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La chronique des arts et de la curiosité — 1884

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Nr. 15 (12 Avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.18473#0131
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ET DE LA

vant son œuvre, et n'a su y mettre ni charme ni
mystère. C'est ua vrai soulagement de regarder
après ces paysages deux toutes petites toiles de
Corot, exquises de couleur et de sentiment, quoi-
qu'elles n'appartiennent pas à ses pages importan-
tes. Plusieurs peintres de Munich s'efforcent de
faire du Meissonier et du Fortuny, avec un résultat
peu satisfaisant. Une imitation par Kiihl du célè-
bre tableau de Fortuny, le Modèle, est même assez
ridicule. Dans toutes ces trois galeries on trouve
de nombreux échantillons de cette nouvelle école
qui a pour centre Venise, quoique on ne puisse
pas la qualifier précisément de vénitienne dans le
vrai sens du mot ; elle compte dans ses rangs des
peintres très habiles et doués de qualités sérieu-
ses, tels que Girolamo Favretto, Van Haanen, Eu-
gène de Blaas et les Anglais H. Woods et Logs-
dail. On ne peut cependant se défendre du soup-
çon que toute cette Venise moderne est étudiée
moins au point de vue sérieux des mœurs popu-
laires que pour composer des œuvres pittoresques
et agréables, destinées à prendre place dans les
salons des riches amateurs. Favrello expose (chez
M. Lean) une toile d'assez grandes dimensions,
Place du Marché à Venise, dans laquelle l'effet du
plein air est traité avec une remarquable habileté
et l'architecture admirablement rendue. E. de Blaas
expose deux toiles légèrement maniérées, Flir-
tation et Da?ise villageoise, et plusieurs études de
contadines vénitiennes qui trahissent trop le parti
pris et l'emploi du même modèle.

Il y a de Fortuny un spécimen caractéristique,
Dans le Vatican, sujet rococo dans lequel il mon-
tre son habileté merveilleuse de touche et de des-
sin sans parvenir, cette fois, à rendre son tableau
spirituel ni même intéressant. L'école française
est représentée par deux toiles d'Eugène Fro-
mentin, plusieurs esquisses et un tableau, le
Tendeur de tapis, de Benjamin Constant, un
Jacquet, la Vivandière, une marine d'Ulysse
Butin, et un remarquable tableau de Gérôme, le
Gardien du harem. La tête bestiale et cruelle de
l'eunuque gardien est une véritable merveille : on
ne peut rien imaginer de plus vrai et de plus
saisissant. Quoique la facture du tableau ait les
défauts qu'on est habitué à trouver chez ce maî-
tre, il s'impose et domine tout le reste à force de
puissance dramatique. Bastien Le page est repré-
senté par son tableau Deux jeunes amoureux
rustiques qui a été déjà exposé au Salon. Les
deux têtes sont bien belles et pleines de ce réa-
lisme poétique dont Millet, le premier, a trouvé le
secret; mais elles*sont, en vérité, bien mal enca-
drées par le reste du tableau dont la laideur est
exagérée presque avec intention. L'école anglaise,
assez faiblement représentée, n'est pas vue à son
avantage. Seul, W. Q. Orchardson, doni on verra
bientôt les œuvres à Paris, sort victorieusement
de la lutte avec un charmant tableau the Mor-
ning Call. G. H. Boughton a envoyé quelques étu-
des plus que médiocres, et Frank Holl une toile
bien composée, mais un peu artificielle Y At-
tente. Deux des principaux paysagistes anglais,
F. Leader et Vicat Cole sont représentés par des
toiles caractéristiques de leur talent.

Ni l'un ni l'autre n'ont suivi les grandes tradi-
tions de l'école anglaise du paysage, ils ne sortent
pas du pittoresque le plus banal et ne s'émeuvent
pas en face de la nature, qu'ils s'efforcent de re-
présenter d'une manière plus ou moins photogra-

CURIOSITÉ 121

phique sans en pénétrer jamais les secrets inti
mes.

Il y a ailleurs (chez MM. Vokins) une exposition
des aquarelles d'un grand paysagiste anglais dé-
cédé, de Wint, qui était le contemporain, et dans
son genre, l'égal de Turner et de David Cox. Ses
esquisses, surtout, sont merveilleuses de vérité et
de largeur : bien souvent, en les traduisant en
paysages achevés, il leur ôtait une partie de leur
puissance et de leur charme. Les paysagistes an-
glais des écoles actuelles feraient bien de l'étu-
dier.

Claude Phillips.

Fouilles de Garthage. — Le 4 mars der-
nier, MM. Salomon lleinach et Ernest Babelon,
chargés d une mission scientifique en Tunisie, ont
commencé des fouilles archéologiques sur l'empla-
cement de Carthage.

Conformément aux instructions de l'Institut, la
mission archéologique a surtout été préoccupée de
déterminer, au moyen de quelques tranchées pro-
fondes, les niveaux moyens du sol romain et du
sol punique. L'immense accumulation de débris et
de pierres qui forme les couches supérieures du
sol de Carthage y rend les travaux de terrassement
longs et difficiles. A cinq mètres de profondeur,
dans une tranchée entre les ports et la citadelle, on
a rencontré toute une série de puits, de citernes,
de substructions datant sans doute de l'époque
punique et réparés ou transformés plus tard par
les Romains. Le sol vierge s'est trouvé à la pro-
fondeur de sept mètres. Ainsi, pour déblayer la
ville d'Annibal, il faudrait enlever en moyenne
sept mètres de terre sur une étendue de plusieurs
centaines d'hectares. Ces déblais, jetés dans le lac
de Tunis, permettraient de conquérir sur ce maré-
cage insalubre une grande superficie de terrain
qui serait d'une fertilité incomparable.

Les fouilles de la mission archéologique ont déjà
fourni un certain nombre d'objets importants pour
l'histoire de l'art.

Les fouilles dureront encore deux ou trois se-
maines ; après quoi les grandes chaleurs du prin-
temps obligeront de les suspendre. On espère tra-
vailler jusque vers la fin du mois d'avril.

Académie des inscriptions.

(4 avril)

L'Académie s'est occupée des explorations ar-
chéologiques de MM. S. Reinaeh et Babelon, dont
nous venons de parler.

Dans la profonde tranchée ouverte par eux entre
l'ancienne nécropole de Byrsa et l'arsenal mili-
taire, ils ont recueilli divers objets que désigne
une lettre adressée à l'Académie par M. Reinaeh.
Parmi eux nous citerons :

Une inscription néo-punique, tracée à l'encre
sur un tesson de poterie. M. Renan, qui vient d'en
examiner la photographie, désespère d'en tirer
quelque chose de satisfaisant, à moins que l'ori-
ginal ne soit plus clair que l'image ;

Une monnaie de Carthage en bronze, de petit
module, avec le type ordinaire ;

Un masque de terre cuite, de douze centimètres
 
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