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Bourgery, Jean Baptiste Marc; Jacob, Nicolas Henri [Hrsg.]
Traité complet de l'anatomie de l'homme: comprenant la médicine opératoire (Band 3, Text): Anatomie descriptive et physiologique: Moelle épinière, encéphale, nerfs rachidiens et encéphaliques, organes des sens, larynx — Paris, 1844

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https://doi.org/10.11588/diglit.16409#0043
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SUR LE SYSTÈME NERVEUX CENTRAL.

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pressentiment de la ruine prochaine de la belle et riche civilisa- C'est en Italie , sous la protection de l'empereur Frédéric II, et

tion dont il était le dernier représentant, il se fût empressé d'en avec l'autorisation des papes, que devaient se réveiller les études

rassembler les monumens pour les transmettre en masse à la anatomiques. Mais les premiers efforts, entourés par une foule

postérité; en présence de tant de faits accomplis, non comme de préjugés ne pouvaient être que très lents. Deux siècles après

l'œuvre d'Hippocrate, par l'héritage de huit siècles d'observation, Mundini (i315), le premier qui ait pu disséquer trois cadavres,

mais par les efforts d'un seul homme, on se sent pris d'une ad- Âchillini (i 5oo-i 511) reprend l'étude du cerveau et décrit d'a-

miration respectueuse et d'une vive reconnaissance pour ce fer- Près nature, la voûte à trois piliers, l'infundibulum et lesventri-

tile et beau génie que Cuvier proclame, avec tant de raison, le cules, plus complètement que ne l'avait fait Galien; le premier,

premier médecin de l'antiquité. Et alors, loin de blâmer ou il découvre le nerf pathétique. Un peu plus tard (vers i53o),

d'envier la domination toute-puissante qu'il a exercée, pendant Jacques Dubois , ou le premier Sjlvius, d'abord le maître du

quinze siècles, sur l'Europe moderne qui lui doit tout, on applau- grand Vésale avant qu'il devînt son plus furieux détracteur,

dit sans réserve à cette grande renommée, à cette gloire si pure. s'est rendu célèbre par l'opposition obstinée avec laquelle il

Incertain de ce que serait aujourd'hui la science en Europe, si repoussait, d'après l'autorité de Galien, les travaux de ses con-

l'on n'avait pas eu Galien, on gémit de l'ingratitude dessavans, temporams faits sur la nature.

depuis la renaissance, qui, oublieux des immenses services rendus C'est de cette époque , à la fin de la renaissance, que date

Par ce grand homme, n'ont plus voulu voir dans ses écrits que ses véritablement la rénovation entière de la science de l'homme,

erreurs, comme si l'erreur, inséparable de la science humaine, Des grandsanatomistes qui l'ontillustrée, deux entre autres,par

n'était pas de tous les temps. l'un de ces éclairs de génie qui brillent à divers temps dans

Après Galien , pendant quatorze siècles , à travers les l'histoire, avaient retrouvé, concernant l'étude du système ner-

Arabes et le moyen âge, toute la science consiste à comprendre et veux central, cette voie de progrès déjà entrevue tant de siècles

à commenter du moins mal que l'on peut ses ouvrages. Mais un auparavant, par Philotime, etdans laquelle la science ne devait, en

faiteclatant domine tous les autres; le christianisme s'est emparé toute connaissance de cause, s'engager que de nos jours. Le père

du plus grand résultat de l'œuvre de Galien , et, en adoptant vir- de Fanatomie moderne, résale ( 154a) ( i ), faisant commencer la

tuellement, comme intermédiaire , le cerveau pour l'organe moelle épinière dans le crâne, y rattachait, comme à une tige

des manifestations intellectuelles, a donné, à son point de dé part, nerveuse commune, les couches optiques, les pédoncules céré-

une base nouvelle et inébranlable à la philosophie religieuse et braux, les tubercules quadrijumeaux, la protubérance annulaire

scientifique chez les modernes. Dès l'aurore de la première et le bulbe rachidien (2). Comment une idée si féconde du

renaissance , les savans moines théologiens , les premiers grand maître dont les œuvres, pendant plus d'un siècle, ont

