DOI Artikel:
Omont, Henri: Manuscrits illustrés de l'Apocalypse: aux IXe et Xe siècles
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.42050#0068
MANUSCRITS ILLUSTRÉS DE L’APOCALYPSE
AUX IX” ET X' SIÈCLES
Les visions cle saint Jean, relatées dans l’Apocalypse, on révélation, qui nous est
parvenue sous son nom, ont de bonne heure inspiré les artistes chrétiens. Dès le
vne siècle, on voyait à Rome des églises dont l’intérieur était orné de peintures emprun-
tées au texte des Livres saints, et, dans le curieux récit qu’il a laissé des voyages à
Rome, au cours de la seconde moitié de ce siècle, de Renoît Biscop, fondateur des
monastères de Wearmouth et de Jarrow, au diocèse de Durham *, Bède le Vénérable
raconte qu’au retour de son quatrième voyage, sous le pontificat du pape Agathon
(678-682), ce pieux personnage avait rapporté, parmi d’autres objets destinés à l’orne-
ment des nouveaux monastères, des « peintures d’images des visions de l’Apocalypse
de saint Jean » 2.
Depuis la renaissance carolingienne jusqu’au xive siècle, de nombreux manuscrits
illustrés de l’Apocalypse nous ont été conservés ; mais, si plusieurs d’entre eux ont
été, en ces dernières années, l’objet d’études spéciales ou même de reproductions inté-
grales, aucun travail d’ensemble n’existe encore sur l’illustration de l’Apocalypse. Le
mémoire du Dr Th. Frimmel, paru à Vienne en 188b 3, ne constitue en effet, malgré
son titre et quelqu’utile qu’il soit encore, qu’un rapide exposé des développements et des
transformations de l’illustration du texte de l’Apocalypse depuis les premières mani-
festations de l’art chrétien jusqu’à nos jours, exposé accompagné du détail sommaire
1. Fila sanclorum abbatum monasterii in Wiramutha et Girvum, dans Mighe, Patr. lat., t. XCIV, col. 718.
Cf. Dugdale, Monasticon anglicanum, éd. de 1817, t. I, p. 501, et Th. Wright, Biographia Britannica literaria
(1842), t. I, p. 188.
2. « Picturas imaginum sanctarum, quas ad ornandum ecclesiam beati Pétri apostoli, quam construxerat,
detulit ; imaginem, videlicet, beatæ Dci genitricis semperque virginis Mariæ, simul et duodecim Apostolorum,
quibus rnediam ejusdem ecclesiæ testudinem, ducto a pariete ad parietem tabulato præcingeret ; imagines
Evangelicæ historiæ, quibus australem ecclesiæ parietem decoraret ; imagines visionum Apocalypsis beati
Johannis, quibus septentrionalem æque parietem ornaret, quatenus intrantes ecclesiam omnes, etiam littera-
rum ignari, quaquaversum intenderent, vël semper amabilem Christi sanctorumque ejus, quamvis in imagine,
contemplarentur aspectum ; vel Dominicæ incarnationis gratiam vigilantiore mente recolerent; vel extremi
discrimen examinis, quasi coram oculis habentes, districtius seipsi examinare meminissent... »
3. In-8°, 70 pages.
AUX IX” ET X' SIÈCLES
Les visions cle saint Jean, relatées dans l’Apocalypse, on révélation, qui nous est
parvenue sous son nom, ont de bonne heure inspiré les artistes chrétiens. Dès le
vne siècle, on voyait à Rome des églises dont l’intérieur était orné de peintures emprun-
tées au texte des Livres saints, et, dans le curieux récit qu’il a laissé des voyages à
Rome, au cours de la seconde moitié de ce siècle, de Renoît Biscop, fondateur des
monastères de Wearmouth et de Jarrow, au diocèse de Durham *, Bède le Vénérable
raconte qu’au retour de son quatrième voyage, sous le pontificat du pape Agathon
(678-682), ce pieux personnage avait rapporté, parmi d’autres objets destinés à l’orne-
ment des nouveaux monastères, des « peintures d’images des visions de l’Apocalypse
de saint Jean » 2.
Depuis la renaissance carolingienne jusqu’au xive siècle, de nombreux manuscrits
illustrés de l’Apocalypse nous ont été conservés ; mais, si plusieurs d’entre eux ont
été, en ces dernières années, l’objet d’études spéciales ou même de reproductions inté-
grales, aucun travail d’ensemble n’existe encore sur l’illustration de l’Apocalypse. Le
mémoire du Dr Th. Frimmel, paru à Vienne en 188b 3, ne constitue en effet, malgré
son titre et quelqu’utile qu’il soit encore, qu’un rapide exposé des développements et des
transformations de l’illustration du texte de l’Apocalypse depuis les premières mani-
festations de l’art chrétien jusqu’à nos jours, exposé accompagné du détail sommaire
1. Fila sanclorum abbatum monasterii in Wiramutha et Girvum, dans Mighe, Patr. lat., t. XCIV, col. 718.
Cf. Dugdale, Monasticon anglicanum, éd. de 1817, t. I, p. 501, et Th. Wright, Biographia Britannica literaria
(1842), t. I, p. 188.
2. « Picturas imaginum sanctarum, quas ad ornandum ecclesiam beati Pétri apostoli, quam construxerat,
detulit ; imaginem, videlicet, beatæ Dci genitricis semperque virginis Mariæ, simul et duodecim Apostolorum,
quibus rnediam ejusdem ecclesiæ testudinem, ducto a pariete ad parietem tabulato præcingeret ; imagines
Evangelicæ historiæ, quibus australem ecclesiæ parietem decoraret ; imagines visionum Apocalypsis beati
Johannis, quibus septentrionalem æque parietem ornaret, quatenus intrantes ecclesiam omnes, etiam littera-
rum ignari, quaquaversum intenderent, vël semper amabilem Christi sanctorumque ejus, quamvis in imagine,
contemplarentur aspectum ; vel Dominicæ incarnationis gratiam vigilantiore mente recolerent; vel extremi
discrimen examinis, quasi coram oculis habentes, districtius seipsi examinare meminissent... »
3. In-8°, 70 pages.