DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:Karpowicz, Mariusz: "La Fortune" e "l'Art"
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.18861#0035
Une composition tres ressemblante et un contenu proche caracterisent un cuivre du traite de
Vincencio Carducho Dialogos de la pintura. La Peinture, titree comme Liberalium Lux Arlium
Excelsa, est assise sur un fond de palmę, avec des ailettes sur la tete et les symboles de la science
a ses cótes5'.
Enfin, il convient de revenir encore une fois a Alciati, qui incontestablement etait la source
majeure de Kuntze. Son epigramme comporte un programme didactique qui en notre cas doit
subir certaines modifications: Disce bellas artes o studiosa iuvenlus. II ne fait pas de doute
que ceux qui boivent des mains de la Maitrise — le jeune homme la coupe aux levres et 1'enfant
tendant les mains vers la boisson — c'est la studiosa iuventus. Dans ce groupe justement
il faudrait ranger le seul element actualise, mentionne plus haut, dans cet ensemble allegorique
intemporel. II s'agit du jeune homme, dissimule dans 1'ombre derriere les buveurs, en un mo-
deste jupan olive et une veste grise, une sacoche avec des instruments en bandouliere. Peut-etre
est-ce un autoportrait? Sinon, de toute faęon c'est un representant de la jeunesse sarmate parmi
les etudiants des belle arti.
En somme on peut dire que nos deux tableaux illustrent ensemble une opinion digne de la
periode des Lumieres: 1'Art, base sur la Science, est le seul remede constant et sur contrę les
caprices de la Fortune changeante.
De ce fait, notre paire de tableaux allegoriques appartient a tout un large groupe d'oeuvres
d'art europeen inspirees de la tres ancienne tradition que la Sagesse et la Vertu sont les amis
et les defenseurs de 1'Art, tandis que l'Envie et 1'Ignorance sont les pires adversaires de tous
les belle arti58. Cette antithese inspira de nombreuses peintures et sculptures, jadis reunies par
Pigler, ou Saturne et Minerve protegent 1'Art, ou la Peinture meme, des attaques de 1'Ignorance
et de l'Envie. Ce theme, reconnu et popularise au XVIIe siecle, subit des modifications au temps du
Baroąue: 1'Ignorance n'est pas representee en lutte, mais vaincue, par contrę Minerve ou la Vertu
triomphent et trónent, protegeant souvent un jeune artiste (couramment un enfant). II semble
que particulierement proche de la conception de Kuntze est le dernier groupe d'oeuvies etudiees
par Pigler, avec la Vertu triomphante et trónant, ouvert par le tableau de Sebastiano Ricci au
Louvrer'9. Ce sujet fut intitulć par Ricci meme comme La Science ąui foule aux pieds V'Ignorance
(fig. 7). La Science, habillee en personnification de la Yertu mais couronnee d'un diademe, assise,
un pied sur 1'Ignorance prostree, couronne la personnification feminine de 1'Academie des Arts.
Saturne planant est interprete \>ax Pigler non seulement comme le patron des hommes d'art,
mais surtot comme une illustration du motto Ars longa. Peut-etre donc Saturne figurant sur
le second de nos tableaux pourrait etre interprete de la meme manierę. II vole dans la partie
droite de la composition, montrant du doigt un groupe de jeunes perdant leur temps dans la
gaiete et ainsi soumis au Temps. Un jeune homme se laisse entrainer par 1'amour terrestre (une
femme nue, les yeaux bandes), tandis qu'un couple semble danser aux sons d'un tambourin
que frappe la danseuse a cóte. L'absence d'attributs (en dehors des ailes de la femme du second
couple — personnification d'une Heure?) ne permet pas une interprćtation plus precise. II
semble pourtant incontestable que de meme manierę que dans la Fortune 1'artiste avait
represente son antithese — la Vertu, il a oppose a 1'Art eternel et immuable ce qui est soumis
a 1'action du Temps. De la meme manićre on pourrait encore extraire de nombreux elements
57. ^Vincenci0 Carducho, Dialogos do la pintura in defensa..., Madrid, 1633, fol. 163.C'est une illustration du dialogue 8
Cf.au sujet de ces illustrations: KuMer, op.cit., et G.Levitine, „Some emblematic sources of Goya", Journal of the
Warburg and Courlauld Institutes, XXII, 1959, pl. 18, p. 126.
58. A.Pigler, „Neid und Unwissenheit ais Widersacher der Kunst (Ikonographische Beitrage zur Geschichte der Kunst-
akademien)", Ada Historiae Arlium Acaduniae Scientiarum Hungaricae, I, 1953/54, fasc. 3—4, pp. 215 235.
