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Bourgery, Jean Baptiste Marc; Jacob, Nicolas Henri [Hrsg.]
Traité complet de l'anatomie de l'homme: comprenant la médicine opératoire (Band 3, Text): Anatomie descriptive et physiologique: Moelle épinière, encéphale, nerfs rachidiens et encéphaliques, organes des sens, larynx — Paris, 1844

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https://doi.org/10.11588/diglit.16409#0042
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même, que les anatomistes alexandrins ont eu, seuls avant les
modernes, de pouvoir étudier sur des corps humains.

Dans l'étude du système nerveux comme dans celle de toutes
les auties parties de l'anatomie, Galien se montre l'un des obser-
vateurs de l'antiquité les plus originaux et les plus féconds, résul-
tat où l'on reconnaît encore l'influence de la race grecque et dont
on doit savoir, à Galien, d'autant plus de gré, que les préjugés
romains ne lui permettaient d'étudier l'anatomie que sur des ani-
maux. Grâce à M. Daremberg, qui a dépouillé pour nous les volu-
mineux ouvrages du médecin de Pergame, il nous est facile de
signaler ses nombreuses découvertes dans l'anatomie du système
général et des centres nerveux.

Galien a bien connu et décrit assez exactement l'encéphale et
la moelle épinière. A part des erreurs bien excusables, surtout
dans l'interprétation des faits, on s'étonne de voir jusqu'à quels
minutieux détails s'étendent ses connaissances sur des organes si
mous et si délicats, surtout quand on se rappelle qu'il n'a jamais
pu disséquer que des corps d'animaux. Galien connaît les deux
principales enveloppes de l'encéphale, la dure-mère avec ses
principaux sinus veineux et ses cloisons ; la pie-mère, réseau de
veines et d'artères. Il étudie le cerveau, de sa surface hémisphé-
rique vers sa base, et en décrit successivement toutes les parties
centrales : le corps calleuxla cloison transparente, la voûte à
trois piliers qu'il croit, en raison de sa forme, destinée à supporter
le poids des parties susjacentes, les couches optiques et les corps
striés, les tubercules quadrijumeaux, le conarium, etc. Il signale
les plexus choroïdes comme un prolongement ventriculaire de la
pie-mère, et a laissé son nom aux veines des cavités cérébrales
qui se dégorgent dans le sinus droit. Il sait que ces cavités contien-
nent un liquide, sauf les usages obscurs et hypothétiques qu'il
lui attribue en commun avec ce qu'il appelle les esprits animaux,
et sa prétendue circulation par l'infundibulum et l'os criblé. Il
connaît les quatre ventricules, les communications par des trous,
des deux grands ventricules latéraux avec le troisième, et de
celui-ci avec le quatrième, ou ventricule du cervelet, par le
canal, si injustement nommé aqueduc de Sylvius, du nom
latinisé de l'anatomiste François Lebois ou Leboë venu quinze
siècles plus tard. Ce qu'il a le moins étudié c'est précisément ce
qui frappe la vue au premier aspect, la surface même des hémi-
sphères avec ses circonvolutions et ses anfractuosités, et la dispo-
sition relative des deux substances grise et blanche qu'il ne
différencie pas, quoique, en raison des caractères de cette sub-
stance en général, et des usages qu'il en connaît, il appelle le
cerveau le prince des viscères. Du reste, suivant une observation
très juste, il a remarqué que le cerveau plus mou des enfans,
remplit plus exactement la boîte du crâne. Oribase qui rapporte
ce fait à Hippocrate , ajoute que, chez le vieillard, le cerveau
s'atrophie et retombe sur sa base. Comme on l'a remarqué, la
cause pour laquelle Galien a peu insisté sur l'étude de la masse
cérébrale elle-même, c'est la préoccupation où il était de sa cir-
culation du pneuma dans laquelle on ne voit pas comment inter-
vient l'organe lui-même puisque, le supposant entrer parles méats
olfactifs, il le fait parcourir les ventricules pour arriver à la moelle
et se répandre dans les nerfs; théorie, pour le dire en passant,
qui, dans son aspect informe et incomplet, est pourtant le premier
germe des deux courans centripète et centrifuge de la physiologie
moderne, sans lesquels il nous serait impossible de rien com-
prendre aux fonctions du système nerveux.

