134
LA CHRONIQUE DES ARTS
de la plus belle exécution. D’un côté sont les
figures du Christ, de la Vierge et de saint Jean,
de saint Pierre et de la Madeleine ; de l’autre
sont les Evangélistes avec leurs attributs, le
tout en argent doré. Le fond de la croix est
décoré de charmants émaux translucides re-
présentant les Apôtres et les emblèmes des
Vertus. Les arêtes de la croix sont en argent
finement repoussé et doré et garnies de cin-
quante-six boules en cristal de roche.
Cette belle pièce d’orfèvrerie est d’une con-
servation parfaite et dans toute sa pureté ori-
ginale. Elle avait été trouvée dans un couvent
de l’Apennin. C’est, sans contredit, une des
pièces d’orfèvrerie les plus remarquables, si-
non la plus remarquable du xive siècle, que
possèdent aujourd’hui nos collections publi-
ques, et le meilleur morceau en ce genre de
la vente San-Donato.
Elle a été acquise par M. du Sommerard au
prix de 11.100 lires italiennes, soit à peu près
9.800 francs. Le prince Demidolf l’avait payée
15.000 francs, il y a déjà bien longtemps. C’est
notre musée qui a fait la bonne affaire, et elle
est excellente.
Lecabinetvénitien a, de sa nature, un carac-
tère moins précieux, mais il constitue un im-
portant spécimen d’un art dont nous n’avons
que de rares échantillons et, à ce titre, aussi
bien qu’à celui de la composition et du
charme de l’exécution, il y avait un véritable
intérêt pour l’Hôtel de Cluny à s’en assurer la
propriété. 11 représente une façade de palais
composé de cinq étages de colonnes super-
posées avec une coupole centrale et des avant-
corps sur les côtés. Il est entièrement incrusté
de plaques de nacre et d’ivoire décorées de
charmantes peintures, de sujets, de figures et
d’arabesques. Dix-huit niches sont disposées
entre les colonnes et sont occupées par autant
de figurines en bronze doré d’une charmante
exécution. Le monument lui-même s’élève sur
quatre rangs de marches ornées de peintures
au vernis, de fleurs et d’arabesques d’or. Ce
petit monument, dans lequel l’architecture, la
peinture, la sculpture ont prêté leur concours
simultané au talent de l’ébéniste et du mar-
queteur vénitien du xvie siècle, n’a pas
moins de lm07 de large sur une hauteur de
0m85.
Il a été adjugé au directeur du Musée de
Cluny, au prix de b.100 lires, soit à peu près
4.300 francs.
L. G.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
L’exposition des œuvres que les pension-
naires de laVilla Médicis sont obligés d’en-
voyer tous les ans à l’Académie des beaux-arts
s’ouvre habituellement à Rome, le 1er avril.
Cette année, contrairement à l’usage, l’ouver-
ture n’a eu lieu que le 15. Voici, d’après le
journal Yltalie, la nomenclature des œuvres
principales :
M. Comerre, pensionnaire de 4° année, expose
« Samson et Dalila ». C’est un tableau de
grandes dimensions et qui compte un grand
nombre de figures.
M. Wincker, de 3e année, expose une copie
et une esquisse. La copie, d’après un des frères
Bellini, représente une madone entourée de
quatre saints. L’esquisse reproduit la scène de
« Frédéric Barberousse s’humiliant devant le
pape Alexandre III ».
M. Chartran, de 2e année, un tableau repré-
sentant « la madone de Saint-Marc ».
M. Schommer, de lrc année, expose « Alexan-
dre et son cheval Bucéphale ».
Passons à la sculpture :
M. Hugues, de 4e année, expose un groupe
en marbre représentant « une jeune femme
qui joue avec un enfant ».
M. Lanson, de 3° année, un terme repré-
sentant « l’Etude » et un bas-relief (Salambô)
dont le sujet est emprunté au roman de
M. Flaubert.
M. Cordonnier, de 2e année, « Jeanne d’Arc
sur le bûcher » et un has-relief reproduisant
trois scènes de la vie de la Pucelle d’Or-
léans.
