DOI Heft:
Nr. 8 (22 février)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.26618#0065
N° 8 — 1879.
BUREAUX, 8, RUE FAVART.
22 février.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLEMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
PARIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an ........ 12 fr. | Six mois. ..„ 8 E
LA DÉMISSION DE M. REISET
ET
l’administration des Beaux-Arts
C’est avec un vif regret que nous annon-
çons la démission de M. Reiset comme direc-
teur des Musées nationaux. Cette retraite, ex-
clusivement motivée par des raisons de santé,
laissera un sentiment de tristesse à tous ceux
qui ont pu apprécier les éminentes qualités,
l’œil si sûr, la haute compétence, le tact, la
courtoisie, l’élévation de pensée et de goût de
l’honorable conservateur de notre Louvre. Il
ne sera certes pas facilement remplacé, et la
trace de sa profonde expérience, reconnue
dans l’Europe entière, se fera longtemps sen-
tir. Dernièrement encore, il dirigeait avec un
plein succès la délicate restauration du chef-
d’œuvre de Van der Weyden, le retable de
Beaune. Nous n’avons pas à rappeler ses diffé-
rents travaux. Son excellent catalogue des
dessins du Louvre fait autorité dans la ma-
tière; c’est lui qui a porté la lumière dans ce
chaos de trente-six mille dessins en en dressant
l’inventaire. A vrai dire, l’éloge n’est pas à
présenter, aux lecteurs de la Gazette, des mé-
rites de celui qui a écrit dans ce recueil l’étude
sur la National Gallery de Londres. Le départ
de M. Reiset, comme directeur des Musées, est
donc une perte que nous devons déplorer au
nom des intérêts élevés de l’art.
Nous ne pouvons nous empêcher, à ce pro-
pos. d’affirmer hautement, au nom de la Gazette,
notre répulsion pour toute ingérence de la po-
litique dans les questions d’art, et de protes-
ter avec la plus grande énergie contre les
bruits de démissions imposées qui ont couru ces
jours-ci dans la presse. Nous n’avons à nom-
mer personne de ceux qui ont pu être mena-
cés, mais nous pensons qu’il serait d’une sou-
veraine injustice et d’un redoutable exemple
de laisser intervenir la politique dans certaines
administrations qui sont en dehors de toute
politique, au point de méconnaître les droits
acquis, les droits hiérarchiques d’hommes
qui ont fait loyalement leur devoir, et ont
donné des preuves répétées de savoir, de dé-
vouement et d’intégrité. Le mieux ici serait
peut-être l’ennemi du bien, et, en tous cas,
serait profondément injuste. Gardons-nous de
glisser sur la pente de la curée des places.
Autant certains changements peuvent paraî-
tre nécessaires dans l’ordre politique, autant
d’autres nous semblent dangereux et immo-
raux dans l’ordre administratif. Engagés au
milieu de cette voie nous inclinerions rapide-
ment vers l’état social de l’Espagne, où cha-
que changement de gouvernement entraîne
le bouleversement de toute l’administration,
jusqu’au dernier concierge, jusqu’au dernier
garçon de bureau.
Nous voulons espérer que les idées de mo-
dération et d’équité l’emporteront encore.
Louis Gonse.
P.-S. —- Nous lisons dans le Moniteur la note
suivante :
Le ministre de l’Instruction publique a reçu
mercredi le personnel de la Direction des beaux-
arts.
Disons, à ce sujet, que rien n’a encore été dé-
cidé au sujet du personnel supérieur de nos
Musées et de nos Manufactures nationales. Une
seule chose est jusqu’à présent certaine, la démis-
sion de M. Reiset, directeur des Musées du
Louvre.
Quant à la mise à la retraite ou en disponibilité
des autres fonctionnaires de nos établissements
artistiques, rien n’a été définitivement arrêté,
M. Turquet ayant commencé hier seulement à
s’occuper de la question et à prendre, connaissance
de leurs états de service.
