LÂRTPOUR-TOUS
FNCrCLOP£DJ£ I)F L'ART INDUSTRIEL ET DECORATIF
•paraissant to'us les 110-01.5
Emile Reiber
Directeur - Fondateur
1861-64
k\.Likrairie des Imprimeries réunies
Aruciena^taison 7W
29e Année ^ Février 1890
C. Sauvageot j Ëmile Reibek
Directeur Directeur
i865-85 i886-8g
L'EXPOSITION RETROSPECTIVE
de
BULLETIN DE FÉVRIER 1890 j siècle. Saluons, en entrant, cette merveilleuse j style et par son dessin, cette petite plaque de
époque du Primalice, de Jean Goujon, de Pierre J quelques centimètres, [et M. Foule me disait
Lescotelde Germain Pilon!
Ici nous sorlons des œuvres de l'art sacerdotal,
et pour la première fois apparaissent en grand
nombre les instruments de la vie civile.
Les années, en s'accumulant, étalent lentement
L'Art Français au Trocadéro
Suite (\) Et, tout d'abord, la grande querelle des céra
misles. D'où sont-elles, ces charmantes faïences
Henri II, au ton blanc laiteux, ornées d'entrelacs,
d'arabesques et de fleurons ciselés dans la pâte?
sur les objets une paline inimitable qui éteint les ■ • ... , 1 n ,T.
J 1 1 Benjamin l'illon dit d Oiron, Edmond Bonnalfe
surfaces Irop brillantes el les mel toutes en va- er , c . n , . „ .
1 affirme de Saint-Porchaire. I ous les deux citent
leur. Aussi, ne puis-ie que déplorer la grosse . .
' 1 J 1 1 leurs auteurs. Le premier prouve leur lieu de la-
bévuecommise à l'endroit du reliquaire de sainte . . . . , .
1 , i bricalion a Oiron par une lettre de ( Jaude Goul-
Aldegonde de Maubeuge. un cvlindre supporte
b 1 lier rencontrée dans les archives de la chatelle-
nie d'Oiron. Le second arrive au môme
résultat pour Saint-Porchaire, par l'inven-
taire du château de Thouars fait à la mort
de François de la Trémoille, et dans lequel
sont mentionnés quelques objets « de terre
de Saint-Porchaire », une coppe (coupe) el
deux salières soigneusement enfermées
dans une gaine. En résumé, MM. Fillon et
Bonnaffé, qui ne peuvent s'accorder, sont
néanmoins d'accord sur ce point, que l'a-
telier de fabrication de cette précieuse
faïence devait se trouver sur les confins
du Poitou et de la Vendée.
Si l'auteur des faïences Henri II est resté
inconnu, Bernard de Palissy, lui, est le
potier le plus populaire de notre pays. Il fut Croix processionnelle du ro siècle (église (le Saint-Jean
un admirable chercheur, et il a raconté
lui-même la lutte terrible où il cuida entrer
iusques à la porte du sepulchre, car, pauvre,
ruiné, sans argent, il lui fallut une fois
brûler les tables et une autre fois le plan-
cher de sa maison pour alimenter son four.
Le baron Alphonse de Rothschild, el quel-
ques autres amateurs, ont exposé de fort
beaux spécimens des rustiques figulines :
plats à reptiles, moulés sur nature, cor-
beilles ajourées, bassins avec creux des-
tinés à recevoir les épices; en un mot,
quatre du voile de sainte Âldegoncte (des Dame3 Ursulines de Maubeuge).
toutes les manières du grand potier, jus-
Par des anges, et de la chasse gothique de saint j qu'aux plats à figures, commela Diane chasseresse,
Nicolas d'Amiens. Ces deux monuments du i que j'aime moins, car Palissy n'élail pas un sculp-
Passé, dont le cuivre doré, ravivé par le frotte- i teui", ma|s un ornemaniste d'un immense talent,
ment, brille aujourd'hui comme un sou neuf, ont Qunnt aux statuettes, « ces petits marmousets de
Perdu, selon moi, tout leur caractère el délon- la poterie », le Joueur de Vielle et la Petite Nuur-
ftent, comme des notes fausses dans un orches- rice> ils sonl dcs continuateurs de Palissy, ins-
du Doigt, Finistère).
dernièrement que, s'il était à môme de choisir,
ce serait la pièce qu'il emporterait avec le plus
de plaisir de la salle de la Renaissance. 11 me
au.
lPe, à côté des autres reliquaires qui les entou- tallésàla fabrique d'Avon, près de Fontaineblef
l-cnl, et surtout des orfrois amortis par le temps, c,est aujourd'hui indiscutable.
clue les chasubliers de l'époque ont prodigués Mais la serie des émaux peints n'est pas moins
Sm' les étoles, les mitres el les dalmatiques des intéressante. Toute l'école limousine est là, de-
vitriiK's voisines. Puis Monvaerni, qui n'est décidément plus un
Par l'arcade de l'ancienne abbavede Charlieu, i mY[hc et donl la spécialité resle la laideur el la
nous pénétrons dans la salle consacrée au xvi° maigreur des personnages, jusqu'à Jehan Court, ',a"1" Renaig8anC8 du Compiègne.
^_ dit Vigicr, qui s'intitulait « maître peintre de la permettra de ne pas être de son avis. Je préfé-
I ville de Limoges ». rerais, pour mon compte, l'un des deux reli-
M) V. Bulletin de Janvier 1890. Elle est à coup sûr remarquable par son ( quaires provenant du trésor des rois de France,
BULLETINS DE L'ART POUR TOUS. — N° 50.
