ET DE LA
soit en pierre. Mais ce dernier mode de re-
produtiou coûtant beaucoup plus cher qu'en
livrant les œuvres à la fonte, il a e'te' décide'
que trois groupes ou statues seulement seront
reproduites en marbre. Ce sont : la Défense
du loyer, de Boisseau; le Jeune Faune, de
Charpentier, et la statue Primevère, due au
ciseau d'Hercule. Voici quel sera le prix de
revient des œuvres à reproduire et qui sont
destine'es, soit à l'Hôtel-de-Ville, soit aux
squares de la ville : La Défense du foyer
coûtera 18.000 fr. ; le Jeune Faune et Prime-
vère, 7.000 fr. chacune. Les œuvres à repro-
duire en fonte coûteront : le Diderot, de Le-
cointe, 7.800 fr.; le Gué, de Lefèvre, 5.000
francs; Une Mère, deLenoir, 6.000 fr.; le Sau-
veteur, de Mombur, 5.000 fr.; Sauvé! de
Kolard, h.QQO fr., et un Eclaireur, de Stener,
0.000 fr., soit uue somme totale de 81.800 fr.
y compris les frais d'installation, e'value's à
1.500 ou 3.000 fr. pour chacune de ces œu-
vres.
Dimanche dernier, mai, a eu lieu à
Villers-Cotterets l'inauguration de la statue
d'Alexandre Dumas, œuvre de Carrier-Bel-
leuse. La statue mesure 3 mètres 13 cent, de
hauteur, est place'e à quelques pas de la station
du chemin de fer, à l'entrée de la rue où est né
Alexandre Dumas, et qui porte son nom.
Académie des inscriptions
Antiquités étrusques. — M. Alex. Bertrand com-
munique une note d'un savant archéologue ita-
lien, M. J. Gozzadini, sur une série de stèles fu-
néraires découvertes dans la nécropole de l'an-
tique Felsiua (aujourd'hui Bologne;. Il y en a plus
de cent; toutes proviennent de La Certosa, de
Lucca ou d'autres lieux voisins. Leur forme est
ovoïde, circulaire, quadrangulaire ; elles sont or-
nées de bas-reliefs occupant le plus souvent un
seul côté, parfois les deux faces et même la
tranche. Disposés d'ordinaire en trois registres
superposés et dont les deux inférieurs semblent
offrir des scènes se rapportant soit à la vie ter-
reste, soit à la vie d'outre-tombe, les bas-reliefs
nous montrent fréquemment un guerrier, l'épée
nue à la main, s'avançant contre un ennemi pro-
tégé par un petit bouclier; l'émigration de l'âme
aux enfers. L'âme est représentée par une forme
humaine montée sur un quadrige que traînent des
chevaux presque toujours ailés. Devant l'attelage
marche Mercure psychopompe, tenant un flam-
beau renversé. Dans un des registres supérieurs,
la lutte du serpent et du griffon symbolise la doc-
trine dualiste qui faisait le fond des croyances re-
ligieuses de l'Étrurie. Sur une des stèles, on re-
marque, sculptée en style archaïque, une louve
allaitant un enfant; sur une autre, apparaît un
grand navire. Neuf de ces monuments portent des
inscriptions en caractères étrusques ; ce sont les
nom3 du défunt [nomen et prœnomen) au génitif.
Une stèle, découverte à San-Polo, montre dans un
compartiment l'âme en route pour l'autre monde ;
elle est sur le quadrige mystique ; elle est vêtue du
CURIOSITÉ 171
pallium. A ses pieds, le serpent, symbole du bon
principe, déroule ses anneaux ; derrière elle, pres-
que sur ses épaules, une petite figure nue semble
voltiger.
M. Gozzadini traduit une des inscriptions par ces
mots : «Je suis la sépulture de Claudius Veltius. »
Il croit reconnaître dans une autre un terme fai-
sant allusion à une victoire. Mais M. Bréalfait ob-
server que ces interprétations supposent entre le
vocabulaire étrusque et le vocabulaire grec une
parenté qui n'est point établie.
M. Heuzey demande à quelle époque on fait re-
monter ces monuments. M. Bertrand répond que
M. Gozzadini les place, sans néanmoins rien préci-
ser , entre le v° et le m3 siècle avant notre
ère. A ce- propos, M. Deloche proteste contrt
une tendance, chaque jour plus accusée, des ar-
chéologues italiens, qui semblent oublier la pré-
sence et l'importance des établissements gaulois
dans l'Italie septentrionale et dans la vallée du Pô.
