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BULLETIN DE L'ART POU H TOUS

N° 52

Nous en dirons autant des peintures de la
même époque qui déeoraient le chœur de l'église
de Saint-Désiré (Allier). Ces peintures, qui sont
représentées sur la 2e planche de cette livraison,
occupaient dans l'abside (Voir fig. A du Bulletin
de mars) les dessous des arcs {fig. 6 et y) et les
ébrasements des croisées (fig- (9 et g). Au-des-

M. — Ange dans la crypte de la cathédrale de Baveux.

sous du cordon marquant la naissance de la voûte
régnait une bande ornée d'un damier (fig. io)
et bordée dans le haut par une autre bande por-
tant une inscription.

« C'est à l'extrémité de cette bande que se
voyait un petit médaillon contenant une inscrip-
tion en caractères minuscules. Ce médaillon,

N. — Ange dans la crypte de la cathédrale de Bayeux

qui avait la forme d'un O, commencement du
nom Omblardus, renfermait l'indication qu'en
l'an du Seigneur MCXVI... (le reste des chiffres
était tombé), un moine nommé Omblardus avait
exécuté ou présidé à l'exécution de cette déco-
ration. » Ces curieuses peintures n'existent plus;
elles n'ont pu être conservées lors de la restau-
ration de l'église, et c'est d'après les relevés de

O. — Métope du plafond de Capestang.

l'architecte, M. Darcy, que MM. Gélis-Didot et
Laffillée ont pu nous en donner la reproduction.

« Le xue siècle, — dit Viollet-le-Duc, — atteint
l'apogée de l'art de la peinture archilectonique
pendant le moyen âge en France; les vitraux,

les vignettes des manuscrits et les fragments \
de peintures murales de cette époque accusent
un art savant très avancé, une singulière entente
de l'harmonie des Ions, la coïncidence de cette
harmonie avec les formes de l'architecture. Il
n'est pas douteux que cet art s'était développé
dans les cloîtres cl procédai! de l'art grec
byzantin. Alors les étoffes les plus belles, les

1*. — Chapelle dans la cathédrale de Nevers.

meubles, les ustensiles colorés, un grand nombre
de manuscrits même, rapportés d'Orient, étaient
renfermés dans les trésors et les bibliothèques
des couvents et servaient de modèles aux moines
adonnés aux travaux d'art. Plus lard, lorsque
l'architecture sortit des monaslères et fut pra-
tiquée par l'école laïque, il se fit une révolution
dans l'art de la peinture qui, sans être aussi

Q.— Saint Christophe et saint Sébastien, médaillon des voûtes
de l'église de Vaucelles.

radicale que celle opérée dans l'architecture, \
j modifia profondément cependant les principes {
I posés par l'école monacale (1). »

En effet, l'architecture nouvellement inaugu-
rée n'offrait plus aux artistes ces grandes sur-
j faces nues des églises romanes. La peinture ;
i devait se borner à la coloration de la sculpture
et aux décorations obtenues par des combinai-
sons d'ornements. On peut voir ci-contre, en K,
et sur la planche 3 de cette livraison, de nom-
breux motifs de ce genre de décoration.

Le xive siècle nous a laissé des spécimens
; beaucoup plus nombreux. La cathédrale de
| Clermont possède plusieurs tableaux isolés de
cette époque, peints à même la muraille. La

(I) Viollet-le-Duc. Dictionnaire d'Architecture, tome VII,
au mol peim'urk.

planche G et les figures D et E de notre dernier
Bulletin reproduisent quelques-unes de ces
peintures, où l'on remarquera l'évolution bien
caractérisée des peintres à fresque, qui, ayant
perdu le rôle prépondérant qu'ils avaient eu
jusqu'alors dans la décoration, tendent à se
rapprocher de plus en plus de l'art des peintres
verriers, passés maîtres dans l'interprétation à
l'aide de la couleur des formes architecturales.

L'église Saint-Philibert de Tournus est une
des plus riches en documents sur la décoration
peinte au xive siècle. Elle a fourni à MM. Gélis-
Didot et Laffillée de précieux documents (voir
pl. 7 et fig. H, I, .1 et L).

La planche 8 reproduit un des plus jolis exem-
ples du xve siècle de ces tableaux votifs qui
étaient placés dans les églises sans aucun sys-
tème de décoration prévu. Ce tableau occupe
une travée de la crypte de la cathédrale de
Bayeux et complète la décoration d'un tombeau
placé au-dessous. D'autres peintures, probable-
ment de la même main, décorent la même
crypte. Ce sont des anges portant des instru-
ments de musique et placés à la naissance des
voûtes d'arête romanes (fig. M et N).

H. — Peinture sur la voûte de l'église de Houssines (Indre).

La planche 9 est presque tout entière consa-
crée à la reproduction de motifs des salles du
château de Capestang (fig. O) et de décorations,
imitant les tentures, empruntées à une chapelle
de la cathédrale de Nevers (fig. P) et aux cathé-
drales de Clermont et de Bourges.

La planche 10 donne des reproductions de
clefs de voûte tirées de la cathédrale de Bourges,
de Saint-Pol-de-Léon, de Saint-Jacques-de-
Lisieux, de l'église de Coucy-la-Ville (xve et
xvi° siècles). C'est à la même époque que les
auteurs attribuent les peintures de l'église de
Vaucelles (fig. Q) et celles de l'église de Bous-
sines (fig. B), obtenues à l'aide d'un procédé
simple et économique, qui produit des décora-
tions légères, très agréables à l'œil. Ces pein-
tures sont très claires; un badigeon blanc en
forme le fond, et les figures ou les ornements,
dans des Ions pâles, sont dessinés par des traits
noirs ou blancs qui ajoutent à la légèreté de
l'ensemble.

Comme on le voit par ce court résumé, la
quatrième livraison de la Peinture décorative est
digne de celles qui ont déjà paru. Les auteurs
qui avaient su, dès la première livraison, mettre
leur publication hors de pair, se sont maintenus,
sans qu'on puisse signaler la moindre défail-
lance, au niveau qu'ils tuaient tout d'abord
atteint; le choix des motifs est parfait, la repro-
duction par les procédés en couleurs ne laisse
rien à désirer. Nous attendons impatiemment,
mais sans crainte, la publication de la cinquième
livraison, en ce moment sous presse.
 
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