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La chronique des arts et de la curiosité — 1885

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Nr. 13 (28 Mars)
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https://doi.org/10.11588/diglit.18474#0111
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ET DE LA CURIOSITÉ

101

en diverses matières, 31G — Bustes et médail-
lons, 374 — Objets d'art de toute nature réquisi-
tionnés pour être fondus ou brûlés, 23 \ — Pein-
tures e.i émail, sur verre, etc., 303 — Peintures
sur toutes matières, 2.896 — Antiques, 440 —Meu-
bles et trésors d'églises, 573 — Étoffes tt tapisse-
ries ; 61 — Meubles et curiosités, 274 — Objets de
science, etc., 290 — Total : 10.295.

Toujours est-il que, quand on voulut restituer
les monuments à leurs destinytaires, il arriva ce
que Lenoir avait fait prévoir par sa supplique au
ioi. Depuis vingt cinq ans, beaucoup d'églises, de
cimetières, de couvents et de châteaux avaient
disparu; la plupart des émigrés étaient dépossé-
dés, ruinés et ne pouvaient plus faire les frais du
retour de leurs monuments héréditaires, si bien
que, le dépôt des Petits-Augustins étant supprimé,
un bon tiers de ses richesses resta sans asile à
Paris comme en province, et se perdit. Un assez
grand nombre d'objets furent donnés à qui les
demandait : l'ancien domaine de Sully, le parc de
Rosny,près Mantes, qui appartenait à la duchesse
de Berri en reçut un certain nombre qui> peut-
être, s*y trouvent encore. Aux missionnaires du
Mont-Valérien on envoya de la part du rai un des
plus grands et des plus élégants monuments
placé dans le jardin du musée, vers l'angle de la
rue Jacob et de celle des Saints-Pères; c'était
un panneau de muraille, une clôture delà Renais-
sance, ornée de niches à statues, de colonnes
d'ordre corinthien, de bas-reliefs ayant rapport à
Henri II et à Diane de Poitiers. Ce bel ouvrage,
attribué à Philibert Delorme, avait été enlevé en
1785 du cimetière attenant à l'église deNogent-le-
Rotrou et placé dans le parc de M. de Boulongne,
d'où son successeur Audriane l'avait envoyé aux
Petits-Augustins. Au Mont-Valérien, ses matériaux
ne furent pas remis en œuvre et on peut craindre
qu'ils n'aient servi de moelloii3 pour la construc-
tion du fort. La Société se propose d'y envoyer
une commission dès qu'elle y aura été autorisée
par l'Administration militaire.

Fort heureusement, les tombes royales furent
tant bien que mal rapportées à Saint-Denis, où
les suivit Lenoir pour y attendre soixante ans
une restauration qui les tirât du chaos et du
néant.

Les plus beaux ouvrages des xin° au xviu8
siècles furent portés au musée du Louvre, dont
l'organisation commeorait. Le groupe célèbre des
Trois Grâces ou plutôt des vertus théologales de
Germain Pilon était du nombre, ainsi que les
tombeaux de Commines, de Mazarin, les Captifs
de Michel-Ange, etc., etc.

En môme temps que le musée s'éparpillait, le
palais des Beaux-Arts s'élevait, sous la direction
de l'architecte de B'ay: les beaux arbres contem-
porains de la reine Margot tombaient, et les mo-
numents du jardin que personne ne réclamait, dé-
logés par les chantiers, remisés sans soin déplace
en place, s'en allaient en poussière. M. Albert
Lenoir se rappelle avoir vu les maçons de de Bray
faisant des dallages avec des épitaphes et jouant
aux boules avec des têtes de statues abandonnées.
Les derniers débris ont été portés il y a quelques
années dans les jardins de l'hôtel de Cluny. — Il
ajoutait avec chagrin qu'on ne peut pas se douter,
si on ne les a vus, des ravages exercés depuis ce
temps-là dans Paris par le vandalisme des démo-
lisseurs attitrés de la voirie, et l'énumération en

serait si longue que nous ne pouvons pas plus
songer à la placer ici qu'à citer tous les cas de
destruction sauvage portés par l'abbé Grégoire à
la connaissance de la Convention nationale»
Mais on trouve les épaves du Paris démoli de ce
temps-là dans la Statistique monumentale de
Paris, ouvrage capital de M. Albert Lenoir, que
sa vocation entraînait à continuer l'œuvre de son
père, par les moyens dont on pouvait disposer
alors, c'est-à-dire en se portant partout où l'on
démolissait, où l'on fouillait, où l'on trouvait quel-
que monument, afin d'en conserver des plans et
des dessins. Malheureusement, la Statistique mo-
numentale, qui avait commencé en 1839, fut à son
tour vandalisée, c'est-à-dire supprimée par le
ministère Rouland, sous prétexte d'économie.

Arthur Riions.

(A continuer).

CORRESPONDANCE DE BELGIQUE

Un tableau de Gérard Dov

Un expert en tableaux, de Bruxelles, M. Hol-
lender, achetait il y a quelque temps, à Londres,
un tableau catalogué sous la rubrique : Ecole de
Rembrandt. Une patine chaude, d'un roux hareng
saur, donnait à la peinture le ton chauffé des
toiles auxquelles généralement cette attribution
est octroyée. Quant à une désignation plus affir-
mative, aucun sigoe positif de maîtrise connue
n'y autorisait. Et cependant, telle était l'ampleur
de la composition, qu'on ne pouvait mettre en
doute l'œuvre d'une main merveilleusement
exercée. Quand les couches de vernis superposées
eurent été enlevées, on ?e trouva en présence
d'un émail solide et brillant, tout infusé de la
plus éblouissante lumière, comme si du soleil
s'était trouvé mêlé aux pâtes. Rembrandt seul
paraissait avoir pu atteindre à ce degré d'inten-
sité dans les colorations, à ces ors brunis d'après-
midi, qui envermeillaient jusqu'aux pénombres.
Et, peut-être eùt-on persévéré dans l'illusion que
la toile était réellement un Rembrandt, si, au der-
nier moment, une signature n'avait sailli d'une
des parties les plus encrassées du tab'eau : G. DOV
16o3.

Un expert est porté par les habitudes de sa pro-
fession à ne point se contenter de demi-assu-
rances. M. Hollender, au risque de fatiguer la
couleur où s'était incrustée l'estampille, soumit à
une épreuve décisive la signature et le millésime.
L'épreuve fut concluante : la main qui avait mis
là sa griffe était bien celle qui avait exécuté le
tableau. Le propriétaire perdait un Rembrandt,
mais retrouvait un Gérard Dov, dans un temps
où les peintures du petit maître quelquefois vont
à des prix que les grands maîtres n'ont pas tou-
jours. Il faut dire très vite, d'ailleurs, pour expli-
quer les confusions premières, que ce Dov n'avait
rien des préciosités ni du maniérisme auxquels
il est convenu 411'on doive reconnaître le peintre
de la Femme hydropique. Celui-ci, en effet, tout
à coup se révélait, brosseur de grande allure,
estampant vigoureusement ses pâtes, frappant la
touche comme un coup de pilon, avec une carrure
et une crânerie qui démolissaient la légende du
 
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