DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:Sandoz, Marc: "Les Plaisirs d'Anacréon" de Jean-Bernard Restout
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.18818#0029
Marc Sandoz
„LES PLAISIRS D’ANACREON” DE JEAN-BERNARD RESTOUT
Mile Stanisława Sawicka publiait en Octobre 19681 un dessin de la Bibliotheque universitaire
de Varsovie, qu’elle avait eu le merite d’attribuer et didentifier: Un dessin de Jean-Bernard
Restout pour une peinture disparue; il s’agissait du tableau: Les Plaisirs d'Anacreon. Or voici
que nous avons eu la bonne fortunę de retrouver tout recement une replique (?) reduite de cette
peinture, perdue de vue depuis 1791 (fig. I).2 Ce tableau est d’une conseryation parfaite; il ne par-
ait pas avoir souffert, et il se pressnte, non rentoile ni transpose, sur un chassis qui parait bien
etre celui de 1’origine. Nous croyons que l’execution peut-etre donnee a J.-B. Restout lui-meme.
Malheureusement la peinture n’est ni signee ni datee, ce qui pourrait confirmer qu’il s’agit
d’une replique;3 celle-ci s’expliquerait par la relative celebrite du tableau, atteste par la critique
du Salon, et la gravure de format in-folio par Anselin en 1793,4 et par le fait que le tableau parut
encore deux fois en exposition publique: au Salon de la Correspondance en 1782, et, de nouveau,
au Salon de FAcademie en 1791.5
La peinture est assez conforme au dessin (fig. 2); on y releve cependant quelques differences
dans le detail: alors que le de=sin semble placer 1’action dans une rotonie d’interieur d’ordonnance
classique, la peinture nous transporte sous une colonnade donnant vue sur un parć et sous un
ciel qui rappelle les cieux venitiens; c’est une presentation qu’avaient adopte ou adopteront
des peintres d’histoire en plusieurs de leurs tableaux, ainsi Jean-Baptiste Pierre dans Mercure
et Aglaure, de 1763,6 ou Louis Lagrenee (1’aine) dans La Charite, de 1775.7 Les figures de Restout
restent les memes que dans son dessin, mais elles paraissent manifester moins d’action; les
objets mobiliers reęoivent quelques changements ainsi que beaucoup plus de relief et de pre-
cision. Ces details paraissent devoir et pouvoir etre discutes.
Prosper De Baudricourt dans son Peintre-graveur franęais (1859-1861) indique que le tableau
aurait ete fait a Romę; nous n’en apercevons pas, jusqu’a present, d’evidence; il est vrai qu’au
menie Salon de 1767 Fartiste semble avoir expose son Saint Bruno en priere datę de Romę
en 1763;8 rien n’empeche de supposer qu’il ait pu commencer a Romę a mediter sur le tableau
qu’il se proposait de presenter pour son agrement a FAcademie. Un sujet si nouveau dans la
peinture a-t-il pu etre suggere par quelqu’evenement contemporain de la vie artistique ou
litteraire des milieux romains? U ne le semble pas au premier abord, si Fon excepte la parution
de la traduction des oeuyres du poete parue a Florence, et qui remonte deja a 1742,9 mais qui
pouvait avoir conserve de Factualite etant la seule parue en Italie a cette epoque hormis celle
de Yenise en 1736. U semblerait plutót que la suggestion de ce tableau doive etre cherchee
dans le renouve.au pour les etudes classiques et l’antiquite archeologique, plus vivant a Romę
qu’a Paris; la circonstance pourrait etre confirmee par un autre tableau de J.-B. Restout expose
en meme temps que VAnacreon, et qui temoigne egalement par son sujet nouyeau d’un desir de
1. S. Sawicka, ”Un dessin de Jean-Bernard Restout pour une peinture disparue,” Gaselte des Baux-Arts, LXXII, 1968,
p. 191-194.
2. Huile sur toile: 0,97 xl,29. Collection particuliere. Avait passe recemment en vente publique, a Versailles, sous le titre:
le Repos de Dionysios.
3. L’original mesurerait ,,6 pieds 2 pouces de haut sur 7 pieds 10 pouces de large” (environ 1,85x2,20).
4. Exposee au Salon de 1793, n° 618 (0,36x0,46).
5. N° 250, avec la designation ,,Grand tableau”.
6. Musec du Louvre.
7. Leningrad, musee de 1’Erniitage.
8. Musee du Louvre.
9. Anacreontos [...] mele [...]. Anacreonlis [...] carmina [...,] Florentiae, ex typis J. B. Bruscagli et sociorum; in — 12.