M. Grasset, de lre année, un haut-relief,
« Icare et Dédale ».
Les graveurs MM. Bottée, Boisson et Deblois
exposent des médaillons, des portraits gravés
d’après des maîtres et des dessins.
Les architectes MM. Paulin, Blondel, Nenos
et Laloux ont fait, comme les années précé-
dentes, des études et restaurations de monu-
ments.
L’exposition publique et gratuite aura lieu,
à la salle Melpomène, à partir du 15 juin pro-
chain.
Un rapport détaillé sera adressé au ministère
des beaux-arts par M. le vicomte Delaborde,
secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-
arts.
Dimanche 11 avril a eu lieu, dans le local
même de l’Exposition des beaux-arts à Alger,
la distribution des récompenses décernées aux
artistes.
Le gouverneur général, M. Albert Grévy,
présidait cette cérémonie à laquelle il a été
donné une certaine solennité. Après un dis-
cours de M. H. Mongellas, président de la So-
ciété des beaux-arts, rendant compte des
résultats de l’exposition et faisant connaître
que le produit des entrées s’est élevé à 18.880
francs et le chiffre des achats d’œuvres d’art à
plus de 55.000 francs, M. A. Grévy, répondant
à un passage de ce discours sollicitant la créa-
tion d’un Palais des beaux-arts, promet son
appui à ce projet et donne lecture d’une lettre
de M. Turquet promettant également la créa-
tion d’Ecoles d’art et de musées départemen-
taux.
Des applaudissements ont accueilli cette lec-
ture et ils ont éclaté de nouveau après que
M. Grévy a donné connaissance d’un décret
nommant M. H. Mongellas chevalier de la
Légion d’honneur, ainsi que de divers arrêtés du
ministre de l’instruction publique nommant
officiers d’académie MM. Alphandery, Samary,
Goutanceau, Chevalier, Quirot et Guiauchain,
LA CHRONIQUE DES ARTS
de la plus belle exécution. D’un côté sont les
figures du Christ, de la Vierge et de saint Jean,
de saint Pierre et de la Madeleine ; de l’autre
sont les Evangélistes avec leurs attributs, le
tout en argent doré. Le fond de la croix est
décoré de charmants émaux translucides re-
présentant les Apôtres et les emblèmes des
Vertus. Les arêtes de la croix sont en argent
finement repoussé et doré et garnies de cin-
quante-six boules en cristal de roche.
Cette belle pièce d’orfèvrerie est d’une con-
servation parfaite et dans toute sa pureté ori-
ginale. Elle avait été trouvée dans un couvent
de l’Apennin. C’est, sans contredit, une des
pièces d’orfèvrerie les plus remarquables, si-
non la plus remarquable du xive siècle, que
possèdent aujourd’hui nos collections publi-
ques, et le meilleur morceau en ce genre de
la vente San-Donato.
Elle a été acquise par M. du Sommerard au
prix de 11.100 lires italiennes, soit à peu près
9.800 francs. Le prince Demidolf l’avait payée
15.000 francs, il y a déjà bien longtemps. C’est
notre musée qui a fait la bonne affaire, et elle
est excellente.
Lecabinetvénitien a, de sa nature, un carac-
tère moins précieux, mais il constitue un im-
portant spécimen d’un art dont nous n’avons
que de rares échantillons et, à ce titre, aussi
bien qu’à celui de la composition et du
charme de l’exécution, il y avait un véritable
intérêt pour l’Hôtel de Cluny à s’en assurer la
propriété. 11 représente une façade de palais
composé de cinq étages de colonnes super-
posées avec une coupole centrale et des avant-
corps sur les côtés. Il est entièrement incrusté
de plaques de nacre et d’ivoire décorées de
charmantes peintures, de sujets, de figures et
d’arabesques. Dix-huit niches sont disposées
entre les colonnes et sont occupées par autant
de figurines en bronze doré d’une charmante
exécution. Le monument lui-même s’élève sur
quatre rangs de marches ornées de peintures
au vernis, de fleurs et d’arabesques d’or. Ce
petit monument, dans lequel l’architecture, la
peinture, la sculpture ont prêté leur concours
simultané au talent de l’ébéniste et du mar-
queteur vénitien du xvie siècle, n’a pas
moins de lm07 de large sur une hauteur de
0m85.
