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La chronique des arts et de la curiosité — 1879

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Nr. 34 (8 novembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26618#0277
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N° 34 — 1879.

BUREAUX, 8, RUE FAVART.

8 novembre

LA

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LE SAMEDI MATIN

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la Chronique des Arts et de la Curiosité.

Un an

PARIS ET départements:

. 12 fr. | Six mois. .

8 h

EXPOSITION DES ARTISTES RUSSES

Une exposition organisée en vingt-quatre
heures !

Qui le croirait? Et pourtant, tel est le pro-
dige que vient d’accomplir la Société cl’encou-
ra^ement mutw l et de. bienfaisance des artistes
russes à Paris. Le grand-duc héritier était, il y
a peu de jours, de passage à Paris; on a
voulu lui permettre de juger, en courant, les
derniers progrès de l’art russe en France, et,
en quelques heures, on a réuni, LS, rue de
Tilsitt, une quarantaine de toiles, autant d’a-
quarelles et. quelq .es céramiques peintes, œu-
vres des artistes russes établis parmi nous.

L’exposition a été improvisée dans le local
offert à la Société par le baron Horace Gunz-
burg, dans 1 ancien atelier du jeune Marc
Gunzburg, enlevé naguère à l’art dans sa
vingtième année, au moment où il donnait
déjà plus que des promesses.

En tête, parait le maître populaire de la
Russie, M. A. Dogolubow, dont une Vue de
Moscou a été, au Cercle de l’Union artistique,
si vivement et si justement admirée, acquise
depuis par le czarevitch. Ici il a exposé, à
côté de ce véritable chef-d’œuvre, une Vue du
Kremlin par un ciel chargé de nuages, très-
saisissante d’effet ; la même vue, réduite à
l’aquarelle avec dessous de plume, étonne
par une rare finesse d’exécution, ainsi qu’une
lumineuse Vue de Venise, digne de Bon-
nington.

Le rembrandtesque M. Harlamoff, si aimé
du public parisien, l’auteur des beaux por-
traits de M. et Mme Yiardot, nous montre un
charmant buste de petite gitana avec des bi-
joux d’or d’un ton délicieux; une italienne
lisant, pleine de force et d’expression; un fin
et beau profil de Juive; une nature morie,
d’un pinceau libre et gras; enfin, un jeune

Vénitien dans un intérieur et en costume du
xvi° siècle, pinçant de la mandoline, assis
sur une table recouverte d'un drap mordoré,
aquarelle vraiment surprenante, dans la'ma-
nière brillante et vibrante de Régnault.

M. Szyndler offre des spécimens nombreux,
d’un talent souple et varié: un portrait du
sculpteur Godebsky dont la tête ressort en
clair dans un milieu de tons gris, très-large-
ment enlevé d’une main ferme et sùré ; un
autre portrait d’homme ; un Joueur de corm-
muse; une étude de marine, faite avec le doigt
et le couteau à palette ; un Coin de VEglise
Saint-Marc SX en ise. Quoi encore? Des aqua-
relles qui semblent, trop se souvenir de Fortuny.

Signalons un portrait de jeune femme eu
deuil, tout à fait dans la note moderne, et
une jeune femme debout, en costume bleu
du Directoire, imitation un peu dure et bru-
tale de M. Jules Goupil, par M. Lehmann ; les
chiens vivants et expressifs de M. J. Pokhino-
tow ; des jolis intérieurs d’église et de cours
italiennes de M. Wyllie ; la t'ieuriste et un In-
cendie bien composés, mais peut-être secs, rte
M. Dmitrieff; une grande composition myilio-
logique, Bacchus et Ariane, de M. Liphart,
l’habile dessinateur de la Vie moderne, et le
portrait de son père, dans les tons clairs des
primitifs italiens.

Une belle place est occupée par les œuvres
du regrettable Marc Gunzburg : son Italienne à
la fontaine, déjà vue à l’un de nos derniers
Salons et à l'Exposition de 1878, attire par
une délicate et fraîche coloration, tout eu tra-
hissant encore l’indécision naturelle d’un débu-
taritdedix-septans ; mais la main est déjà virile
dans le portrait d’un tout jeune frère vu en-
tièrement de face, assis dans un fauteuil rouge
couvert en partie d’une draperie bleue; la
petite tête aux cheveux blonds et les mains
potelées accusent un très-profond sentiment
de la couleur et de la forme ; un bout de cra-
vate et de ceinture noires sur le costume
blanc saisissent par une justesse de valeur qui
atteste la sensibilité d’un œil de vrai peintre.
 
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