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Bulletin de l' art pour tous — 1887

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No 13 (Janvier 1887)
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https://doi.org/10.11588/diglit.22346#0002
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BULLETIN DE L'ART POUR TOUS

N° 13

dition. Il n'y a guère de chartes royales, en faveur
des métiers de Paris, au xne siècle ; elles de-
vinrent plus fréquentes au xin° ; mais c'est dans
le xive que tous les métiers en demandèrent.
Philippe-Auguste, à qui Paris fut redevable de
son agrandissement et de beaucoup d'embellis-
sements, paroît avoir approuvé les statuts de
plusieurs corporations d'art el de métiers ; mais
les artisans qui les avoient reçus les ont laissé
perdre. Ils les invoquèrent dans la suite, sans
pouvoir les produire.

sente ce prévôt comme le législateur de l'in-
dustrie parisienne, comme l'auteur de réglemens
parfaits, et même comme le fondateur et l'orga-
nisateur des communautés d'artisans. Ce n'est

levés au nom du Roi, sur l'entrée des denrées et
marchandises, puis les titres sur lesquels les
abbés e( autres seigneurs fondoient des privi-
lèges dontils jouissoientdans l'intérieur de Paris.

postérité. Nous avons vu que les communautés
existoienl avant le règne de Louis TX (1), el
qu'elles avoient des réglemens, des us et coutumes
auxquels elles étoient tenues de se conformer;
d'ailleurs la législation du moyen âge consistoil
moins à prescrire des règles nouvelles qu'à

Après le règne de Philippe-Auguste, la police donner une sanction légale aux usages pratiqués

de Paris fut mal faite : la prévôté étant affermée, dePuls long-temps et éprouvés par l'expérience,

devint une charge vénale, et fut exercée par des Voilà ce que fit aussi Boileau à l'égard des

hommes incapables, quelquefois par deux pré- communautés d'arts et métiers de Paris: il éta-

vôts à la fois. Les bourgeois ne trouvoient plus j blit au Châtelet des registres pour y inscrire les

ni justice, ni sûreté dans la ville où résidoit le j règles pratiquées habituellement pour les maî-

Roi. Après son retour de la première croisade, trises des artisans, puis les tarifs des droits pré-

qui, malheureusement retarda de beaucoup les j

réformes utiles, Louis XI sentit la nécessité de j

reconstituer la prévôté de manière à donner à , Le P™°*cte™qui Pa,rle des m^ie!'s remonte

" a 1 année 1061. On le trouve a la page 104 du premier

cette première magistrature de la capitale la volume du Recueil général des anciennes lois françaises,

force et la considération nécessaires. En consé- depuis l'an 42.0 jusqu'à la Révolution de 77Sg,parMM. Isam-

quence, il abolit la ferme, sépara la prévôté delà bert> Decrusy et Taillandier. Paris, Belin, 1822-1833.

recette du domaine, dont il restreignit la juri- f™\ i^i L°Hgin:l1 Al cf acte a dû, ét,re rédlf en

1 latin. La traduction appartient au règne de Louis XI, qui

le confirma par lettres du l«r décembre 1464. Le voici :

« Lettres en faveur des maîtres huiliers de Paris qui les
agrège au corps des jouissons du bénéfice
du regrat (vente au détail].

diction à la police et à la justice en première ins-
tance. 11 choisit, en 1258, pour être prévôt, un
homme recommandable, Etienne Boileau, bour-
geois notablede Paris, elunvèritableprudhomme,

suivant le langage du temps. j » Louvres en Parisis. Juillet 1061,1" du règne, Philippe

Nous ne savons que peu de détails de la vie de
ce magistrat, qui justifia pleinement la confiance

qu'il avoit inspirée à son souverain. Louis IX,
venant quelquefois s'asseoir à ses côtés quand
ce prévôt rendoit la justice au Châtelet, prouva
combien il honoroit les fonctions dont il l'avoit
revêtu. On lit dans un ouvrage, composé deux
siècles après le règne de ce prince, que Boileau

maintint une police si sévère, qu'il fit pendre » Donné à Louvres en Parisis, au mois de juillet, l'an de

grâce mil soixante-un, et de nostre regnement le premier

pas là le mérite qui recommande son nom à la J Les corporations d'artisans représentées par

leurs maîtres-jurés ou prudhommes, comparurent
l'une après l'autre devant lui au Châtelet, pour
déclarer les us et coutumes pratiqués depuis un
temps immémorial dans leur communauté, et pour
les faire enregistrer dans le livre qui, désormais,
devoit servir de régulateur, de cartulaire de l'in-
dustrie ouvrière. Un clerc tenoit la plume et
enregistroit sous les yeux du prévôt les dépo-
sitions des traditions et pratiques du métier.
Aussi, dans la plupart de ces réglemens, on dé-
clare au début qu'on va exposer les us et cou-
tumes, et plusieurs se terminent par une adresse
au prévôt, pour lui signaler des abus à redresser
ou des vœux à exaucer. Tous ces réglemens sont
brefs et dégagés du verbiage qui enveloppe et
embrouille les réglemens des temps postérieurs.
A Etienne Boileau est peut-être due la forme de
ces réglemens ; en magistrat habile, il a pu veiller
à ce qu'ils fussent rédigés d'une manière claire
et précise, el à peu près uniforme. Ce type est
si prononcé qu'il n'est pas dificile de distinguer
un règlement des Registres d'Étiennc Boileau
de ceux qui ont été faits sous la prévôté de ses
successeurs.

