DOI Heft:
Janvier
DOI Artikel:Guiffrey, Jules: Notes sur la vie privée et les mœurs des artistes au XVIIIe siècle, [1]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.26386#0009
II.
Jean-Marc Nattier1,
peintre de portraits.
L’an 1758, le mardi 3 octobre, du matin, est comparu en l’hôtel et par-
devant nous Nicolas Maillot, etc., sieur Jean-Marc Nattier, peintre ordi-
naire du roi et professeur en son académie royale, demeurant à Paris, porte
de l’Enclos et paroisse du Temple; lequel nous a déclaré que le dimanche,
24 septembre dernier, il lui a été pris dans la poche droite de sa veste en
sortant du spectacle des danseurs de corde établi sur le boulevart, et en
montant l’escalier pour sortir, tenant une rampe pour s’aider à monter, par
un particulier de bonne taille vêtu de noir, à ce que le comparant présume,
sa tabatière d’or émaillée de diverses couleurs et bouquets de roses, entourée
d’une cartouche de différens ors ; laquelle tabatière a deux pouces et demi
de long sur un pouce et demi de large, épaisse d’environ i5 lignes, faite en
carré long et pesant environ un marc. Faisant la présente déclaration pour
servir et valoir ce que de. raison.
Signé : Maillot; Nattier.
(Liasse 3760. Commro Maillot.)
III.
Charles Eisen et Noël Lemire,
dessinateurs de vignettes et graveurs.
L’an iyôg, le dimanche, 2 décembre, sept heures du soir, en l’hôtel et
pardevant nous Jean-Baptiste Thierry, etc., est comparu Charles Eisen2,
peintre dessinateur à Paris, y demeurant quai des Miramionnes, paroisse de
Saint-Nicolas-du-Chardonnet : lequel nous a rendu plainte contre le sieur
Noël Lemire3 * *, graveur, demeurant rue Saint-Jacques vis à vis le collège du
1. Jean-Marc Nattier, le membre le plus fameux d’une famille qui a produit
plusieurs peintres de mérite, était fils de Marc Nattier (i642(?)-i7o5), reçu
à l’Académie en 1676, et frère de Jean-Baptiste Nattier, né en 1678 et exclu
de l’Académie, où il était entré en 1712, le 2g avril 1726. Jean-Marc, né le
17 mars 1685, eut pour ; parrain Jean Jouvenet, entra à l’Académie le 29
octobre 1718 et mourut le 7 novembre 1766, à près de quatre-vingt-deux
ans. Il n’avait pas eu moins de huit enfants. Une de ses filles épousa le
portraitiste Louis Tocqué.
2. Sur Eisen (1727-1778?), on peut consulter la notice de MM. de Con-
court, réimprimée dans le deuxième volume de Y Art au xviii6 siècle (Paris,
Rapilly, 1874, 2 vol. in-8, p. io5-I45). On sait qu’Eisen ne fut jamais admis
à l’Académie. L'irrégularité de sa vie fut sans doute cause de cette proscrip-
tion. Il appartenait à l’Académie de Saint-Luc où il introduisit la discorde en
voulant que le titre d’académicien fût réservé aux seuls peintres-artistes,
tandis que les gens de métier ne pourraient prendre que la qualité de
maîtres. Les deux partis échangèrent de volumineux mémoires imprimés,
très-curieux pour l’histoire de la vieille corporation, et sur lesquels nous
reviendrons quelque jour.
3. Voyez sur Noël Lemire le beau livre de notre confrère, M. Jules Hédou,
qui vient d’être reçu membre de l’Académie de Rouen à la suite de cette
publication (Paris, Baur, 1875, 1 vol. in-8). Lemire a gravé beaucoup de
vignettes d’après Eisen, Gravelot et Moreau. 11 serait assez difficile, pour ne
pas dire impossible, de déterminer quelle estampe devint l’occasion de la
dispute dont nous avons ici le récit.
bul. art fr.
Jean-Marc Nattier1,
peintre de portraits.
L’an 1758, le mardi 3 octobre, du matin, est comparu en l’hôtel et par-
devant nous Nicolas Maillot, etc., sieur Jean-Marc Nattier, peintre ordi-
naire du roi et professeur en son académie royale, demeurant à Paris, porte
de l’Enclos et paroisse du Temple; lequel nous a déclaré que le dimanche,
24 septembre dernier, il lui a été pris dans la poche droite de sa veste en
sortant du spectacle des danseurs de corde établi sur le boulevart, et en
montant l’escalier pour sortir, tenant une rampe pour s’aider à monter, par
un particulier de bonne taille vêtu de noir, à ce que le comparant présume,
sa tabatière d’or émaillée de diverses couleurs et bouquets de roses, entourée
d’une cartouche de différens ors ; laquelle tabatière a deux pouces et demi
de long sur un pouce et demi de large, épaisse d’environ i5 lignes, faite en
carré long et pesant environ un marc. Faisant la présente déclaration pour
servir et valoir ce que de. raison.
Signé : Maillot; Nattier.
(Liasse 3760. Commro Maillot.)
III.
Charles Eisen et Noël Lemire,
dessinateurs de vignettes et graveurs.
L’an iyôg, le dimanche, 2 décembre, sept heures du soir, en l’hôtel et
pardevant nous Jean-Baptiste Thierry, etc., est comparu Charles Eisen2,
peintre dessinateur à Paris, y demeurant quai des Miramionnes, paroisse de
Saint-Nicolas-du-Chardonnet : lequel nous a rendu plainte contre le sieur
Noël Lemire3 * *, graveur, demeurant rue Saint-Jacques vis à vis le collège du
1. Jean-Marc Nattier, le membre le plus fameux d’une famille qui a produit
plusieurs peintres de mérite, était fils de Marc Nattier (i642(?)-i7o5), reçu
à l’Académie en 1676, et frère de Jean-Baptiste Nattier, né en 1678 et exclu
de l’Académie, où il était entré en 1712, le 2g avril 1726. Jean-Marc, né le
17 mars 1685, eut pour ; parrain Jean Jouvenet, entra à l’Académie le 29
octobre 1718 et mourut le 7 novembre 1766, à près de quatre-vingt-deux
ans. Il n’avait pas eu moins de huit enfants. Une de ses filles épousa le
portraitiste Louis Tocqué.
2. Sur Eisen (1727-1778?), on peut consulter la notice de MM. de Con-
court, réimprimée dans le deuxième volume de Y Art au xviii6 siècle (Paris,
Rapilly, 1874, 2 vol. in-8, p. io5-I45). On sait qu’Eisen ne fut jamais admis
à l’Académie. L'irrégularité de sa vie fut sans doute cause de cette proscrip-
tion. Il appartenait à l’Académie de Saint-Luc où il introduisit la discorde en
voulant que le titre d’académicien fût réservé aux seuls peintres-artistes,
tandis que les gens de métier ne pourraient prendre que la qualité de
maîtres. Les deux partis échangèrent de volumineux mémoires imprimés,
très-curieux pour l’histoire de la vieille corporation, et sur lesquels nous
reviendrons quelque jour.
3. Voyez sur Noël Lemire le beau livre de notre confrère, M. Jules Hédou,
qui vient d’être reçu membre de l’Académie de Rouen à la suite de cette
publication (Paris, Baur, 1875, 1 vol. in-8). Lemire a gravé beaucoup de
vignettes d’après Eisen, Gravelot et Moreau. 11 serait assez difficile, pour ne
pas dire impossible, de déterminer quelle estampe devint l’occasion de la
dispute dont nous avons ici le récit.
bul. art fr.