L'influence de cette Gaule Circumpadane ne sau-
rait cependant être négligée; les sépultures gau-
loises avec leur physionomie spéciale, telle que
nous la retrouvons chez nous, ont dû subsister
jusque dans les temps voisins de notre ère. Les
archéologues italiens se trompent quand ils les re-
jetteut systématiquement à des époques préhisto-
riques.
Antiquités de la Tunisie.— M. Salomon Rei-
nach communique à l'Académie, au nom de
M. Batclm et au sien, les résultats de fouilles ar-
chéologiques pratiquées par ces missionnaires au
commencement de 1884, sur les emplacements de
Meninx (île de Djerba), Gighthis (Sidi-Salem-Bou-
Ghara, vis-à vis de Djerba), et Ziân (localité du
Sud tunisien, voisine de Zarzis). Les fouilles ont
donné quelques remarquables morceaux de sculp-
ture et de nombreuses inscriptions. On a pu rap-
porter à Paris et déposer à la Bibliothèque na-
tionale une tête en marbre d'Auguste, trouvée à
Gighthis, une tête en marbre de Claude voilé eu
pontife, une tête d'impératrice romaine et uue
amulette en or, couverte de caractères inintelli-
gibles, trouvées à Ziân. M. Reinach soumet à
l'Académie les photographies des statues dont le
poids n'a pas permis le transfert : ce sont notam-
ment une statue de la Victoire et plusieurs sta-
tues viriles drapées trouvées à Meninx, trois sta-
tues de magistrats découvertes à Gighthis et deux
belles statues de femmes en marbre, photogra-
phiées sur l'emplacement de Ziân. Les inscrip-
tions communiquées par M. Reinach sont trop
nombreuses pour être reproduites ici; les plus im-
portantes, découvertes à Ziân, datent du règne de
Claude et établissent la date du proconsulat de
Q. Marcius Barea, consul suffect an 18 ap. J.-C. et
proconsul d'Afrique en 42. La localité appelée Ziân
par les Arabes, où un aviso français, la Sentinelle*
a recueilli en 1851 douze statues de marbre à des-
tination du Louvre, qui ont disparu sans laisser
de traces, correspond probablement à la bour-
gade appelée Ziha municipium sur la table de Peu-
tinger. Le Ponte-Zita, mentionné dans la même
région par Xltinèraire d'Antonin, doit être cherché
sur le bord de la mer, à la tête de l'ancien pont
qui reliait l'île de Djerba au continent.
soit en pierre. Mais ce dernier mode de re-
produtiou coûtant beaucoup plus cher qu'en
livrant les œuvres à la fonte, il a e'te' décide'
que trois groupes ou statues seulement seront
reproduites en marbre. Ce sont : la Défense
du loyer, de Boisseau; le Jeune Faune, de
Charpentier, et la statue Primevère, due au
ciseau d'Hercule. Voici quel sera le prix de
revient des œuvres à reproduire et qui sont
destine'es, soit à l'Hôtel-de-Ville, soit aux
squares de la ville : La Défense du foyer
coûtera 18.000 fr. ; le Jeune Faune et Prime-
vère, 7.000 fr. chacune. Les œuvres à repro-
duire en fonte coûteront : le Diderot, de Le-
cointe, 7.800 fr.; le Gué, de Lefèvre, 5.000
francs; Une Mère, deLenoir, 6.000 fr.; le Sau-
veteur, de Mombur, 5.000 fr.; Sauvé! de
Kolard, h.QQO fr., et un Eclaireur, de Stener,
0.000 fr., soit uue somme totale de 81.800 fr.
y compris les frais d'installation, e'value's à
1.500 ou 3.000 fr. pour chacune de ces œu-
vres.
Dimanche dernier, mai, a eu lieu à
Villers-Cotterets l'inauguration de la statue
d'Alexandre Dumas, œuvre de Carrier-Bel-
leuse. La statue mesure 3 mètres 13 cent, de
hauteur, est place'e à quelques pas de la station
du chemin de fer, à l'entrée de la rue où est né
Alexandre Dumas, et qui porte son nom.