Boileau a donc le mérite incontestable d'avoir
rassemblé les us et les coutumes des métiers tels
qu'on les suivoit à Paris, et tels qu'ils lui étoient

par la grâce de Dieu, roy de France; à tous présens et
advenir, salut, honneur et dilection, etc..

» Mandons à noz Justiciers et officiers de nostre Chas-

teliet de Paris y avoir égard de par nous, et nostre auto- J déclares par les notables de chaque communauté

rite royal, et aux fermiers de nostre domaine de fournir à
chacun des dicts maistres chandeliers-huiliers, les expé-
ditions requises et nécessaires, et que nous voulons utile-
ment estre distribuées à cet égard sans qu'il soit besoin
d'autre mandement ni permission; car tel est nostre vou-
loir et franche volonté.

même son filleul coupable de vol, et un de ses
compères, convaincu d'avoir nié un dépôt d'ar-
gent qui lui avoit été confié.

Ce qui est mieux avéré, c'est l'influence que
Etienne Boileau exerça sur les corporations :
c'est du temps de sa prévôté que datent les rè-
glements d'arts et métiers de la ville de Paris.
Il faut détruire d'abord une erreur généralement
répandue et journellement reproduite. On repré-

II a donné un corps, une existence matérielle, à

des règles qui n'avoient jamais été recueillies, et

dont plusieurs n'avoient peut-être pas même été

écrites. Si, dans la suite, on a conservé, malgré

les progrès delà législation, le fond de plusieurs

de ces réglemens, c'est qu'ils étoient le fruit d'une

. . longue expérience et éprouvés par le temps: ils
» (signe) le Roy présent; Baudoin, evesque d Orléans; „„ , 1 „ i- ■ . , , ,

n- 11 ■ 1 c • . n -in V avoient reçu la sanction qui manque à des réole-
Pierre, abbe de Saint-Germain-des-Prez; et par comman- • ■ 1 1 4U '""'"-r^ " ucsie^ic

dément du Roy, sire Robert de Juilliers. Scellé en plomb, mens inventes dans le cabinet cl un législateur

en lacs de cordons blancs. » I qui a dédaigné de consulter la pratique.

Certaines corporations faisaient remonter leur existence

jusqu'à la première moitié du vin0 siècle. Etienne Boileau,

au titre XLVII1, qui concerne les maçons, les tailleurs de

pierres, les plastriers et les morteliers, écrit (p. 111) : « Li

mortclliers sont quitte du gueit, et tout tailleur de pierre,

très (depuis) le tans (temps de) Charles Martel, si corne li

preudome l'en (l'ont) oï dire de pere à fil (fils). »

G.-B. Depping.

Collection des Documents inédits sur l'histoire de France.

(A suivre.)

D. _ Écoles de Dessin. temps, et qui [se met en apparence également pour la j remettre sa souveraineté entre les mains d'un collège

question qui nous occupe. d'académiciens artistes, qui, une fois ses membres sanc-

On a presque partout cherché dans ce qu'on appelle les j - lionnes, trouvera constamment les moyens de se com-

« Écoles de Dessin » un moyen efficace d'enseignement

d'art, mais on les a fort inopportunément divisées en divers j E> _ Ateliers d'Apprentissage manuel
degrés et hiérarchies, ainsi qu'il a été dit plus haut.
L'expérience a prouvé qu'elles ne suffisaient pas. Je pense

pléter de lui-même. D'où il s'ensuit qu'il mettra l'art et le
goût entièrement sous le joug, et qu'il le fera entrer par
force dans une voie déterminée, invariable; ou, ce qui est
encore à prévoir et à craindre, que bienlôt un conflit entre
l'art académique et le goût de l'époque ne vienne à naître,

Nous atteindrons ce but en organisant sur l'heure l'En-

que des exercices classiques de cette nature ne doivent pas J seignement manuel, le seul utile pour l'avenir de nos arts.

