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Bulletin de l' art pour tous — 1887

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No 21 (Septembre 1887)
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https://doi.org/10.11588/diglit.22346#0018
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BULLETIN DE L'ART POUR TOUS

N° 21

antérieures à celles connues qu'on supposait les plus
anciennes.

Le Panorama du Centenaire. — A l'occasion du
Centenaire de la Révolution de 1789, deux peintres
bien connus, MM. Alfred Stevens et H. Gervex, ont
préparé les cartons d'une colossale composition, qui
embrasse la période des cent ans écoulés et ne com-
prend pas moins de dix-huit cents personnages célè-
bres dans la politique, les arts, l'industrie, la science,
l'armée, etc. MM. Stevens et Gervex ont obtenu de j
l'État la concession d'un coin des Tuileries pour y
exposer pendant six mois leur panorama du Cente-
naire, qui sera un attrait de plus pour les fêtes de 1889.

ÉTRANGER

A Dresde, une Exposition internationale d'aqua-
relles, pastels et dessins, a été ouverte le 15 août. Cette
exposition, très importante, ne comprend pas moins
de 2,500 œuvres. La France et l'Angleterre se sont
abstenues, mais l'Italie, la Belgique et la Hollande y
ont contribué pour une part considérable.

A Madrid, l'Exposition nationale des beaux-arts,
qui a lieu tous les trois ans, a été ouverte cette année,
pendant les mois de juin et de juillet, dans le nou- j
veau Palais de l'Industrie et des Arts, qu'elle inaugu-
rait, et dont les architectes sont MM. Fernando de la
Torriente et Emilio Boix y Merino.

Les tableaux, aquarelles, dessins et gravures expo-
sés cette année sont au nombre de 853; 74 oeuvres
de sculpture et 16 projets d'architecture seulement
complètent l'ensemble et forment un total de
943 œuvres reçues, sur 1,006 œuvres qui avaient été
présentées au jury d'admission.

Le Musée de Bruxelles vient de faire une acqui-
sition importante. Il s'agit d'un grand paysage de
Rubens dans lequel s'encadre l'épisode mythologique
de la chasse du sanglier de Calydon. Ce n'est pas
seulement une œuvre remarquable et précieuse par
sa qualité ; elle est encore intéressante par son origine.
Ainsi que le rappelle Smith clans son Catalogue rai-
sonné, elle faisait partie de la collection de tableaux
qui ornaient la maison de Rubens et furent vendus
après sa mort. Elle est, en effet, inscrite dans le ca-
talogue de la vente imprimé sous ce titre : « Spécifi-
cation des peintures trouvées à la maison mortuaire
de feu messire Rubens, chevalier. Anvers, 1640. » Elle
porte le numéro 131 de l'inventaire, avec cette dé-
signation : « Un grand bois au naturel avec la chasse
d'Atalante en petites figures. »

A Londres, un tableau dernièrement acheté chez
un marchand de bric-à-brac de cette ville, a été
soumis à sir Frédérick Burton de la « National Gal-
lery. »

Malgré le mauvais état de la toile, celui-ci fut frappé
de sa beauté et sa valeur.

Le tableau, qui est un paysage avec figures, mesu-
rant 09 pouces sur 45, a été reconnu pour un Claude
Lorrain et de sa meilleure manière.

Deux cartes célestes d'Albert Durer ont été pré-
sentées par le directeur de l'Observatoire de Vienne,
M. Weiss,au congrès international d'astronomes à Kiel.
Ces deux cartes célestes ont été dressées à Nurem-
berg, en 1512 et 1515, par l'astronome de la cour de
l'empereur Maximilien Ier. La partie artistique de ces
pièces est l'œuvre du célèbre Albert Durer, qui s'est
conformé en tous points aux indications de Ptolémée
Almagest. A part quelques exceptions, les positions
des étoiles sont indiquées avec une grande exactitude.

A Lausanne, il vient de se former un comité pour
la restauration du château de Chillon, afin de l'uti-
liser pour la création d'un musée historique.

La Galette de Lausanne publie un appel de ce co-
mité ouvrant une souscription publique destinée à
couvrir les frais de l'entreprise.

A San-Francisco, le New-York World rapporte
que M. Adolphe Sutro a résolu d'offrir à la ville une
statue colossale de la Liberté.