Mais ce qui est surtout remarquable, dans Galien, c'est la pré-
cision de ses idées sur le cerveau comme organe des manifestations

HISTORIQUE

psychologiques, tandis que cette opinion est encore très vague
et obscure chez ses devanciers. Son instinct scientifique à cet
égard est si net qu'il se montre le précurseur de Gall en cherchant
à établir un certain rapport entre le volume et la forme de la tête
et certaines facultés intellectuelles. Enfin ce qui montre à-la-fois
la délicatesse et la lucidité de son tact, c'est qu'il met la qualité
de la substance cérébrale bien au-dessus de la quantité.

En ce qui concerne le cervelet, Galien, assez exact, quoique
succinct en anatomie, ne dit rien en physiologie; mais en sait-on,
en réalité, beaucoup plus aujourd'hui? Quant à la moelle épi-
nière, dans son opinion, adoptée encore de nos jours par quel-
ques anatomistes retardataires, elle procède du cerveau comme
la branche vient du tronc, et c'est à ce sujet qu'il s'emporte
contre Philotime, qui a été le précurseur de la science moderne
en soutenant la proposition inverse. Ce n'est pas que les sa-
vans de nos jours y admettent autre chose qu'une simple co-exis-
tence sans aucune génération d'un organe nerveux par un autre;
mais du moins, suivant que je l'ai dit dans le discours prélimi-
naire , ils font de la moelle épinière le fondement du système ner-
veux des vertébrés, dont les organes encéphaliques, comme autant
de superadditions nouvelles, marquent, par leur développement
dans la série animale, la supériorité relative d'une espèce sur une
autre, en s'élevant des vertébrés inférieurs vers les mammifères et
l'homme. Au reste, par une admirable distinction de Galien, qui
révèle en lui le physiologiste expérimentateur, la moelle, simple
en anatomie, est double par ses fonctions, car chacune de ses
moitiés, indépendante de l'autre, préside isolément au sentiment
et au mouvement de son côté. Enfin il dit, d'une manière géné-
rale , que la moelle augmente de volume au niveau de certaines
vertèbres pour subvenir aux besoins des parties auxquelles elle
fournit des nerfs. Un peu plus de précision, et c'est en entier la
belle observation de Desmoulins sur les renflemens de la moelle
en regard des plexus qui en naissent.

En ce qui concerne les nerfs, à part des erreurs nombreuses,
et des lacunes qui devraient l'être bien plus encore dans une
science au berceau , qu'il suffise de rappeler sa théorie, appuyée
de vivisections du plus grand intérêt, sur la distinction des nerfs
du mouvementet du sentiment; théorie dont la résurrection toute
récente fait la gloire de Charles Bell et l'honneur de notre âge.
Ce n'est pas sans étonnement que l'on voit Galien faire des nerfs
moteurs, du moteur oculaire commun,du facial et de l'hypoglosse;
des nerfs sensitifs, du pneumo-gastrique et du glosso-pharyngien ;
et, du trijumeau, un nerf sensitif, qui devient moteur par ses
anastomoses avec le facial.

Tels sont, relativement au système nerveux en particulier, les
faits consignés dans Galien, et qu'il m'a paru convenable de
faire connaître pour montrer la somme de connaissances léguées
parles anciens, sur laquelle a eu à édifier la science moderne,
Véritablement, quand on envisage dans son ensemble la masse
déjà si considérable de notions positives que possédait cet infati-
gable investigateur, et les faits si nombreux de tout genre qu'il a
observés; en considérant la fécondité inépuisable, la sagacité
pénétrante et la subtilité d'esprit avec lesquelles, appuyé sur le
principe de la raison d'être, ou des causes finales, fondé par
Socrate, il a su trouver à chaque organe, des usages divers ,
erronés parfois, mais le plus souvent si vrais ; en voyant que ce
prodigieux érudita reproduit, résumé, discuté, approfondi pour
nous toutes les idées, les observations et les connaissances des sa-
vans et des philosophes de l'antiquité gréco-romaine, comme si,
certain de la durée de son œuvre, et, en même temps, mu par un
 
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