FNCrCLOP£DJ£ I)F L'ART INDUSTRIEL ET DECORATIF
•paraissant to'us les 110-01.5
Emile Reiber
Directeur - Fondateur
1861-64
k\.Likrairie des Imprimeries réunies
Aruciena^taison 7W
29e Année ^ Février 1890
C. Sauvageot j Ëmile Reibek
Directeur Directeur
i865-85 i886-8g
L'EXPOSITION RETROSPECTIVE
de
BULLETIN DE FÉVRIER 1890 j siècle. Saluons, en entrant, cette merveilleuse j style et par son dessin, cette petite plaque de
époque du Primalice, de Jean Goujon, de Pierre J quelques centimètres, [et M. Foule me disait
Lescotelde Germain Pilon!
Ici nous sorlons des œuvres de l'art sacerdotal,
et pour la première fois apparaissent en grand
nombre les instruments de la vie civile.
Les années, en s'accumulant, étalent lentement
L'Art Français au Trocadéro
Suite (\) Et, tout d'abord, la grande querelle des céra
misles. D'où sont-elles, ces charmantes faïences
Henri II, au ton blanc laiteux, ornées d'entrelacs,
d'arabesques et de fleurons ciselés dans la pâte?
sur les objets une paline inimitable qui éteint les ■ • ... , 1 n ,T.
J 1 1 Benjamin l'illon dit d Oiron, Edmond Bonnalfe
surfaces Irop brillantes el les mel toutes en va- er , c . n , . „ .
1 affirme de Saint-Porchaire. I ous les deux citent
leur. Aussi, ne puis-ie que déplorer la grosse . .
' 1 J 1 1 leurs auteurs. Le premier prouve leur lieu de la-
bévuecommise à l'endroit du reliquaire de sainte . . . . , .
1 , i bricalion a Oiron par une lettre de ( Jaude Goul-
Aldegonde de Maubeuge. un cvlindre supporte
b 1 lier rencontrée dans les archives de la chatelle-
nie d'Oiron. Le second arrive au môme
résultat pour Saint-Porchaire, par l'inven-
taire du château de Thouars fait à la mort
de François de la Trémoille, et dans lequel
sont mentionnés quelques objets « de terre
de Saint-Porchaire », une coppe (coupe) el
deux salières soigneusement enfermées
dans une gaine. En résumé, MM. Fillon et
Bonnaffé, qui ne peuvent s'accorder, sont
néanmoins d'accord sur ce point, que l'a-
telier de fabrication de cette précieuse
faïence devait se trouver sur les confins
du Poitou et de la Vendée.
Si l'auteur des faïences Henri II est resté
inconnu, Bernard de Palissy, lui, est le
potier le plus populaire de notre pays. Il fut Croix processionnelle du ro siècle (église (le Saint-Jean
un admirable chercheur, et il a raconté
lui-même la lutte terrible où il cuida entrer
iusques à la porte du sepulchre, car, pauvre,
ruiné, sans argent, il lui fallut une fois
brûler les tables et une autre fois le plan-
cher de sa maison pour alimenter son four.
Le baron Alphonse de Rothschild, el quel-
ques autres amateurs, ont exposé de fort
beaux spécimens des rustiques figulines :
plats à reptiles, moulés sur nature, cor-
beilles ajourées, bassins avec creux des-
tinés à recevoir les épices; en un mot,
quatre du voile de sainte Âldegoncte (des Dame3 Ursulines de Maubeuge).
toutes les manières du grand potier, jus-
Par des anges, et de la chasse gothique de saint j qu'aux plats à figures, commela Diane chasseresse,
Nicolas d'Amiens. Ces deux monuments du i que j'aime moins, car Palissy n'élail pas un sculp-
Passé, dont le cuivre doré, ravivé par le frotte- i teui", ma|s un ornemaniste d'un immense talent,
ment, brille aujourd'hui comme un sou neuf, ont Qunnt aux statuettes, « ces petits marmousets de
Perdu, selon moi, tout leur caractère el délon- la poterie », le Joueur de Vielle et la Petite Nuur-
ftent, comme des notes fausses dans un orches- rice> ils sonl dcs continuateurs de Palissy, ins-
du Doigt, Finistère).
dernièrement que, s'il était à môme de choisir,
ce serait la pièce qu'il emporterait avec le plus
de plaisir de la salle de la Renaissance. 11 me
au.
lPe, à côté des autres reliquaires qui les entou- tallésàla fabrique d'Avon, près de Fontaineblef
l-cnl, et surtout des orfrois amortis par le temps, c,est aujourd'hui indiscutable.
clue les chasubliers de l'époque ont prodigués Mais la serie des émaux peints n'est pas moins
Sm' les étoles, les mitres el les dalmatiques des intéressante. Toute l'école limousine est là, de-
vitriiK's voisines. Puis Monvaerni, qui n'est décidément plus un
Par l'arcade de l'ancienne abbavede Charlieu, i mY[hc et donl la spécialité resle la laideur el la
nous pénétrons dans la salle consacrée au xvi° maigreur des personnages, jusqu'à Jehan Court, ',a"1" Renaig8anC8 du Compiègne.
^_ dit Vigicr, qui s'intitulait « maître peintre de la permettra de ne pas être de son avis. Je préfé-
I ville de Limoges ». rerais, pour mon compte, l'un des deux reli-
M) V. Bulletin de Janvier 1890. Elle est à coup sûr remarquable par son ( quaires provenant du trésor des rois de France,
BULLETINS DE L'ART POUR TOUS. — N° 50.