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Bulletin de l' art pour tous — 1902

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No 198 (Juin 1902)
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https://doi.org/10.11588/diglit.16826#0024
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N° 198 BULLETIN DE L'ART POUR TOUS

styles antérieurs, si belles qu'aient été leurs expres-
sions. C'est donc à la nature qu'il faut encore aujour-
d'hui aller demander tous les éléments de l'enseigne-
ment du dessin, non à des exemples qui, au milieu
de la jeunesse, sentent toujours le moisi, quoi qu'on
fasse (1). »

L'artiste qui a écrit ces lignes n'avait pas eu, d'ail-
leurs, d'autre maître que la nature, il en avait été tou-
jours le fervent autant que le passionné disciple, et
c'est à cela qu'il doit sans doute d'avoir pu pénétrer
si avant dans les secrets qu'elle renferme; celles de
ses compositions dans lesquelles il s'est inspiré d'elle
sont innombrables et constituent peut-être îa partie

10 août 18/4, renferme ce passage très flatteur pour j intérêt, abuse de l'influence qu'on lui aurait ainsi

lui : « Mon cher maître, on nous a fait presque laissé prendre. »

espérer quelques correspondances de vous qui se- La reconstruction de l'Hôtel de ville, qui fit l'objet

raient à la fois l'honneur et la fortune du XIX" Siècle... d'un concours, fut une très grosse entreprise à la

Sachez que le jour où vous aurez quelques pages non préparation de laquelle Viollet-le-Duc apporta son

à perdre (car nous sommes très lus), mais à donner, expérience de constructeur. S'il eût vécu assez pour

elles seront les bienvenues sous la tente de votre la voir terminer, il fût peut-être parvenu à convertir

tout dévoué, Edmond About. » ses collègues du conseil municipal à l'exécution d'un

Pendant les quelques années, 1873 à 1879, qu'il projet qu'il avait esquissé pour la décoration ries

siégea au conseil municipal de Paris, Viollet-le-Duc abords de cet édifice. Il avait rêvé pour ce dernier le

se trouva naturellement désigné pour traiter plus caractère que le palais municipal affecte dans cer-

particulièrement les questions d'édilité; il fut appelé taines villes italiennes, telles que Florence, Pérouser

maîtres, comme les grands poètes et écrivains, ont su
l'y trouver et la dépouiller de sa gangue souvent
grossière. »

Envisageant le dessin, non plus au point de vue de
l'art, mais comme un langage, Viollet-le-Duc le con-
sidérait comme l'un des moyens les plus rapides et
les plus sûrs de communiquer sa pensée. Il ajoutait
que si jamais, ce qu'il n'osait espérer, l'enseignement
du dessin était rendu obligatoire, on ne se passerait
pas plus de dessiner que de lire ou d'écrire. Rendre
l'enseignement du dessin obligatoire, ce serait, disait-
il, provoquer toute une révolution intellectuelle au
grand avantage du pays. Il appuyait son affirmation
de considérants tels que ceux-ci :

l'Hôtel de Ville et de l'emploi des crédits consacrés détachant leur silhouette sur le large espace donné-
par la ville à l'encouragement des beaux-arts. C'est par la Seine et par le terre-plein qui précède le mo-

à s'occuper beaucoup de l'organisation de l'Exposi- Sienne; il le voyait précédé, sur la place comme du

la plus individuelle et la moins connue de son œuvre, ! tion universelle de 1878, de la reconstruction de côté du quai, d'oeuvres magistrales de sculptures,
La nature, comme la vérité, a-t-il dit, contient toujours
à l'état latent ce qu'on appelle le style. Les grands

à l'occasion de ces crédits qu'il s'exprimait ainsi dans j nument. Il estimait qu'il y avait, là, un programme
un rapport au conseil municipal le 11 février 1879 : tout tracé, digne de la Ville de Paris, une occasion
« S'il est une des expressions du génie humain qui de concours pour notre belle école française de sta-
demande une entière liberté, c'est certainement l'art; tuaire. « Depuis longtemps, disait-il encore dans son
mais, par suite de traditions dont nous n'avons pas rapport du 11 février 1879, il manque à notre école
ici à faire l'historique et la critique, il se trouve que de statuaire qui, sous le rapport de l'exécution,
dans notre pays, où l'oeuvre littéraire jouit d'une acquiert chaque année des qualités très remarquables,
liberté étendue, l'oeuvre plastique est soumise à des un objectif, pourrait-on dire. Ballottée entre les ré-
entraves qui sembleraient simplement ridicules si miniscences de l'antiquité, du moyen âge et de la-
elles n'avaient pour conséquence de favoriser la mé- renaissance, entre les saints du paradis et les dieux
diocrité et de décourager les artistes qui, n'ayant pas du paganisme ou du christianisme, les pastorales et
de goût pour les sentiers battus, cherchent des voies les allégories surannées, elle cherche sa voie, et les
nouvelles, et possèdent l'originalité. œuvres qui, avec raison, ont fait impression sur le
« Le pouvoir, quel qu'il soit, n'a nul intérêt, nul public sont précisément celles qui sortent de ces ba-
il Le défaut de jugement n'est-il pas la conséquence ! désir probablement, de prendre parti dans les ques- nalités en trouvant le chemin des sentiments qui
du défaut d'observation et quel meilleur moyen de tions d'écoles, et ce n'est pas, en effet, son rôle; mais agitent notre époque.» (Asuivre.) Viollet-le-Duc fils,
développer l'observation que le dessin? » » ne doit pas lui convenir davantage de se mettre à

