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La chronique des arts et de la curiosité — 1880

DOI issue:
Nr. 39 (11 décembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26611#0318
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LA CHRONIQUE DES ARTS

été rétabli par le Conseil qui, tout en regret-
tant le temps où les Salons présentaient ces
admirables séries de Delacroix, de Rousseau,
de Corot et d’autres maîtres, a pensé que le
défaut d’espace et le nombre toujours crois-
sant des œuvres envoyées imposaient comme
un devoir rigoureux de maintenir la limitation
précédemment prescrite.

Sur le chapitre de la formation du jury,
une longue discussion s’est engagée et n’a pas
abouti. On sait qu’aux termes de l’ancien rè-
glement, le jury, composé pour les trois quarts
de membresélusparmi les artistes qui avaient
exposé trois fois et pour un quart de membres
désignés par l’administration, était chargé de
recevoir les œuvres, de les classer et de dis-
tribuer les récompenses fournies par l’Etat.

La sous-commission proposait de former
deux jurys : un jury d’admission entièrement
nommé par les artistes qui avaient exposé
une fois, et un jury des récompenses choisi
par l’administration.

Cette disposition a été critiquée par MM.
Castagnary, Véron et Cabanel, qui sont parti-
sans d’un jury unique nommé par les artistes.
M. Cabanel a déclaré que, la fonction de juré
d’admission étant considérée comme une cor-
vée et celle de juré des récompenses comme
un honneur, aucun artiste n’accepterait ja-
mais la première si l’on n’y joignait pas la se-
conde.

MM. Antonin Proust, Spuller, Delaborde et
Guillaume ont soutenu, au contraire, la pro-
position de la commission. Us ont exposé que
la sous-commission avait voulu par son projet,
qui supprime toute intervention administra-
tive dans la formation du jury d’admission,
laisser les artistes entièrement responsables
de l’organisation du Salon annuel ; que pour
les récompenses, l’Etat, déjà maître absolu en
ce qui concerne les acquisitions et l’attribu-
tion des croix de la Légion d’honneur, devait
reprendre sa responsabilité en ce qui touche
l’attribution des médailles, à charge par lui de
s’entourer de toutes les lumières désirables.

MM. Hérold et Cernuschi, à titre de transac-
tion, ont proposé de composer le jury des ré-
compenses moitié de membres nommés par le
gouvernement et moitié de membres tirés au
sort parmi les membres du jury d’admission
élu par les artistes.

On a proposé également de supprimer com-
plètement le système des médailles, qui en-
traîne une dépense annuelle de 58.000 francs,
et d’employer cette somme à des acquisitions
ou à tout autre encouragement plus utile.

Un membre a ajouté qu’en effet il a été fait
un étrange abus de ce genre de récompenses,
si l’on veut bien considérer qu’à l’heure
actuelle il n’y a pas moins de 1.890 médaillés
dont 400 artistes hors concours, c’est-à-dire
décrétés hors de pair par les jurys successifs.
M. Alexandre Dumas fils a fait observer que la
suppression complète des médailles était une
mesure bien radicale.

M. Turquet, sous-secrétaire d’Etat aux
beaux-arts, a résumé la discussion en faisant
ressortir la divergence des opinions émises. 11
a été décidé que la sous-commission s'occu-
pera de nouveau de la question demain, et

qu’elle apportera de nouvelles propositions
dans la séance que Je conseil supérieur tiendra
lundi prochain.

(Résumé du Temps)

NOUVELLES

Le Sénat a adopté le budget des Beaux-
Arts voté par la Chambre, sans autre mo-
dification qu’un crédit supplémentaire de
30.000 francs consenti, sur la proposition de
M. Henri Martin, pour la conservation des mo-
numents mégalithiques.

Dans le conseil des ministres du o dé-
cembre M. Jules Ferry a soumis un projet de
loi tendant à l’aliénation d’une partie des
joyaux de l’Etat connus sous le nom de dia-
mants de la couronne; ces joyaux de l’Etat
représentent.une valeur de25 millions environ,
sur lesquels 12 millions déjà représentent la
valeur du régent. Les joyaux qu’il s’agit
d’aliéner représentent une valeur de 5 mil-
lions ; ils n’ont aucune valeur artistique ; tous
ceux qu’on conserve, au contraire, en ont une
réelle.

Avec le produit de cette aliénation on cons-
tituera la dotation d’une caisse spéciale, dite
caisse des musées, et qui aura pour but de
fournir à tout instant les ressources néces-
saires pour l’achat d’objets d’art destinés à
enrichir nos collections nationales.

M. Georges Perrot commencera son cours
d’archéologie, à la Faculté des lettres, aujour-
d’hui samedi 11 décembre, à trois heures,
dans le grand amphithéâtre delà salle Gerson.

On sait qu’un comité s’est formé pour
élever par souscription publique une statue à
Alexandre Dumas à Paris. Les autorisations
nécessaires du gouvernement et de la ville de
Paris ont été obtenues pour ériger cette statue
dans un des squares de la place Malesherbes.

»*» L’Etat vient d’aequérir le tableau de
M. Jules Goupil : Mma Roland, exposé au Salon
de 1880, pour le faire placer au Musée du
Luxembourg.

On se rappelle la magnifique pendule
Jean Goujon en argent et lapis-lazuli exposée
par M. Fannière, à l’Union centrale, dans la
série de l’exposition moderne du métal, et
dont il a été question dans l’article de notre
collaborateur M. Marius Vacbon (numéro de la
Gazette du ter novembre). Nous apprenons que
cette belle œuvre d’orfèvrerie artistique est
devenue la propriété de M. Autier de Cauvry,
qui a eu la bonne fortune de l’acquérir. C’est
là, croyons-nous, un renseignement qui inté-
ressera ceux qui s’occupent particulièrement
de l’histoire de l’art industriel moderne.
 
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