BUREAUX, 8, RUE FAVART.
22 février.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLEMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
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PARIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an ........ 12 fr. | Six mois. ..„ 8 E
LA DÉMISSION DE M. REISET
ET
l’administration des Beaux-Arts
C’est avec un vif regret que nous annon-
çons la démission de M. Reiset comme direc-
teur des Musées nationaux. Cette retraite, ex-
clusivement motivée par des raisons de santé,
laissera un sentiment de tristesse à tous ceux
qui ont pu apprécier les éminentes qualités,
l’œil si sûr, la haute compétence, le tact, la
courtoisie, l’élévation de pensée et de goût de
l’honorable conservateur de notre Louvre. Il
ne sera certes pas facilement remplacé, et la
trace de sa profonde expérience, reconnue
dans l’Europe entière, se fera longtemps sen-
tir. Dernièrement encore, il dirigeait avec un
plein succès la délicate restauration du chef-
d’œuvre de Van der Weyden, le retable de
Beaune. Nous n’avons pas à rappeler ses diffé-
rents travaux. Son excellent catalogue des
dessins du Louvre fait autorité dans la ma-
tière; c’est lui qui a porté la lumière dans ce
chaos de trente-six mille dessins en en dressant
l’inventaire. A vrai dire, l’éloge n’est pas à
présenter, aux lecteurs de la Gazette, des mé-
rites de celui qui a écrit dans ce recueil l’étude
sur la National Gallery de Londres. Le départ
de M. Reiset, comme directeur des Musées, est
donc une perte que nous devons déplorer au
nom des intérêts élevés de l’art.
Nous ne pouvons nous empêcher, à ce pro-
pos. d’affirmer hautement, au nom de la Gazette,
notre répulsion pour toute ingérence de la po-
litique dans les questions d’art, et de protes-
ter avec la plus grande énergie contre les
bruits de démissions imposées qui ont couru ces
jours-ci dans la presse. Nous n’avons à nom-
mer personne de ceux qui ont pu être mena-
cés, mais nous pensons qu’il serait d’une sou-
veraine injustice et d’un redoutable exemple
de laisser intervenir la politique dans certaines
administrations qui sont en dehors de toute
politique, au point de méconnaître les droits
acquis, les droits hiérarchiques d’hommes
qui ont fait loyalement leur devoir, et ont
donné des preuves répétées de savoir, de dé-
vouement et d’intégrité. Le mieux ici serait
peut-être l’ennemi du bien, et, en tous cas,
serait profondément injuste. Gardons-nous de
glisser sur la pente de la curée des places.
Autant certains changements peuvent paraî-
tre nécessaires dans l’ordre politique, autant
d’autres nous semblent dangereux et immo-
raux dans l’ordre administratif. Engagés au
milieu de cette voie nous inclinerions rapide-
ment vers l’état social de l’Espagne, où cha-
que changement de gouvernement entraîne
le bouleversement de toute l’administration,
jusqu’au dernier concierge, jusqu’au dernier
garçon de bureau.
Nous voulons espérer que les idées de mo-
dération et d’équité l’emporteront encore.
Louis Gonse.
P.-S. —- Nous lisons dans le Moniteur la note
suivante :
Le ministre de l’Instruction publique a reçu
mercredi le personnel de la Direction des beaux-
arts.
Disons, à ce sujet, que rien n’a encore été dé-
cidé au sujet du personnel supérieur de nos
Musées et de nos Manufactures nationales. Une
seule chose est jusqu’à présent certaine, la démis-
sion de M. Reiset, directeur des Musées du
Louvre.
Quant à la mise à la retraite ou en disponibilité
des autres fonctionnaires de nos établissements
artistiques, rien n’a été définitivement arrêté,
M. Turquet ayant commencé hier seulement à
s’occuper de la question et à prendre, connaissance
de leurs états de service.