Le monument sera en marbre et aura une hauteur
totale de 40 pieds, y compris le piédestal. La Liberté j
sera représentée foulant aux pieds l'Anarchie.

L'emplacement choisi pour ce monument est une
des deux collines qui se trouvent à l'extrémité de
Market street et dominent la baie de San-Francisco

et l'entrée de l'Océan Pacifique. Cette colline, pres-
que à pic, s'élevant de 960 pieds au-dessus du niveau
de l'Océan, la lumière électrique, qui sera placée
dans une torche tenue par la statue, se trouvera ainsi
à une hauteur de 1,000 pieds. Ce projet est déjà en
voie d'exécution.

Les nouveaux Monuments commémoratifs

A ajouter à la liste des statues et monuments com-
mémoratifs donnée clans notre dernier numéro :

La statue de Dummacus, œuvre de M. Noël,
d'après une figure de David d'Angers, qui fait partie
du monument du roi René, se dresse depuis le 28 août,
aux Ponts-de-Cé, au cœur même du pays des anciens
Andécaves, que le brenn défendit, il y a deux mille
ans, contre les lieutenants de César.

Le même jour avait lieu, à Chamounix, l'inaugura-
tion du Groupe de Saussure et du Guide Balmat,

œuvre de M. Salmson, sculpteur à Genève.

La statue de Voltaire, œuvre de M. Syamour, a
été inaugurée à Saint-Claude, le 4 septembre.

La statue de Victor Massé, inaugurée le même
jour à Lorient, est l'œuvre d'Anlonin Mercié.

La commission d'initiative et d'exécution de la
statue de Balzac, à Tours, publie l'avis suivant :

La souscription est officiellement ouverte à dater
du 1e1' septembre 1887. En conséquence, foule per-
sonne qui désirerait souscrire ou se charger d'une
liste de souscription est priée de s'adresser au doc-
teur Fournier, maire de Tours, président de la com-
mission.

Hrchéologie

Fouilles de Mantinée. — On vient de transporter
à Athènes trois grands bas-reliefs trouvés dans les
fouilles de Mantinée et représentant la lutte musicale
entre Apollon et Marsyas, au moment où ce dernier
veut se mesurer, sur la flûte phrygienne, avec le dieu
de la Musique ; Apollon est représenté entouré des
muses arbitres et tenant sa lyre — la fameuse cithare
— entre les mains. Tout porte à croire que cette œuvre
de sculpture est celle dont parle Pausanias et qui
ornait le socle des statues d'Apollon et d'Artémis,
dues au ciseau de Praxitèle. Ces bas-reliefs, une des
plus belles productions de l'art antique, sont une
précieuse acquisition pour le musée central d'Athènes.

Frises du temple de Magnésie. — M. Démos-
thène Baltazzi vient de découvrir dans les marécages
situés autour du temple d'Artémis Leucophryne, à
Magnésie de Méandre, douze frises nouvelles appar-
tenant au grand ensemble décoratif dont la partie la
plus considérable a été rapportée au Louvre par
Texier. Ces frises représentent des combats de Grecs
et d'amazones.

M. Baltazzi, clans une lettre adressée à M. Salomon
Reinach, ajoute que ces frises vont être photogra-
phiées et moulées.

Au cours de ses recherches, qui, cette année, ont
été favorisées par une sécheresse exceptionnelle,
M. Baltazzi a aussi découvert un grand nombre d'ins-
criptions assez étendues.

La statue de Rhamsès II à Memphis.— Enfouie
depuis des âges dans la vase qui couvre les ruines
de Memphis, cette statue vient d'être remise debout,
de façon à la soustraire à l'action des inondations
périodiques du Nil. Elle est en pierre blanche ayant
l'aspect du marbre, et sa hauteur est d'environ
18 mètres. Son état de conservation est parfait; aussi le
British Muséum s'est-il empressé de la réclamer comme
sa propriété, le capitaine Caviglia cl M. Sloane qui
l'avaient découverte lui en ayant fait don. La question
ayant été déférée au commissaire anglais, sir John
Baring,il refusa,à son grand honneur, d'en permettre
l'enlèvement, ne trouvant pas que les titres de
possession du British Muséum fussent suffisamment
établis. Indè ira de M. W. I. Loptie qui, écrivant au
Times, trouve qu'il n'y a pas lieu de discuter, mais
d'agir avant qu'il soit trop tard. « Cette statue n'est
d'aucune valeur pour l'Egypte, qui est peuplée de
statues de Rhamsès, elle y serait certainement
mutilée, peut-être même entièrement détruite, tandis

que ce serait une précieuse addition aux collections
du British Muséum, où elle ferait si bon effet sous le
grand portique. » Cette méthode pour augmenter une
collection, même les admirables collections du British
Muséum, semble quelque peu sans gène et rappelle
trop le procédé de lord Elgin. — H.