Il a été adjugé au directeur du Musée de
Cluny, au prix de b.100 lires, soit à peu près
4.300 francs.
L. G.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
L’exposition des œuvres que les pension-
naires de laVilla Médicis sont obligés d’en-
voyer tous les ans à l’Académie des beaux-arts
s’ouvre habituellement à Rome, le 1er avril.
Cette année, contrairement à l’usage, l’ouver-
ture n’a eu lieu que le 15. Voici, d’après le
journal Yltalie, la nomenclature des œuvres
principales :
M. Comerre, pensionnaire de 4° année, expose
« Samson et Dalila ». C’est un tableau de
grandes dimensions et qui compte un grand
nombre de figures.
M. Wincker, de 3e année, expose une copie
et une esquisse. La copie, d’après un des frères
Bellini, représente une madone entourée de
quatre saints. L’esquisse reproduit la scène de
« Frédéric Barberousse s’humiliant devant le
pape Alexandre III ».
M. Chartran, de 2e année, un tableau repré-
sentant « la madone de Saint-Marc ».
M. Schommer, de lrc année, expose « Alexan-
dre et son cheval Bucéphale ».
Passons à la sculpture :
M. Hugues, de 4e année, expose un groupe
en marbre représentant « une jeune femme
qui joue avec un enfant ».
M. Lanson, de 3° année, un terme repré-
sentant « l’Etude » et un bas-relief (Salambô)
dont le sujet est emprunté au roman de
M. Flaubert.
M. Cordonnier, de 2e année, « Jeanne d’Arc
sur le bûcher » et un has-relief reproduisant
trois scènes de la vie de la Pucelle d’Or-
léans.
M. Grasset, de lre année, un haut-relief,
« Icare et Dédale ».
Les graveurs MM. Bottée, Boisson et Deblois
exposent des médaillons, des portraits gravés
d’après des maîtres et des dessins.
Les architectes MM. Paulin, Blondel, Nenos
et Laloux ont fait, comme les années précé-
dentes, des études et restaurations de monu-
ments.
L’exposition publique et gratuite aura lieu,
à la salle Melpomène, à partir du 15 juin pro-
chain.
Un rapport détaillé sera adressé au ministère
des beaux-arts par M. le vicomte Delaborde,
secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-
arts.
Dimanche 11 avril a eu lieu, dans le local
même de l’Exposition des beaux-arts à Alger,
la distribution des récompenses décernées aux
artistes.
Le gouverneur général, M. Albert Grévy,
présidait cette cérémonie à laquelle il a été
donné une certaine solennité. Après un dis-
cours de M. H. Mongellas, président de la So-
ciété des beaux-arts, rendant compte des
résultats de l’exposition et faisant connaître
que le produit des entrées s’est élevé à 18.880
francs et le chiffre des achats d’œuvres d’art à
plus de 55.000 francs, M. A. Grévy, répondant
à un passage de ce discours sollicitant la créa-
tion d’un Palais des beaux-arts, promet son
appui à ce projet et donne lecture d’une lettre
de M. Turquet promettant également la créa-
tion d’Ecoles d’art et de musées départemen-
taux.
Des applaudissements ont accueilli cette lec-
ture et ils ont éclaté de nouveau après que
M. Grévy a donné connaissance d’un décret
nommant M. H. Mongellas chevalier de la
Légion d’honneur, ainsi que de divers arrêtés du
ministre de l’instruction publique nommant
officiers d’académie MM. Alphandery, Samary,
Goutanceau, Chevalier, Quirot et Guiauchain,