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Bulletin du Musée National de Varsovie — 5.1964

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No. 2
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Melbechowska, Aleksandra: Les paysages de Provence et de Bourgogne de Théophile Kwiatkowski
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https://doi.org/10.11588/diglit.17159#0060
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leur touche authenticjue depourvus dc tout arrangement. Et cependant malgre toute leur
liberie et leur fraicheur ces croąuis trahissent encore dans leur dessin, dans le choix de la
pose et la disposition du modele l'empreinte de 1'attitude academique.

Deux dessins provenant de ce cycle, faits vers l'annee 1841, se trouvent au Cabinet des
Estampes du Musee National de Varsovie: uue etude de femme avec deux enfauts (aquarelle,
gouache sur soie, 18,8x15,9 cm. No d'inv. Rys. Pol. 9906 feuillet de 1'album de Gołuchów)
et une variante de la menie composition vue en sens invers (aquarelle, 16,8x200,4 cm, No
d'inv. 4711, collection L. Meyet).

Les paysages a ]'huile des eiwirons de Marseille et d'Avignon, dont les croąuis mention-
nes sont les ebauches, ont ete peints au cours des annees 1840—1850 et ils forment le pre~
mier cycle bien determine de paysages. Ils presentent tous une vue de la mer, d'une
riviere ou d'un port, rehaussee par la silhouette d'une barque ou d'un bateau a voile avec
dans le fond un motif 'rchitectural severe. L'eau en constitue un sujet constant et le pont
Saint-Benezet (XII-e siecle) ou le Palais des Papes, paysage urbain particulierement cber
a Kwiatkowski, y sont souvent repris. Les tableaux sont maintenus dans une tonalite
roux-doree avec accents gris et verts et ils sont impregnes d'un climat lyriąue et d'une douceur
calme. Leur facture est simple et lisse, ils ont une composition harmonieuse, les trois plans
sont respectes, la perspective laborieusement etablie et les accents horizontaux et verticaux
soigneusement places. Pour rompre la monotonie des plans d'eau trop etendus, I'artiste
iutroduit des petites silhouettes humaines qui animent le paysage et dans Iesquelles on peut
facilement reconnaitre les pecheurs de 1'album de croquis, traites ici d'une manierę quelque
peu differente.

Les deux tableaux qui se trouvent au Musee National de Varsovie doivent etre consideres
comme specimens de ce cycle: une Vue du littoral avec des barąues, (huile, panneau, 20 X 38,5 cm,
No d'inv. 128062, achetee a A. Stieglitz), qui a probablement ete peinte a Avignon vers
1843 (ill. 1), et une Vue d'Avignon (huile, carton, 20x37,5 cm, No d'inv. 128061, pro-
venant toujours de A. Stieglitz), avec le motif caracteristique des rnines du pont et du frag-
ment de la ville au troisieme plan; peint vers 1845 ce tableau (ill. 2) est peut etre identique
a la Vue d'Avignon, exposee au Salon en 1850.

La formę artistique des paysages du midi semble avoir subi d'une part 1'influence des
peintres anglais: Turner, Bonington ou Cotman, d'autre part elle est marąuee par la tradition
du XVIII-e siecle franęais, aussi bien dans la composition que dans le dessin lineaire des pers-
pectives architectoniques. A cóte du style personnel et d'une vision de la naturę qui lui
est propre, on retrouve dans ces ouvrages de Kwiatkowski des rapprochements et des ressem-
blances avec l'art du XVlII-e siecle et souvent avec les oeuvres anciennes exposees dans
les musćss. Ce phenomene s'explique par un emprunt involontaire des formes de composi-
tion et de matiere picturale ou par la fascination exercee sur 1'artiste par l'atmosphere
particuliere des tableaux pseudoclassiques et par le genre fetes galantes15. Dans les oeuvres
du XVIII-e siecle Kwiatkowski a repris les themes dits preromantiques qui avaient si for-
tement frappe son imagination. Au cours des annees quarante Kwiatkowski se laisse dominer
par le theme de la mer et de la ville; apres 1859 on retrouve encore quelquefois dans les
paysages bourguignons le climat sentimental d'une idylle ou quelques details qui rappellent
les iles heureuses de Watteau. Une autre filiation encore peut etre etablie et notamment entre
les paysages de Provence et les pr^miers ouyrages de Corot et de son professeur Yalenciennes.

15. La critique conternporainc a souvcnt souligne les affinitćs de Kwiatkowski avec la peinture du XVIII-e siecle. L. Bu-
szard en a parle a 1'occasion de l'exposition qui a eu licu ii la Societć des Beaux-Arts (TZSP) ii Varsovie en 1863 (Ty-
godnik lllustrowany, 1863, II-c partie, p. 366).

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