59. Ibid., p. 227, fig. 17. Le tableau fut peint en 1718 a 1'occasion de la reception a rAcadćmie Franęaise.
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Vincencio Carducho Dialogos de la pintura. La Peinture, titree comme Liberalium Lux Arlium
Excelsa, est assise sur un fond de palmę, avec des ailettes sur la tete et les symboles de la science
a ses cótes5'.
Enfin, il convient de revenir encore une fois a Alciati, qui incontestablement etait la source
majeure de Kuntze. Son epigramme comporte un programme didactique qui en notre cas doit
subir certaines modifications: Disce bellas artes o studiosa iuvenlus. II ne fait pas de doute
que ceux qui boivent des mains de la Maitrise — le jeune homme la coupe aux levres et 1'enfant
tendant les mains vers la boisson — c'est la studiosa iuventus. Dans ce groupe justement
il faudrait ranger le seul element actualise, mentionne plus haut, dans cet ensemble allegorique
intemporel. II s'agit du jeune homme, dissimule dans 1'ombre derriere les buveurs, en un mo-
deste jupan olive et une veste grise, une sacoche avec des instruments en bandouliere. Peut-etre
est-ce un autoportrait? Sinon, de toute faęon c'est un representant de la jeunesse sarmate parmi
les etudiants des belle arti.
En somme on peut dire que nos deux tableaux illustrent ensemble une opinion digne de la
periode des Lumieres: 1'Art, base sur la Science, est le seul remede constant et sur contrę les
caprices de la Fortune changeante.
De ce fait, notre paire de tableaux allegoriques appartient a tout un large groupe d'oeuvres
d'art europeen inspirees de la tres ancienne tradition que la Sagesse et la Vertu sont les amis
et les defenseurs de 1'Art, tandis que l'Envie et 1'Ignorance sont les pires adversaires de tous
les belle arti58. Cette antithese inspira de nombreuses peintures et sculptures, jadis reunies par
Pigler, ou Saturne et Minerve protegent 1'Art, ou la Peinture meme, des attaques de 1'Ignorance
et de l'Envie. Ce theme, reconnu et popularise au XVIIe siecle, subit des modifications au temps du
Baroąue: 1'Ignorance n'est pas representee en lutte, mais vaincue, par contrę Minerve ou la Vertu
triomphent et trónent, protegeant souvent un jeune artiste (couramment un enfant). II semble
que particulierement proche de la conception de Kuntze est le dernier groupe d'oeuvies etudiees
par Pigler, avec la Vertu triomphante et trónant, ouvert par le tableau de Sebastiano Ricci au
Louvrer'9. Ce sujet fut intitulć par Ricci meme comme La Science ąui foule aux pieds V'Ignorance
(fig. 7). La Science, habillee en personnification de la Yertu mais couronnee d'un diademe, assise,
un pied sur 1'Ignorance prostree, couronne la personnification feminine de 1'Academie des Arts.
Saturne planant est interprete \>ax Pigler non seulement comme le patron des hommes d'art,
mais surtot comme une illustration du motto Ars longa. Peut-etre donc Saturne figurant sur
le second de nos tableaux pourrait etre interprete de la meme manierę. II vole dans la partie
droite de la composition, montrant du doigt un groupe de jeunes perdant leur temps dans la
gaiete et ainsi soumis au Temps. Un jeune homme se laisse entrainer par 1'amour terrestre (une
femme nue, les yeaux bandes), tandis qu'un couple semble danser aux sons d'un tambourin
que frappe la danseuse a cóte. L'absence d'attributs (en dehors des ailes de la femme du second
couple — personnification d'une Heure?) ne permet pas une interprćtation plus precise. II
semble pourtant incontestable que de meme manierę que dans la Fortune 1'artiste avait
represente son antithese — la Vertu, il a oppose a 1'Art eternel et immuable ce qui est soumis
a 1'action du Temps. De la meme manićre on pourrait encore extraire de nombreux elements
57. ^Vincenci0 Carducho, Dialogos do la pintura in defensa..., Madrid, 1633, fol. 163.C'est une illustration du dialogue 8
Cf.au sujet de ces illustrations: KuMer, op.cit., et G.Levitine, „Some emblematic sources of Goya", Journal of the
Warburg and Courlauld Institutes, XXII, 1959, pl. 18, p. 126.
58. A.Pigler, „Neid und Unwissenheit ais Widersacher der Kunst (Ikonographische Beitrage zur Geschichte der Kunst-
akademien)", Ada Historiae Arlium Acaduniae Scientiarum Hungaricae, I, 1953/54, fasc. 3—4, pp. 215 235.
59. Ibid., p. 227, fig. 17. Le tableau fut peint en 1718 a 1'occasion de la reception a rAcadćmie Franęaise.
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