DOI Heft:
Janvier
DOI Artikel:Guiffrey, Jules: Notes sur la vie privée et les mœurs des artistes au XVIIIe siècle, [1]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.26386#0010
— 6
Plessis, et nous a dit que cejourd’hui, sur les cinq heures du soir, ledit
Lemire est venu chez lui lui apporter l’ouvrage que lui plaignant lui avoit
donné à faire de sa profession, et l’ayant examiné pour voir s’il n’y auroit
point de défaut, et après ledit examen fait, le plaignant a dit audit Lemire
qu’il y avoit quelques fautes dans l’ouvrage qu’il avoit fait, lesquelles fautes
il a fait voir audit Lemire, en lui faisant des représentations relativement
auxdites fautes : ledit Lemire, loin de remercier lui plaignant de ses repré-
sentations et de ses avis, s’est aussitôt répandu en invectives contre lui en le
traitant de j... f... et de plat, qu’il n’avoit qu’à descendre avec lui et en outre
il lui a dit en ces termes : « Si je ne respectois ta femme ainsi que tes
enfans, je te passerois mon épée au travers du corps, et je te rejoindrai. »
Non content de ce, il s’est mis en devoir de vouloir tirer son épée contre
lui, et sans plusieurs personnes qui se sont trouvées chez lui, lesquelles per-
sonnes l’ont empêché de tirer son épée, lui plaignant auroit couru risque de
la vie.
Comme il a intérêt d’avoir raison desdites injures et menaces, il a été
conseillé de se retirer par devers nous pour nous en rendre plainte.
Signé : Ch. Eisen; Thierry.
(Liasse 526. Comm" Thierry.)
IV.
Maurice Quentin de La Tour,
peintre de portraits au pastel.
L’an 1763, le samedi 27 août, en l’hôtel et par devant nous Pierre
Chènon, etc., est comparu sieur Maurice Quentin de La Tour x, pension-
naire du roi, Conseiller de l’académie royale de peinture, demeurant aux
Galeries du Louvre à Paris; lequel nous a dit que, jeudi dernier, fête de la
saint Louis, sur les dix heures du matin, en traversant les appartements de
Versailles, il lui a été volé dans la poche droite de sa veste une tabatière de
chasse en or ayant des trophées dont celui de dessus sont des attributs de
la chasse, le dessous des attributs de l’amour, les deux côtés des attributs de
la musique et les deux bouts des rosettes de fleurs. Lesdits attributs en or
de couleur. De laquelle déclaration nous lui avons donné acte.
Signé : Delatour ; Chènon.
(Liasse 633. Comm" Chènon père.)
V.
Louis-Nicolas Blarenberghe,
peintre en miniature.
L’an 1766, le vendredi 3o mai. en l’hôtel et par devant nous Pierre
Chènon, etc., est comparu sieur Louis-Nicolas Blarenberghe1 2, peintre,
1. Il est superflu de rappeler ici toutes les biographies qui ont été consa-
crées au fameux peintre de Saint-Quentin. Evidemment l’artiste allait faire
sa cour à Versailles, peut-être à la marquise de Pompadour, dont il avait
exécuté le portrait en pied en 1705, quand le petit accident dont il se plaint
ici lui arriva. M. Gabriel Charavay a vendu le 18 décembre dernier une très-
curieuse lettre de La Tour, datée du 28 août 1776, relative aux fondations
charitables qu’il avait faites dans sa ville natale, notamment pour le soula-
gement des femmes en couches.
2. Louis-Nicolas van Blarenberghe est le fils du célèbre miniaturiste qui a
Plessis, et nous a dit que cejourd’hui, sur les cinq heures du soir, ledit
Lemire est venu chez lui lui apporter l’ouvrage que lui plaignant lui avoit
donné à faire de sa profession, et l’ayant examiné pour voir s’il n’y auroit
point de défaut, et après ledit examen fait, le plaignant a dit audit Lemire
qu’il y avoit quelques fautes dans l’ouvrage qu’il avoit fait, lesquelles fautes
il a fait voir audit Lemire, en lui faisant des représentations relativement
auxdites fautes : ledit Lemire, loin de remercier lui plaignant de ses repré-
sentations et de ses avis, s’est aussitôt répandu en invectives contre lui en le
traitant de j... f... et de plat, qu’il n’avoit qu’à descendre avec lui et en outre
il lui a dit en ces termes : « Si je ne respectois ta femme ainsi que tes
enfans, je te passerois mon épée au travers du corps, et je te rejoindrai. »
Non content de ce, il s’est mis en devoir de vouloir tirer son épée contre
lui, et sans plusieurs personnes qui se sont trouvées chez lui, lesquelles per-
sonnes l’ont empêché de tirer son épée, lui plaignant auroit couru risque de
la vie.
Comme il a intérêt d’avoir raison desdites injures et menaces, il a été
conseillé de se retirer par devers nous pour nous en rendre plainte.
Signé : Ch. Eisen; Thierry.
(Liasse 526. Comm" Thierry.)
IV.
Maurice Quentin de La Tour,
peintre de portraits au pastel.
L’an 1763, le samedi 27 août, en l’hôtel et par devant nous Pierre
Chènon, etc., est comparu sieur Maurice Quentin de La Tour x, pension-
naire du roi, Conseiller de l’académie royale de peinture, demeurant aux
Galeries du Louvre à Paris; lequel nous a dit que, jeudi dernier, fête de la
saint Louis, sur les dix heures du matin, en traversant les appartements de
Versailles, il lui a été volé dans la poche droite de sa veste une tabatière de
chasse en or ayant des trophées dont celui de dessus sont des attributs de
la chasse, le dessous des attributs de l’amour, les deux côtés des attributs de
la musique et les deux bouts des rosettes de fleurs. Lesdits attributs en or
de couleur. De laquelle déclaration nous lui avons donné acte.
Signé : Delatour ; Chènon.
(Liasse 633. Comm" Chènon père.)
V.
Louis-Nicolas Blarenberghe,
peintre en miniature.
L’an 1766, le vendredi 3o mai. en l’hôtel et par devant nous Pierre
Chènon, etc., est comparu sieur Louis-Nicolas Blarenberghe1 2, peintre,
1. Il est superflu de rappeler ici toutes les biographies qui ont été consa-
crées au fameux peintre de Saint-Quentin. Evidemment l’artiste allait faire
sa cour à Versailles, peut-être à la marquise de Pompadour, dont il avait
exécuté le portrait en pied en 1705, quand le petit accident dont il se plaint
ici lui arriva. M. Gabriel Charavay a vendu le 18 décembre dernier une très-
curieuse lettre de La Tour, datée du 28 août 1776, relative aux fondations
charitables qu’il avait faites dans sa ville natale, notamment pour le soula-
gement des femmes en couches.
2. Louis-Nicolas van Blarenberghe est le fils du célèbre miniaturiste qui a