90
AXE CÉRÉBRO-SPINAL.
différente dont ces auteurs ont procédé dans leurs expériences,
puisque Chaussier a pesé la moelle et le bulbe, tandis que Meckel
a retranché celui-ci. Toutefois, d'après mes expériences personnel-
les, faites en grand nombre, comme on le verra plus loin à propos
de l'encéphale, je ne sais comment concilier l'opinion de ces au-
teurs; car le poids de la moelle épinière seule , et sans le bulbe,
revient bien à-peu-près à un vingt-cinquième de celui de l'encé-
phale, et avec le bulbe, à un vingtième. Je ne comprends donc pas
où Meckel a pu trouver une approximation si différente. Au reste,
pour compléter ces rapports, le poids de la moelle, dans l'adulte,
est environ le double de celui du bulbe rachidien, avec la protu-
bérance et la moitié correspondante des pédoncules cérébelleux
ou cérébraux. Il n'est que la moitié de celui des couches optiques
et des corps striés; d'où il suit que le prolongement céphalique
pèserait trois fois autant que la moelle. Enfin , le poids du
centre nerveux rachidien est un peu plus du cinquième de celui
du cervelet et le cinquantième de celui des hémisphères céré-
braux. Nous verrons, en traitant de l'encéphale, combien est
importante la signification physiologique qui ressort de ces sim-
ples rapprochemens.
Quant au volume de la moelle comparé à la capacité du canal
rachidien, on voit que cette tige nerveuse est loin de le remplir
exactement, les membranes et le liquide sous-arachnoïdien com-
blant l'espace qu'elle laisse entre elle et les parois osseuses.
Différence du volume de la moelle dans les divers points de
sa longueur. Le volume de la moelle n'est pas le même à toute
hauteur. Fixée à son extrémité lombaire par le ligament caudal
ou coccygien que suit constamment une veine très apparente,
la moelle monte en se renflant presque immédiatement d'une
manière très prononcée. La zone la plus large de ce renflement
se voit à la hauteur de la douzième vertèbre dorsale. A partir de
ce point, elle marche en décroissant jusqu'à la partie supérieure
de la onzième vertèbre; là, prenant un volume uniforme, et
très réduite dans tous ses diamètres, elle s'élève jusqu'à la région
cervicale, où se manifeste un élargissement très sensible. Ce se-
cond renflement, beaucoup plus considérable dans tous ses dia-
mètres que le précédent, mesure toute la hauteur qui sépare la
deuxième vertèbre cervicale de la troisième dorsale; son plus
grand développement en tous sens correspond aux cinquième et
sixième vertèbres cervicales. C'est au-dessus de ce renflement et
au niveau du grand trou occipital que se trouve cette espèce de
sillon ou d'étranglement qui, pour nous, termine la moelle, et
que les auteurs décrivent sous le nom de collet du bulbe. De ces
renflemens, que Desmoulins a démontré correspondre à l'origine
des plexus nerveux des deux membres, celui d'où procède la
queue de cheval a été désigné par les auteurs sous le nom de
bulbe rachidien inférieur, bulbe lombaire ou crural; le supérieur
sous celui de bulbe rachidien moyen, cervical ou brachial. Pour
nous, ne comprenant pas dans les parties constituantes de la
moelle le renflement que les auteurs ont appelé bulbe rachidien
supérieur ou occipital, et devant faire de celui-ci une étude à
part, nous regarderons le bulbe rachidien moyen comme su-
périeur.
Consistance de la moelle. La moelle, examinée après la
mort, présente, d'après Chaussier, une consistance plus grande
que celle du cerveau et du cervelet, moindre que celle de la pro-
tubérance annulaire, égale à-peu-près à celle du bulbe rachidien
proprement dit; mais elle est susceptible d'un ramollissement
beaucoup plus rapide que ces derniers organes et se réduit,
après l'ablation de la pie-mère, en une substance pultacée demi-
fluide. Chaussier admet encore que la moelle a plus de consi-
stance dans l'enfant que dans l'homme adulte, et que ses altéra-
tions sont plus fréquentes dans le jeune âge.
Forme. La moelle, à toute hauteur, est parfaitement symé-
trique. Prise en général, sa forme peut être comparée assez exac-
tement à un cylindre aplati d'avant en arrière, lisse et uni à sa
surface. La forme du cordon médullaire est cependant suscep-
tible de variations, suivant les points où on la considère; et, sous
ce rapport, on pourrait, à l'exemple de certains auteurs, diviser
la moelle en trois portions : 1° les deux renflemens cervical et
lombaire qui marquent l'origine des plexus brachial et lombo-
sacré; 20 le corps, ou portion dorsale intermédiaire, qui unit
les renflemens entre eux, et dont l'aplatissement d'avant en ar-
rière est beaucoup moins prononcé que celui des deux extrémi-
tés, notamment de l'extrémité supérieure ou du renflement bra-
chial. A sa surface, le cylindre médullaire, présente des sillons en
long et en travers. Les sillons longitudinaux divisent la moelle
en autant de reliefs parallèles, les faisceaux, sur lesquels nous
reviendrons plus loin.
