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No. 1
DOI article:Bizardel, Yvon: Une étude au pastel de Mme Vigée-Le Brun pour le portrait d'Aniéla Angélique Radziwiłł Princesse Czartoryska
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.17159#0020
Peu avant son depart pour la France, au debut de 1801, 1'artiste reęut une commande des
Radziwiłł, pour l'execution du portrait de leur filie: Aniela-Angćlique, alors dans la fraicheur
de sa vingtieme annee. Mmc Vigee-Le Brun decida de commencer par une etude au pastel,
qui servirait de base a un portrait a l'huile, aux dimensions beaucoup plus importantes. Elle
se mit au travail et se livra a une etude approfondie de la tete, cherchant tous les details,
du visage, les nuances de la carnation, le charme de l'expresion, et s'attachant a rendre tres
exactement „sa jolie coiffure" comme le dit la femme peintre dans une lettre, en faisant allasion
a la manierę, deja romantiąue, avec laquelle la jeune filie arrangeait ses cheveux. Elle chercha
egalement a rendre le mouvement gracieux du cou nu, mais ne s'attacha a aucun detail des
epaules ni de la poitrine. Pour ce qui est du vetement elle se contenta d'indiquer le haut de
la robe, a la limite du decollete, et d'en donner l'indication a 1'aide de quelques hachures
rapides, a la eraie.
Le temps manąua a Mme Vigee-Le Brun pour entreprendre son tableau a 1'huile et le mener
a bien avant son depart. Elle emporta donc le pastel dans ses bagages, au printemps de 1801,
decidee a en tirer le portrait definitif une fois arrivee a Paris.
La voyageuse arriva a Berlin en Juillet, et s'y arreta pendant quelques semaines, au cours
desquelles la reine Louise de Prusse posa devant elle. Procedant comme elle l'avait fait pour
Aniela-Angelique, 1'artiste executa deux esquisses au pastel, remettant a plus tard la realisation
d'un portrait a l'huile.
L'exilee retrouva son atelier intact, quand elle arriva a Paris en Janvier 1802, mais les occupa-
tions du retour et les agitations de la vie parisienne 1'empecherent de se mettre immediatement
au travail. Bonaparte rengainait son epće et faisait la paix avec 1'Angleterre, les visiteurs etran-
gers affluaient en France, et pour s'arracher a la vie mondaine Mme Vigee-Le Brun se decida
a louer une maison de campagne au milieu des bois, a Meudon. La, elle reprit notamment le
pastel d'Aniela, et d'apres cette etude, elle prit ses pinceaux et attaqua la toile. Elle s'efforęa, en
esquissant son personnage, de retrouver grace a sa memoire, l'allure de son modele, sa taille
et „le mouvement naif qu'elle avait en dansant" comme elle l'ecrivait aux Radziwiłł, car elle
tenait a completer son etude en montrant la jeune filie en buste, avec le corsage a la baute
ceintuie, la naissance de la jupe et la presque totalitć d'un bras.
Sans doute des Porigine 1'artiste avait-elle eu Fintention de vetir son modele selon la mode
du temps, car apres les elegances desuetes de Versailles et de Vienne, elle avait ete frappee par
les dames de Saint-Petersbourg „habillees a la grecque, aves des tuniques attachees sur les
epaules par des agrafes de diamants". Elle babilla ainsi la jeune Aniela Angelique dans le
grand portrait a l'huile, alors que le pastel ne portait aucune indication de manche, ni
d'agrafe.
Pour executer le visage la femme peintre possedait le meilleur des documents et le plus exact:
son propre pastel. Elle s'efforęa de le traduire tres exactement par la peinture. Toutefois le
pinceau ne retrouva peut-ćtre pas toujours la spontaneite et la fraicheur du pastel, ni la vivacite
des hachures qui evoquaient hativement le corsage. Peut-ćtre 1'artiste hesita-t-elle a reproduire
la crudite de ce blanc aupres de la chair, et chercha-t-elle a attenuer ce contraste trop violent,
puisqu-elle annonęa aux parents:
,,L'habit est grec; c'est une tunique de crepe d'un jaune verdatre sur du blanc, qui fait un
transparent agreable pour la peau".