maîtres de la science moderne, s'efforcent pour reconstituer régné sans partage dans les écoles, et qui, plus tard, vase trouver

l'œuvre de l'esprit humain , d'en recueillir les matériaux lé- corroborée par les argumens et les observations des meilleurs

gués par les grands écrivains de l'antiquité grecque , Aris- monographes du cerveau, n'a-t-elle pas été suivie sans interrup-

tote , Hippocrate, Théophraste , Galien, Dioscoride, etc. Mais tion dans la science? Nous verrons plus loin que c'est aux ana-
încapables alors, dit Cuvier, de comprendre dans leur langue tomistes du dernier siècle qu'il faut s'en prendre. En outre, Vésale
originale, tous ces nobles auteurs, dont les manuscrits ignorésdor- distingue, le premier, les deux substances, la grise ou corticale, et

maient auprès d'eux dans la poussière de leurs bibliothèques, on la blanche, ou médullaire; et il réfute le prétendu passage de la
les voit, dans leurs efforts naïfs, s'empresser de nous transmettre, pituite du cerveau dans le nez. Du reste, par la nature de ses re-

dans une troisième traduction de l'arabe en latin, tous les ouvrages cherches de toute sorte sur l'homme, Vésale s'est trouvé na-

des maîtres, déjà fortaltérés par les erreurs etles interpolations des turellement le critique de Galien, mais il ne le fait jamais qu'avec

premiers traducteurs nestoriens et des copistes musulmans, dans réserve; et assurément, c'est à l'âcreté des réponses de ses mala-

les translations précédentes qui en avaient été faites par l'ordre des d roits défenseurs , Sylvius d'abord, et plus tard Riolan, que l'il-

califes Abassides, du grec en syriaque, et du syriaque en arabe. lustre médecin de Marc-Aurèle a dû les attaques si nombreuses

Quoi qu'il en soit, en passant par l'islamisme, la science, encore dont ses erreurs ont été l'objet.

informe de l'organisation, avait revêtu un caractère de spiritua- Parmi les contemporains de Vésale, Guido-Guidi, ou, selon

lisme qu'elle n'avait pas eu chez les anciens. Plein des opinions l'abbé Gouget, Vital-Piduro, plus connu sous le nom de Vidus-
des galénistes arabes, et, en quelque sorte, le chef de leurs traduc- Vidius , et le premier professeur d'anatomie et de médecine ,
teurs latins, le moine dominicain Albert-leGrand qui a entrepris nommé par François Ier au collège de France, fait mention d'un
de traduire, et, dit-il, de refaire en entier l'œuvre d'Aristote qu'il liquide dans les ventricules (liquide cérébro-spinal), et en con-
s'efforce, à l'aide des progrès de la science, de ramener à la philo- state l'existence à la face interne de la dure-mère ; mais Vésale ,
sophie chrétienne, n'oublie pas de rattacher, d'après Galien , les plus exact, le place à la face externe de la pie-mère,
manifestations de l'esprit au cerveau, et indique même les formes Varoli (^70) (3), qui a découvert l'arachnoïde, témoigne

diverses qu'il suppose coexister avec le développement des di- d'un nouveau progrès dans l'étude du cerveau. Vésale, dont

verses facultés. Plus tard ces idées, dont on reconnaît le germe l'exemple a été suivi presque jusqu'à nos jours, découpait le
dans l'œuvre immensede son élève saint Thomas-d'Aquin, passent cerveau par tranches horizontales, de haut en bas, jusqu'aux
de la scolastique dans la médecine d'application; car, Hugues ventricules, et le retournait ensuite pour montrer la prolongation
de Lucques (1295) parle de la guérison d'un homme qui avait de la moelle à sa base. Plus conséquent et mieux inspiré, Varoli,
perdu une grande partie du cerveau, et en particulier, la cellule qui s'est montré en cela le prédécesseur de Willis , Malpighi,

de la mémoire. C'est le dernier terme de la métaphysique de la

renaissance, passé lequel, la science rem.se par le franciscain ^ ^ ^ ^ ^

Roger Racon, dans la voie des anciens, va reprendre desorma1S sa (2) Loc cit lib vn fig. 10.

méthode première expéri mentale. (») *>e resolutione corporis humani. Francofurti, woi.
 
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