« Le dessin c'est tout un côté intellectuel du pays, la remorque d'un système ou de tolérer qu'un corps

laissé dans l'ombre (2) » irresponsable, ne fût-il composé que de personnages L admlnf ratl°n de \ArtPol'r <ous recommande

laisse udiib i omuie , . f i f comme professeur d'anglais M™cRedman, de Londres

Viollet-le-Duc fut un implacable ennemi desphrases. eminents, prenne sa place et, se couvrant de la pro- demeurant 164, rue Ordener (XVIIP arr.). 2 fr. chez

Il apprit à les haïr dans les nombreux comités, com- tection administrative, agisse suivant son propre j le professeur, 3 fr. en ville.

missions, congrès, dont il faisait partie; il les a
accusées d'avoir, de tout temps, causé nos mécomptes,
nos insuccès, nos malheurs, d'avoir, chez nous, tou-
jours fait le jeu et la fortune des farceurs aux dépens
du pays, d'être enfin l'une des plaies de notre France
les plus susceptibles d'amener sa décomposition. La
terreur qu'il en a le hante constamment, et il s'ap-
plique à faire mesurer toute l'étendue du mal qu'elles
nous ont fait, qu'elles nous font et nous feront encore :
« Ce sont elles qui ont largement contribué à propager
des idées fausses, en matière d'art, en matière d'ar-
chitecture surtout; mises en circulation par quelques
écrivains ayant patente pour parler au public de l'art

sans savoir, d'ailleurs, comment se tient une brique, j DU XI8 AU XVI" SIECLE

se coupe un morceau de bois, ou se conduit le crayon

ou le pinceau, nous en rions, entre nous artistes, mais J Djx volumeg in.80) c|ont un de tableg; n|uslrés de

le public les accepte et les répèle comme paroles {„■_,_ , . . , , ,,

, . 3,/4o gravures sur bois et du portrait de 1 auteur, grave

LIBRAIRIES-IMPRIMERIES REUNIES - Ancienne Maison MOREL

7, rue Saint-Benoît, Paris. — MOTTEROZ, directeur.

VIOLLET-LE-DUC
Dictionnaire raisonné

de

l'Architecture Française

PRIX : Broché........................ 300 francs

Edition sur hollande, numérotée de 1 à 100. . . . ____ 600 _

del'J

CHARVET

Ancien professeur d'art décoratif à l'École nationale des Beaux-Arts de Lyon,.
Inspecteur de l'enseignement des arts du dessin
et des musées du ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts.

Un volume, comprenant l'histoire générale de l'ert
décoratif, l'étude des caractéristiques des époques, ses
procédés industriels et la théorie de la composition!
décorative.

476 pages grand in-4°, illustrées de 1,229 figures.

PRIX : Broché. . . 25 francs. | Cartonné. . . . 30 fr

d'Evangile (3). »

Les phrases lui suggèrent les plus sombres pro- j Par Massard
nostics, celui-ci entre autres : « Des phrases creuses
dans le monde officiel, dans les salons, la barbarie
dans la rue, et c'est ainsi que s'accomplira l'émigra-
tion de tout ce qui, dans les arts, a fait, jusqu'à ce
jour, la supériorité de notre industrie (4)1 » Et cet
autre : « Les phrases! un jour viendra où, devant
une contrée déserte, s'établira ce dialogue : « Là
était Paris, là..., etc. — Quel est le peuple de bar-
bares qui a détruit cet empire? sont-ce les Tartares, j r\n vie An yvic cirr^i v il par

les Mongols ou...?-Non, ce sont les phrases (5). » j UU Ai AU AVl | p. GÉLIS-DIDOT et H. LAFFILLÉE, Architectes

Viollet-le-Duc fut pendant les dernières années de
sa vie un collaborateur assidu de journaux quoti-
diens. Le Centre gauche, le Bien public, le XIX' en France » et 60 planches en couleurs accompagnées de notices explicatives illustrées.

Siècle, le Peuple lui durent un très grand nombre J Prix, en carton............... 200 fr.

d'articles qui paraissaient très rapprochés puisqu'il
en donnait au moins un par semaine. Des publica-
fions périodiques, telles que la Science politique,
l'Artiste, la Revue des cours littéraires, la Revue na-
tionale, la Revue économique, la Galette des beaux-

arts, etc., etc., lui ont ouvert -leurs colonnes, et nous j RECUEILLIS PAR A. RAGUENET, ARCHITECTE

avons trouvé de nombreuses leitres par lesquelles

on sollicitait sa collaboration. L'une d'elles, datée du Avec notices descriptives facilitant l'EtudB (IBS Sty/eS

einture décorative *~ îfrance

Petits Édifices historiques

Une livraison de 12 pages tous les mois

(1) Camenes du dimanche dans le XIX' Siècle, 18;o. F a

(2) Pages écrites en manière de sommaire d'une conférence sur le J j nnjrjTri/i-irT . ,„,r,rr „ Ofl , A, OQ y
dessin, 19 octobre 1876. ABONNEMENT ANNUEL : France, ZU fr. - Etranger, Z<5 fr

(3) Pages inédites. Chacune des années parues : Prix : 25 francs.

(4) D'un article du Centre gauche, mai 1870.

(5) Pages inédites

La 9e a. xi ne© est en oonrs de publication

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Le Gérant : Motteroz.
 
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