severin Potocka, de la Princesse Sapieha et de la Comtesse Zamoyska, dansant avec un chale.
Aussi 1'artiste pouvait-elle parler de son sejour a Vienne en ces termes:

,,Une societe fort agreable ćtait celle des Polonaises; presque toutes sont aimables et jolics
et j'ai peint quelques unes des plus belles."

La voyageuse devait retrouver une societe analogue a Saint-Petersbourg, oii elle arriva en
Janvier 1795.

Stanislas-Auguste Poniatowski, dernier roi de Pologne et ami des arts, posa devant elle pour
deux portraits.

„Rien ne me touchait autant que de 1'entendre rćpeter qu'il aurait ete heureux que j'eusse
ete a Varsovie lorsqu'il ćtait encore roi" devait-elle ecrire.

Au cours de son sejour de cinq annees en Russie, l'artiste se lia encore avec le Prince Michel-
Jeróme Radziwiłł et avec sa femme, la Princesse Helenę, qui une fois les agrements de la cam-
pagne epuises quittaient leur chateau de Nieborów pour passer une partie de 1'annee a Saint
Petersbourg.

Avant son depart de Paris, 1'election de Mme Vigee-Le Brun a 1'Academie royale de Peinture
et de scelpture n'avait pas eu lieu sans quelque reticence de la part des Academiciens. Non
que le talent de la dame fut mis en cause, mais parce qu'elle ćtait 1'epouse d'un marchand de ta-
bleaux fort actif, et que les collusions de Part avec le commerce revoltaient alors les artistes.

Des que les lois de la nouvelle rćpublique franęaise autoriserent le divorce, le menage Le Brun
se hata d'en profiter. Cette separation apportait une sćcuritć a Le Brun, susceptible a tout
instant d'etre considere comme suspect, s'il conservait des liens avec une epouse ćmigree et
ouvertement aristocrate.

Cependant le divorce ne fit que mieux servir les interets respectifs des deux epoux, qui con-
tinuerent a prospćrer, chacun dans sa sphere.

Le Brun, profitait des avantages offerts par une periode troublee, qui mettait en circtdation
quantite d'objets d'art, mais il deplorait que les marches etrangers lui fussent virtuellement
fermes, car la France se trouvait en guerre avec plusieurs pays europćens. Cependant 1'habile
marchand parvenait a faire traverser la frontiere aux tableaux. Par exemple, il chargea sur
la Seine une cargaison entiere de toiles de maitres, qu'ilfit passer a Londres par le Havre, grace
a 1'intermediaire d'un neutre, le peintre amćricain John Trumbull. Le Brun fit ćgalement une
expedition en Russie, ou son ex-epouse lui servit d'agent commercial, et il joignit a son envoi
le portrait de Marie-Antoinette en robe velours bleu, le dernier executć par Mme Vigće-Le
Brun. Cette derniere oeuvre ne pouvait qu'enthousiasmer les admirateurs de 1'acadćmicienne
et lui attirer de nouvelles commandes.

Parmi ces tableaux envoyes de Paris, le Prince Radziwiłł acheta un Teniers et un Poussin,
et Le Brun devait reprocher plus tard a sa femme d'avoir cede le Poussin a trop bas prix.

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