Connexions Enveloppée dans toute son étendue par la pie-
mère, qui lui forme une gaine propre et exerce sur elle une légère
compression, circonscrite parles autres membranes d'enveloppe,
et le liquide sous-arachnoïdien , la moelle présente avec le ca-
nal vertébral des rapports médiats : i" en avant avec le grand
surtout ligamenteux postérieur qui la sépare du corps des vertè-
bres et des disques intervertébraux ; i° en arrière avec les lames
vertébrales et les ligamens jaunes ou inter-lamellaires; 3° sur
les parties latérales avec les ligamens dentelés, les origines des
nerfs spinaux, les pédicules des vertèbres et les trous de conju-
gaison; enfin, dans tout le contour avec les sinus veineux rachi-
diens, qui forment un épais réseau dans toute la hauteur du canal.
SILLONS DE LA MOELLE.
Des sillons de la moelle, les uns sont profonds, les autres sont
superficiels; ils ont été distingués en médians et latéraux , et se
voient facilement sur une moelle dépouillée de la pie-mère.
Sillons médians. Ils sont au nombre de deux, l'un antérieur et
l'autre postérieur.
Le sillon médian antérieur règne dans toute la longueur de la
moelle. Cette scissure, au fond de laquelle la pie-mère se réflé-
chit, est marquée par une ligne médiane très visible, qui indique
son entrée ; elle mesure le tiers de l'épaisseur de la moelle ; on
trouve au fond une couche de substance nerveuse blanche cri-
blée de trous, livrant passage à des capillaires sanguins. Cette
couche blanche n'est autre que la commissure antérieure qui
sert à lier l'une à l'autre chacune des deux moitiés de la moelle.
Sillon médian postérieur. Niée par Huber et Keuffel, ad-
mise avec restriction par Haller, affirmée par Chaussier, Blaes,
Pourfour-Du-Petit, Vicq-d'Azir, Gall, l'existence du sillon mé-
dian postérieur est aujourd'hui acquise à la science. Parmi les
anatomistes qui ont professé cette dernière opinion, Chaussier
prétendit que le sillon médian postérieur était moins profond
AXE CÉRÉBRO-SPINAL.
différente dont ces auteurs ont procédé dans leurs expériences,
puisque Chaussier a pesé la moelle et le bulbe, tandis que Meckel
a retranché celui-ci. Toutefois, d'après mes expériences personnel-
les, faites en grand nombre, comme on le verra plus loin à propos
de l'encéphale, je ne sais comment concilier l'opinion de ces au-
teurs; car le poids de la moelle épinière seule , et sans le bulbe,
revient bien à-peu-près à un vingt-cinquième de celui de l'encé-
phale, et avec le bulbe, à un vingtième. Je ne comprends donc pas
où Meckel a pu trouver une approximation si différente. Au reste,
pour compléter ces rapports, le poids de la moelle, dans l'adulte,
est environ le double de celui du bulbe rachidien, avec la protu-
bérance et la moitié correspondante des pédoncules cérébelleux
ou cérébraux. Il n'est que la moitié de celui des couches optiques
et des corps striés; d'où il suit que le prolongement céphalique
pèserait trois fois autant que la moelle. Enfin , le poids du
centre nerveux rachidien est un peu plus du cinquième de celui
du cervelet et le cinquantième de celui des hémisphères céré-
braux. Nous verrons, en traitant de l'encéphale, combien est
importante la signification physiologique qui ressort de ces sim-
ples rapprochemens.
Quant au volume de la moelle comparé à la capacité du canal
rachidien, on voit que cette tige nerveuse est loin de le remplir
exactement, les membranes et le liquide sous-arachnoïdien com-
blant l'espace qu'elle laisse entre elle et les parois osseuses.
