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La chronique des arts et de la curiosité — 1879

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Nr. 30 (20 septembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26618#0247
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ET DE LA CURIOSITE

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Le célèbre tableau de sir Joshua Rey- ,
nolds, la Duchesse de Glqucester, vient de passer
dans la galerie du duc d’Aumale. Ce tableau
appartenait à la comtesse Waldegran, morte
dernièrement à Londres.

** Parmi les rues de Paris dont la déno-
mination vient d’ètre changée, signalons la rue
Neuve-Fontaine, qui va de la rue Duperré au
boulevard Clichy, et à laquelle on a très-heu-
reusement donné le nom du peintre Eug. Fro-
mentin.

Le grand bronze de Charlemagne du
statuaire Hochet, que les fondeurs MM. Thié- ;
haut ont demandé au Conseil municipal d’ex-
poser à leurs frais devant Notre-Dame, et dont
M. Viollet-le-Duc a fait le piédestal, ne sera
peut-être pas mis en place avant le printemps
prochain.

L’emplacement fixé par la Ville pour cette
colossale statue équestre est la place qu’occu-
pait autrefois l’ancien Hôtel-Dieu; il va donc
falloir attendre que le quai soit fait et le Pont-
au-Double reconstruit pour disposer du centre
d’un square qui est encore à créer.

NÉCROLOGIE

Une triste nouvelle nous parvient aujour-
d’hui même.

M. 'Viollet-le-Duc, Déminent architecte des
monuments historiques, auteur des restaura-
tions de Pierrefonds et de Notre-Dame de
Paris, l’écrivain du Dictionnaire historique cle
l'architecture française, conseiller munit ipal,
vient de mourir subitement en Suisse dans sa
soixante-sixième année.

Le baron Taylor est mort le samedi 6 sep-
tembre à l’âge de 90 ans. C’était une des per-
sonnalités les plus connues et les plus sympa-
thiques de Paris. Né à Bruxelles le 15 août
1789, appartenant par son père, frère du géné-
ral Taylor, à une famille d’origine anglaise
naturalisée en France, il lit ses études à Paris
et se prépara d’abord à l’Ecole Polytechnique;
mais ses goûts l’entrainant plutôt vers les arts
et la littérature, il étudia le dessin dans l’ate-
lier du peintre Suvé.

A dix-liuit ans il collaborait déjà à plusieurs
journaux illustrés. En 1811, il entreprenait des
voyages artistiques et visitait successivement
les Flandres, l’Allemagne et l’Italie. De retour
en France, au moment des derniers désastres
de l’Empire, il s’enrôla dans les gardes mobi-
les. À la rentrée des Bourbons, le jeune Taylor,
ayant embrassé leur cause, fut admis dans la
garde royale et obtint au concours le grade de
lieutenant dans la compagnie d’artillerie dite
de Wagram.

Le métier des armes ne l’empêcha pas de
cultiver les arts; c’est vers cette époque qu’il
composa, en collaboration avec Nodier, une
traduction de la pièce dramatique de Màturin,
Bertram, qui eut deux cents représentations,

et plusieurs autres pièces de théâtre. Nommé
aide de camp du général d’Orsay, il partit pour
l’Espagne en 1823, se distingua en plusieurs
occasions et fut mis à l’ordre du jour. Il quitta
l’armée avec le grade de chef d’escadron et
se livra entièrement à ses travaux artistiques
et littéraires.

Devenu en 1824 commissaire royal delà Co-
médie-Française, le baron Taylor y introduisit
le soin de la mise en scène et de la perspective
théâtrale, pour ainsi dire inconnues jusqu’alors,
et se fit remarquer par une heureuse impar-
tialité au milieu des querelles des écoles clas-
sique et romantique. Il remit le Mariage cle
Figaro au répertoire, et c’est à lui que Victor
Hugo dut la première représentation d’Hernani.
En 1827, le baron Taylor fut envoyé en Egypte
par le gouvernement de Charles X pour traiter
de l’achat des obélisques de Louqsor et de
diverses antiquités destinées à notre musée du
Louvre. Il réussit à faire l’acquisition du
curieux monolithe qui décore aujourd’hui la
place de la Concorde. Louis-Philippe confia
aussi au baron Taylor plusieurs missions, telles
que celle de retrouver en Espagne Jes chefs-
d'œuvre que les alliés nous avaient enlevés.

On sait que nos galeries de Versailles, de
Paris et de plusieurs villes de France lui doi-
vent de nombreuses richesses archéologiques
rapportées d’Italie, de Grèce, de Turquie,
d’Asie Mineure, de Syrie.

Mais quelque grands services que le baron
Taylor ait rendus aux arts, c’est principalement
à la création de Sociétés philanthropiques
que son nom restera toujours attaché. Malgré
des obstacles de tout genre, il est arrivé à
fonder pour les artistes ces Sociétés de secours
mutuels qu’il a dirigées pendant un si grand
nombre d’années avec un zèle et un dévoue-
ment infatigables. On se rappelle que le baron
Taylor fut le promoteur de la grande réunion
orpliéonique de l’Exposition de 1867.

Nommé membre libre de l’Académie des
Beaux-Arts en 1847, il était appelé'au Sénat
en mai 1869.

Outre ses nombreuses pièces de théâtre, on
doit à cet esprit actif et universel des publica-
tions de voyages remplies de renseignements
intéressants aux points de vue artistique et
littéraire.

Il était grand officier de la Légion d’honneur.

Ses obsèques ont eu lieu, au milieu d’une
grande affluence, à l’église Saint-Eustache. Des
discours ont été prononcés par MM. Delaborde,
Jules Simon, Alexandre Dumas, Frédéric Tho-
mas, etc.

Nous rappelons à nos lecteurs que la Gazette
a publié son portrait, gravé au burin, par
M. Morse, dans le Salon de 1877.

Gham, le célèbre caricaturiste dont les des-
sins et les croquis spirituels ont reproduit pen-
dant trente-sept ans les scènes de la vie pari-
sienne et les types contemporains, vient de
s’éteindre à l’àge de soixame ans. Fils du
comte de Noé, pair de France, il fut d’abord
destiné à la carrière militaire et admis à l’E-
cole polytechnique; mais il préféra bientôt
suivre son goût pour la peinture et, malgré
l’opposition de sa famille, il quitta l’Ecole pour
 
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