être le principal moyen d'éducation de jeunes apprentis Ici aussi les éléments existent, et heureusement qu'en j et ne donne Heu à des^vénementVfâcheux

d'art, mais qu'ils doivent se borner au cas où ils deviennent Angleterre nous possédons, du moins quant à la forme, ce Lg caractère britanniquej si sain et gi indépendant est

nécessaires, à cause de la grande dépense de matériel que nous désirons et ce qu'il nous faut. Mais de graves abus

d'enseignement, et de l'installation que réclame leur emploi, qui se relient à des causes plus générales déjà citées, et qu'il

et qu'ils ne doivent en quelque sorte prendre que les heures n'est pas absolument indispensable de laisser subsister

de repos des étudiants. Le dessin d'après le modèle vivant ici, sont la cause que sur le bon sol il a poussé plus d'ivraie

ou d'après le plâtre doit, par exemple, se faire le soir, à la que de bon grain.

F. — Concours.

lumière du gaz et dans des espaces spécialement disposés
pour cela. L'élève doit apprendre à reconnaître dès le début
que le dessin, dans la plupart des cas, n'est qu'un moyen

et non un but. Pour devenir un dessinateur pratique, il faut J Outre les trois moyens susnommés : collections, confé-

qu'il s'approprie le dessin en tout ce qui concerne l'exer- rences et ateliers, il convient d'en considérer un qua-

cice de la spécialité qu'il a choisie. Je pense avoir ici, trième, qui est l'organisation des distinctions qui cons-

quoique d'une façon un peu lourde, mais du moins com- talent l'habileté et le progrès. Il est aussi dangereux

préhensible, indiqué ce que je tiens pour le fond essentiel qu'efficace : il a servi jusqu'ici dans d'autres pays aux

de l'insuffisance de nos écoles de dessin pour ce qui j hiérarchies des professeurs comme moyen de propagation
concerne l'avenir de l'art et de l'industrie.

garant que de telles influences, pour l'écartement des-
quelles les Français luttent depuis si longtemps, ne pous-
seront aucune racine ici.

Les récompenses et distinctions publiques ont encore
d'autres côtés délicats qui commandent une grande pru-
dence dans l'application d'un moyen d'exciter l'émulation
aussi direct et aussi matériel.

G. — L'Emplacement du Musée-Atelier-Ecole.

Nous avons déjà plusieurs projets pour utiliser le « Palais
de Cristal. » Rien n'est plus facile en effet que défaire de
pareilles propositions. Car cet espace immense, ce vide
(voir la note à la fin) couvert en verre, convient à tout ce
qu'on veut y mettre : pourtant la partie non couverte de

de leurs systèmes et comme point d'appui à leur domina-
Le tout est de réunir de nouveau ce qu'une fausse j tion.
théorie a jadis séparé. Ceci est un besoin général de notre Dans tous les concours, et notamment dans des ques- j Hyde-Park ne supporterait pas aussi patiemment une

lions de choix qui concernent le goût, cette question sub- adaptation quelconque.

siste toujours : « Qui est juge? » Il n'y a que l'opinion On me pardonnera donc si par ma proposition je mets

à compléter par un autre qui montrerait (pour me servir d'une , ,

antithèse hardie) les arts dans leur application aux connaissances publique, il n y a que le peuple qui puisse être reconnu

pratiques. comme tel, quand il s'agit de préférences et de choix

Pour ce système d'enseignement, dont l'organisation n'offre au- , ,- , , , ^

cune difficulté, il y a cinq chaires à crée," correspondant aux Publlcs> comme c était le cas chez les Grecs,

quatre musées de l'industrie d'art et ù leur action commune, à On a voulu récemment faire décider ces sortes de ques-

savoir

Art

1° La Céramique \ , ,

„. , ,r..J...^.-7rr.....-,. I dans le sens

tions, pour l'Angleterre (et l'Amérique du Nord aussi), par

2» L'Industrie Textile ( sens un ressort exclusif d'artistes; je crois que c'est bien

encore une fois à l'épreuve la patience du lecteur. Je ne
crois même pas que cette proposition soit neuve; pourtant,
par ce qui précède, elle acquiert une sorte de caractère
individuel.

Les quatre collections technologiques d'art dont l'utilité
pour la formation d'un goût populaire a été montrée, récla-

apphque < 3o La ^enu{seriCt |a charpenterie \ ^ le [ori nieraient des espaces considérables, qui seraient tout trou-

5« Irehili^ comparée: Action" commune des quatre" Ïrnents Mieux vaut, et je me permets de répéter encore une Ibis \ vos dans cet édifice, lequel serait ainsi presque rendu à sa

ci-dessus, sous la présidence de l'architecture. cette assertion, laisser le jugement public continuer de destination primitive, s'il recevait une telle destination

Nota.— Voir [ Architecture comparée de l'auteur (Brunswick. , ? , . _ „ »___.... ,r „ „ .. ''. ' ~, . .

Vieweg et fils, 1852) el les Quatre éléments de l'architecture, du j P°rter a faux> comme cela est malheureusement arrive (La fin au Bulletin de Février.)

même (ibid.). 1 maintes fois dans des cas importants, que de consentir à I

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