Les mosaïques de Sousse. — Dans la séance du
5 août de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,
M. Perrot a présenté à l'Académie une réduction des
mosaïques découvertes à Sousse (ancienne Hadru-
mète), il y a quelques mois (1), par M. de La Blanchère,
directeur du service beylical des antiquités et des arts
en Tunisie, et a donné lecture du rapport que celui-ci
adressa à l'Académie sur ces différents monuments,
ayant peu de valeur au point de vue archéologique,
mais offrant de l'intérêt comme provenant de l'école
d'IIadrumète, l'une des plus célèbres de la mosaïque
romaine.

Le régiment de tirailleurs, auquel les fouilles de
Sousse ont dû la plupart de leurs découvertes, a été
mis en possession de deux des mosaïques qui en pro-
viennent. Ces pièces représentent, l'une une pan-
thère, l'autre des chevaux que viennent couronner
des génies. Elles sont toutes deux destinées à déco-
rer la salle d'honneur du régiment.

La troisième mosaïque trouvée à Sousse est de plus
grandes dimensions : 13 mètres sur 10 mètres environ.
Ce monument plus important a été transporté au
musée du Bardo, à Tunis. Il représente le cortège de
Neptune porté sur un char attelé de quatre chevaux
marins. Des médaillons de néréides et une bordure
ornée de fleurs et de fruits entourent celte vaste
composition.

TRIBUNAUX

Une saisie de Tableaux

Le président des référés vient de statuer sur une
contestation qui soulevait une question intéressante.

M. Charlemont, artiste peintre, a reçu l'an passé
du Gouvernement austro-hongrois la commande de
trois tableaux destinés à la décoration du théâtre im-
périal de Vienne. Il fit le Songe d'une nuit d'été', Apol-
lon et les Muses, Iphigénie en Aulide. Les toiles furent
livrées à l'ambassade austro-hongroise, qui, avant de
les faire partir, s'entendit avec VUnion centrale des
Arts décoratifs pour en faire une exposition publique.

Le Gouvernement français accorda même à l'am-
bassade une salle au palais de l'Industrie.

Mais à peine l'exposition était-elle commencée,
qu'un banquier, M. Delamotte, créancier de l'artiste,
| faisait pratiquer une saisie-arrêt sur les tableaux.

L'ambassade d'Autriche-Hongrie, représentée par
son avoué, Me Jacob, a soutenu que l'opposition pra-
tiquée ne pouvait subsister en raison de la fiction
d'exterritorialité et des immunités de juridiction dont
jouissent les ambassades et les Gouvernements étran-
gers. M° Thorel, avoué, s'est présenté pour M. Dela-
motte.

M. le président des référés a donné raison à l'ambas-
J sade et ordonné la discontinuation des poursuites.

A

Contrefaçon

Un M. C... avait vendu au prix de 15,000 francs,
à un marchand d'antiquités, M. L..., une sorte de
buire en orfèvrerie paraissant dater de l'époque de
la Renaissance.

L'acte de vente était ainsi conçu : « Reçu 15,000 francs,
valeur en un objet en argent ancien, existant dans ma
famille depuis plus de soixante ans. »

Or, les amateurs déclaraient que cet objet d'art
était simplement une contrefaçon toute récente d'un
vase ancien. M. L... attaqua alors son vendeur en
résiliation de vente. Des experts furent nommés :
M. Darcel, directeur du musée de Cluny, M. le baron
Pichon et M. Froment-Meurice, à l'effet de dire à
quelle époque pouvait remonter la falsification de la
pièce.

Il fut reconnu que la fameuse buire n'avait pas
plus de trente ans de date, et que, par conséquent,
elle ne pouvait être depuis soixante ans dans la
famille de M. C... Aussi le tribunal a-t-il donné gain
de cause à M. L .. et condamné M. C... à rembourser
les 15,000 francs et à payer tous les frais du procès.

(1) V. Art pour Tous, Bulletin n» 16, avril 1887.
 
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