Différence du volume de la moelle dans les divers points de
sa longueur. Le volume de la moelle n'est pas le même à toute
hauteur. Fixée à son extrémité lombaire par le ligament caudal
ou coccygien que suit constamment une veine très apparente,
la moelle monte en se renflant presque immédiatement d'une
manière très prononcée. La zone la plus large de ce renflement
se voit à la hauteur de la douzième vertèbre dorsale. A partir de
ce point, elle marche en décroissant jusqu'à la partie supérieure
de la onzième vertèbre; là, prenant un volume uniforme, et
très réduite dans tous ses diamètres, elle s'élève jusqu'à la région
cervicale, où se manifeste un élargissement très sensible. Ce se-
cond renflement, beaucoup plus considérable dans tous ses dia-
mètres que le précédent, mesure toute la hauteur qui sépare la
deuxième vertèbre cervicale de la troisième dorsale; son plus
grand développement en tous sens correspond aux cinquième et
sixième vertèbres cervicales. C'est au-dessus de ce renflement et
au niveau du grand trou occipital que se trouve cette espèce de
sillon ou d'étranglement qui, pour nous, termine la moelle, et
que les auteurs décrivent sous le nom de collet du bulbe. De ces
renflemens, que Desmoulins a démontré correspondre à l'origine
des plexus nerveux des deux membres, celui d'où procède la
queue de cheval a été désigné par les auteurs sous le nom de
bulbe rachidien inférieur, bulbe lombaire ou crural; le supérieur
sous celui de bulbe rachidien moyen, cervical ou brachial. Pour
nous, ne comprenant pas dans les parties constituantes de la
moelle le renflement que les auteurs ont appelé bulbe rachidien
supérieur ou occipital, et devant faire de celui-ci une étude à
part, nous regarderons le bulbe rachidien moyen comme su-
périeur.
Consistance de la moelle. La moelle, examinée après la
mort, présente, d'après Chaussier, une consistance plus grande
que celle du cerveau et du cervelet, moindre que celle de la pro-
tubérance annulaire, égale à-peu-près à celle du bulbe rachidien
proprement dit; mais elle est susceptible d'un ramollissement
beaucoup plus rapide que ces derniers organes et se réduit,
après l'ablation de la pie-mère, en une substance pultacée demi-
fluide. Chaussier admet encore que la moelle a plus de consi-
stance dans l'enfant que dans l'homme adulte, et que ses altéra-
tions sont plus fréquentes dans le jeune âge.
Forme. La moelle, à toute hauteur, est parfaitement symé-
trique. Prise en général, sa forme peut être comparée assez exac-
tement à un cylindre aplati d'avant en arrière, lisse et uni à sa
surface. La forme du cordon médullaire est cependant suscep-
tible de variations, suivant les points où on la considère; et, sous
ce rapport, on pourrait, à l'exemple de certains auteurs, diviser
la moelle en trois portions : 1° les deux renflemens cervical et
lombaire qui marquent l'origine des plexus brachial et lombo-
sacré; 20 le corps, ou portion dorsale intermédiaire, qui unit
les renflemens entre eux, et dont l'aplatissement d'avant en ar-
rière est beaucoup moins prononcé que celui des deux extrémi-
tés, notamment de l'extrémité supérieure ou du renflement bra-
chial. A sa surface, le cylindre médullaire, présente des sillons en
long et en travers. Les sillons longitudinaux divisent la moelle
en autant de reliefs parallèles, les faisceaux, sur lesquels nous
reviendrons plus loin.
Connexions Enveloppée dans toute son étendue par la pie-
mère, qui lui forme une gaine propre et exerce sur elle une légère
compression, circonscrite parles autres membranes d'enveloppe,
et le liquide sous-arachnoïdien , la moelle présente avec le ca-
nal vertébral des rapports médiats : i" en avant avec le grand
surtout ligamenteux postérieur qui la sépare du corps des vertè-
bres et des disques intervertébraux ; i° en arrière avec les lames
vertébrales et les ligamens jaunes ou inter-lamellaires; 3° sur
les parties latérales avec les ligamens dentelés, les origines des
nerfs spinaux, les pédicules des vertèbres et les trous de conju-
gaison; enfin, dans tout le contour avec les sinus veineux rachi-
diens, qui forment un épais réseau dans toute la hauteur du canal.
SILLONS DE LA MOELLE.
Des sillons de la moelle, les uns sont profonds, les autres sont
superficiels; ils ont été distingués en médians et latéraux , et se
voient facilement sur une moelle dépouillée de la pie-mère.
Sillons médians. Ils sont au nombre de deux, l'un antérieur et
l'autre postérieur.
Le sillon médian antérieur règne dans toute la longueur de la
moelle. Cette scissure, au fond de laquelle la pie-mère se réflé-
chit, est marquée par une ligne médiane très visible, qui indique
son entrée ; elle mesure le tiers de l'épaisseur de la moelle ; on
trouve au fond une couche de substance nerveuse blanche cri-
blée de trous, livrant passage à des capillaires sanguins. Cette
couche blanche n'est autre que la commissure antérieure qui
sert à lier l'une à l'autre chacune des deux moitiés de la moelle.
Sillon médian postérieur. Niée par Huber et Keuffel, ad-
mise avec restriction par Haller, affirmée par Chaussier, Blaes,
Pourfour-Du-Petit, Vicq-d'Azir, Gall, l'existence du sillon mé-
dian postérieur est aujourd'hui acquise à la science. Parmi les
anatomistes qui ont professé cette dernière opinion, Chaussier
prétendit que le sillon médian postérieur était moins profond