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„LES PLAISIRS D’ANACREON” DE JEAN-BERNARD RESTOUT
Mile Stanisława Sawicka publiait en Octobre 19681 un dessin de la Bibliotheque universitaire
de Varsovie, qu’elle avait eu le merite d’attribuer et didentifier: Un dessin de Jean-Bernard
Restout pour une peinture disparue; il s’agissait du tableau: Les Plaisirs d'Anacreon. Or voici
que nous avons eu la bonne fortunę de retrouver tout recement une replique (?) reduite de cette
peinture, perdue de vue depuis 1791 (fig. I).2 Ce tableau est d’une conseryation parfaite; il ne par-
ait pas avoir souffert, et il se pressnte, non rentoile ni transpose, sur un chassis qui parait bien
etre celui de 1’origine. Nous croyons que l’execution peut-etre donnee a J.-B. Restout lui-meme.
Malheureusement la peinture n’est ni signee ni datee, ce qui pourrait confirmer qu’il s’agit
d’une replique;3 celle-ci s’expliquerait par la relative celebrite du tableau, atteste par la critique
du Salon, et la gravure de format in-folio par Anselin en 1793,4 et par le fait que le tableau parut
encore deux fois en exposition publique: au Salon de la Correspondance en 1782, et, de nouveau,
au Salon de FAcademie en 1791.5
La peinture est assez conforme au dessin (fig. 2); on y releve cependant quelques differences
dans le detail: alors que le de=sin semble placer 1’action dans une rotonie d’interieur d’ordonnance
classique, la peinture nous transporte sous une colonnade donnant vue sur un parć et sous un
ciel qui rappelle les cieux venitiens; c’est une presentation qu’avaient adopte ou adopteront
des peintres d’histoire en plusieurs de leurs tableaux, ainsi Jean-Baptiste Pierre dans Mercure
et Aglaure, de 1763,6 ou Louis Lagrenee (1’aine) dans La Charite, de 1775.7 Les figures de Restout
restent les memes que dans son dessin, mais elles paraissent manifester moins d’action; les
objets mobiliers reęoivent quelques changements ainsi que beaucoup plus de relief et de pre-
cision. Ces details paraissent devoir et pouvoir etre discutes.
Prosper De Baudricourt dans son Peintre-graveur franęais (1859-1861) indique que le tableau
aurait ete fait a Romę; nous n’en apercevons pas, jusqu’a present, d’evidence; il est vrai qu’au
menie Salon de 1767 Fartiste semble avoir expose son Saint Bruno en priere datę de Romę
en 1763;8 rien n’empeche de supposer qu’il ait pu commencer a Romę a mediter sur le tableau
qu’il se proposait de presenter pour son agrement a FAcademie. Un sujet si nouveau dans la
peinture a-t-il pu etre suggere par quelqu’evenement contemporain de la vie artistique ou
litteraire des milieux romains? U ne le semble pas au premier abord, si Fon excepte la parution
de la traduction des oeuyres du poete parue a Florence, et qui remonte deja a 1742,9 mais qui
pouvait avoir conserve de Factualite etant la seule parue en Italie a cette epoque hormis celle
de Yenise en 1736. U semblerait plutót que la suggestion de ce tableau doive etre cherchee
dans le renouve.au pour les etudes classiques et l’antiquite archeologique, plus vivant a Romę
qu’a Paris; la circonstance pourrait etre confirmee par un autre tableau de J.-B. Restout expose
en meme temps que VAnacreon, et qui temoigne egalement par son sujet nouyeau d’un desir de
1. S. Sawicka, ”Un dessin de Jean-Bernard Restout pour une peinture disparue,” Gaselte des Baux-Arts, LXXII, 1968,
p. 191-194.
2. Huile sur toile: 0,97 xl,29. Collection particuliere. Avait passe recemment en vente publique, a Versailles, sous le titre:
le Repos de Dionysios.
3. L’original mesurerait ,,6 pieds 2 pouces de haut sur 7 pieds 10 pouces de large” (environ 1,85x2,20).
4. Exposee au Salon de 1793, n° 618 (0,36x0,46).
5. N° 250, avec la designation ,,Grand tableau”.
6. Musec du Louvre.
7. Leningrad, musee de 1’Erniitage.
8. Musee du Louvre.
9. Anacreontos [...] mele [...]. Anacreonlis [...] carmina [...,] Florentiae, ex typis J. B. Bruscagli et sociorum; in — 12.
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