2. Mme Vigee-Le Brun,
Portrait d'Aniela Angelique Radziwiłł princesse Czartoryska,
palais de Nieborów
14
Radziwiłł, pour l'execution du portrait de leur filie: Aniela-Angćlique, alors dans la fraicheur
de sa vingtieme annee. Mmc Vigee-Le Brun decida de commencer par une etude au pastel,
qui servirait de base a un portrait a l'huile, aux dimensions beaucoup plus importantes. Elle
se mit au travail et se livra a une etude approfondie de la tete, cherchant tous les details,
du visage, les nuances de la carnation, le charme de l'expresion, et s'attachant a rendre tres
exactement „sa jolie coiffure" comme le dit la femme peintre dans une lettre, en faisant allasion
a la manierę, deja romantiąue, avec laquelle la jeune filie arrangeait ses cheveux. Elle chercha
egalement a rendre le mouvement gracieux du cou nu, mais ne s'attacha a aucun detail des
epaules ni de la poitrine. Pour ce qui est du vetement elle se contenta d'indiquer le haut de
la robe, a la limite du decollete, et d'en donner l'indication a 1'aide de quelques hachures
rapides, a la eraie.
Le temps manąua a Mme Vigee-Le Brun pour entreprendre son tableau a 1'huile et le mener
a bien avant son depart. Elle emporta donc le pastel dans ses bagages, au printemps de 1801,
decidee a en tirer le portrait definitif une fois arrivee a Paris.
La voyageuse arriva a Berlin en Juillet, et s'y arreta pendant quelques semaines, au cours
desquelles la reine Louise de Prusse posa devant elle. Procedant comme elle l'avait fait pour
Aniela-Angelique, 1'artiste executa deux esquisses au pastel, remettant a plus tard la realisation
d'un portrait a l'huile.
L'exilee retrouva son atelier intact, quand elle arriva a Paris en Janvier 1802, mais les occupa-
tions du retour et les agitations de la vie parisienne 1'empecherent de se mettre immediatement
au travail. Bonaparte rengainait son epće et faisait la paix avec 1'Angleterre, les visiteurs etran-
gers affluaient en France, et pour s'arracher a la vie mondaine Mme Vigee-Le Brun se decida
a louer une maison de campagne au milieu des bois, a Meudon. La, elle reprit notamment le
pastel d'Aniela, et d'apres cette etude, elle prit ses pinceaux et attaqua la toile. Elle s'efforęa, en
esquissant son personnage, de retrouver grace a sa memoire, l'allure de son modele, sa taille
et „le mouvement naif qu'elle avait en dansant" comme elle l'ecrivait aux Radziwiłł, car elle
tenait a completer son etude en montrant la jeune filie en buste, avec le corsage a la baute
ceintuie, la naissance de la jupe et la presque totalitć d'un bras.
Sans doute des Porigine 1'artiste avait-elle eu Fintention de vetir son modele selon la mode
du temps, car apres les elegances desuetes de Versailles et de Vienne, elle avait ete frappee par
les dames de Saint-Petersbourg „habillees a la grecque, aves des tuniques attachees sur les
epaules par des agrafes de diamants". Elle babilla ainsi la jeune Aniela Angelique dans le
grand portrait a l'huile, alors que le pastel ne portait aucune indication de manche, ni
d'agrafe.
Pour executer le visage la femme peintre possedait le meilleur des documents et le plus exact:
son propre pastel. Elle s'efforęa de le traduire tres exactement par la peinture. Toutefois le
pinceau ne retrouva peut-ćtre pas toujours la spontaneite et la fraicheur du pastel, ni la vivacite
des hachures qui evoquaient hativement le corsage. Peut-ćtre 1'artiste hesita-t-elle a reproduire
la crudite de ce blanc aupres de la chair, et chercha-t-elle a attenuer ce contraste trop violent,
puisqu-elle annonęa aux parents:
,,L'habit est grec; c'est une tunique de crepe d'un jaune verdatre sur du blanc, qui fait un
transparent agreable pour la peau".
2. Mme Vigee-Le Brun,
Portrait d'Aniela Angelique Radziwiłł princesse Czartoryska,
palais de Nieborów
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