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Voila l'explication des images de Sisyphe avec des scenes de komos. On a engage dans l'argu-
mentation incitant a renoncer, dans un contexte precis, a la raison, incitant a 1'abandon en
joyeuse compagnie aux plaisirs de la detente et de 1'oubli, 1'autorite du heros, connu par sa
sagesse, et l'autorite du poetę, auteur de nombreuses maxim.es. Peut-etre des alors Sisyphe
soulevant son rocher etait un symbole du labeur ąuotidien infini28 qu'il convenait d'oublier
parfois.

De toute la legendę de Sisyphe, sa punition est le seul schema iconographiąue elabore dans
la periode archaique, tout comme dans l'art du Ve siecle avant n.e. (hormis une image incer-
taine sur un fragment d'hydrie, ARV, p. 263, n° 42). II identifiait le heros, sans recours a une
inscription. En fin du VIe et au Ve siecle avant n.e. nous rencontrons un large mouvement
d'exegese allegorique des mythes homeriques, pour les defendre contrę les critiques croissantes
des philosophes dans la seconde moitie du VIe siecle avant n.e., surtout en liaison avec 1'acti-
vite de la secte pythagoricienne.29 Mais nous ne disposons pas d'exemples d'interpretation
allegorique du personnage de Sisyphe, malgre qu'Ulysse avait joui d'une telle interpretation
heros si proche de Sisyphe qu'il fut meme considere comme le fils de PEolide30. Mais nous ne
pouvons utiliser avec trop d'audace cette analogie. Le role de Persephone dans les scenes citees
semble definir le contenu qu'on voulait suggerer. La presence de Sisyphe sans la deesse dans
le medaillon des coupes a figures rouges peut decouler de l'existence dans la societe attique
d'une habitude d'evoquer le sens plus complexe de san imaqe.

La hausse brusque de popularite de Sisyphe parmi les peintres du Ceramique dans la derniere
phase du regne des Pisistratides pouvait aussi avoir des raisons historiques. Cela pourrait re-
fleter, directement ou indirectement, le róle joue par Sisyphe dans les croyances orphiques.
Deja au siecle dernier Wilamowitz supposait qtie la portion du livre XI de 1'Iliade contenant
la Nekya pouvait etre une interpolation orphique du VIe siecle avant n.e., ou Sisyphe et Tantale
seraient des exemples de pecheurs punis par une damnation eternelle et un labeur.31 Malgre
le scepticisme actuel en ce qui concerne les interpolations, justement le fragment de la Nekya
continue a soulever des doutes par son lien lachę avec le reste du texte. Lesky continue a croire
qu'il faut compter ici avec la possibilite d'une interpolation tardive.32

L'augmentation du nombre des scenes sur les vases representant les pecheurs concorde assez
bien avec le moment probable de cette interpolation,33 soit la periode des Pisistratides.

Mais est-ce qu'il coiwient de traiter la liaison d'images de pecheurs punis avec des komastai
joyeux et dechaines comme un symbole des deux alternatives, des deux destinees issues de la
conduite humaine? Nous laissons ce probleme aux specialistes.

28. Cf. note 12. Deja pour Wilamowitz, Horn. Untersuch., p. 199.

29. M. Detienne, Homerc, Hesiode et Pythagore, Bruxelles, 1962, pp. 16, 62 sc[.

30. Zancani Montuoro, EAA, VII, p. 354. Pour le vase de Dionysios a Berlin, representant la seduction d'AnticI^e avant
son mariage avec Lacrtes, cf. A. von Salis "Sisyphus", dans Corolla Ludwig Curlius, Stuttgart, 1937, pp. 161-167, pis 58-60.

31. Wilamowitz, op. cii., p. 199; contrę: Bethe, op. cit.,

32. A. Lesky, Geschiclilc der Griechischcn Litteralur'1, Bonn — Miinchcn, 1963, p. 70. Pour les interpolations orphiques dans
les textes d'Homere et d'Hesiode, cf. Detienne, op. cit., p. 19, note 1 (avcc littćrature antćricure).

33. Au temps du tyran Hipparche se place 1'interpolation connue, mentionnee par Pausanias, du tcxte de Musće par Onoma-
critos. II est vrai que I. M. Linforth, The Arts of Orpheus, London, 1941, pp. XVI sq., 214 sq., 350 sq., refuse toute valeur
historique au tćmoignage de Pausanias, mais cette information est confirmee par d'autres, citees jaar J. Pollard-Seers,
Shrines and Sirens, London 1965, p. 98, suivant lesquclles Onomacrotos serait responsable de 1'interpolation du texte
de Musee et aurait fait partie de l'equipe choisie par Pisistrate pour la publication du texte d'Homere. Les croyances
orphiques dans Nckyia dc Polygnote et dans les scenes dc Hades des vases italiotes admettaient plusicrs savants:
A. Dietrich, De hymnis Orphicis capita, V, p, 40 et suiv.; E. Kuhnert, Unteritalische Nckyien, Jdl, VIII, 1893,
p. 104—113; W. Amclung, Orphiches in der Unteritalisehen Vasenmalerei, Rom. Milt, XIII, 1898, p. 97—107;
P. Guthrie, Orpheusand Greek Religion, London, 1953, p. 187 et suiv.; M. P. Nilsson, Greek Popular Religion,
New York, 1947, p. 116—120; Avec reserves aussi K. Schauenburg, Die Totcngótter in der unteritalisehen
Vasenmalerei, Jdl, LXXIII, 1959, p. 48—78; Contrę: Milchhiifer, Philologus, LIII, 1894, p. 751 et suiv.; E. Petersen,
Kom. Mitl. XIV, 1899, p. 101—102.

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