Académie des inscriptions
Antiquités étrusques. — M. Alex. Bertrand com-
munique une note d'un savant archéologue ita-
lien, M. J. Gozzadini, sur une série de stèles fu-
néraires découvertes dans la nécropole de l'an-
tique Felsiua (aujourd'hui Bologne;. Il y en a plus
de cent; toutes proviennent de La Certosa, de
Lucca ou d'autres lieux voisins. Leur forme est
ovoïde, circulaire, quadrangulaire ; elles sont or-
nées de bas-reliefs occupant le plus souvent un
seul côté, parfois les deux faces et même la
tranche. Disposés d'ordinaire en trois registres
superposés et dont les deux inférieurs semblent
offrir des scènes se rapportant soit à la vie ter-
reste, soit à la vie d'outre-tombe, les bas-reliefs
nous montrent fréquemment un guerrier, l'épée
nue à la main, s'avançant contre un ennemi pro-
tégé par un petit bouclier; l'émigration de l'âme
aux enfers. L'âme est représentée par une forme
humaine montée sur un quadrige que traînent des
chevaux presque toujours ailés. Devant l'attelage
marche Mercure psychopompe, tenant un flam-
beau renversé. Dans un des registres supérieurs,
la lutte du serpent et du griffon symbolise la doc-
trine dualiste qui faisait le fond des croyances re-
ligieuses de l'Étrurie. Sur une des stèles, on re-
marque, sculptée en style archaïque, une louve
allaitant un enfant; sur une autre, apparaît un
grand navire. Neuf de ces monuments portent des
inscriptions en caractères étrusques ; ce sont les
nom3 du défunt [nomen et prœnomen) au génitif.
Une stèle, découverte à San-Polo, montre dans un
compartiment l'âme en route pour l'autre monde ;
elle est sur le quadrige mystique ; elle est vêtue du
CURIOSITÉ 171
pallium. A ses pieds, le serpent, symbole du bon
principe, déroule ses anneaux ; derrière elle, pres-
que sur ses épaules, une petite figure nue semble
voltiger.
M. Gozzadini traduit une des inscriptions par ces
mots : «Je suis la sépulture de Claudius Veltius. »
Il croit reconnaître dans une autre un terme fai-
sant allusion à une victoire. Mais M. Bréalfait ob-
server que ces interprétations supposent entre le
vocabulaire étrusque et le vocabulaire grec une
parenté qui n'est point établie.
M. Heuzey demande à quelle époque on fait re-
monter ces monuments. M. Bertrand répond que
M. Gozzadini les place, sans néanmoins rien préci-
ser , entre le v° et le m3 siècle avant notre
ère. A ce- propos, M. Deloche proteste contrt
une tendance, chaque jour plus accusée, des ar-
chéologues italiens, qui semblent oublier la pré-
sence et l'importance des établissements gaulois
dans l'Italie septentrionale et dans la vallée du Pô.
L'influence de cette Gaule Circumpadane ne sau-
rait cependant être négligée; les sépultures gau-
loises avec leur physionomie spéciale, telle que
nous la retrouvons chez nous, ont dû subsister
jusque dans les temps voisins de notre ère. Les
archéologues italiens se trompent quand ils les re-
jetteut systématiquement à des époques préhisto-
riques.
Antiquités de la Tunisie.— M. Salomon Rei-
nach communique à l'Académie, au nom de
M. Batclm et au sien, les résultats de fouilles ar-
chéologiques pratiquées par ces missionnaires au
commencement de 1884, sur les emplacements de
Meninx (île de Djerba), Gighthis (Sidi-Salem-Bou-
Ghara, vis-à vis de Djerba), et Ziân (localité du
Sud tunisien, voisine de Zarzis). Les fouilles ont
donné quelques remarquables morceaux de sculp-
ture et de nombreuses inscriptions. On a pu rap-
porter à Paris et déposer à la Bibliothèque na-
tionale une tête en marbre d'Auguste, trouvée à
Gighthis, une tête en marbre de Claude voilé eu
pontife, une tête d'impératrice romaine et uue
amulette en or, couverte de caractères inintelli-
gibles, trouvées à Ziân. M. Reinach soumet à
l'Académie les photographies des statues dont le
poids n'a pas permis le transfert : ce sont notam-
ment une statue de la Victoire et plusieurs sta-
tues viriles drapées trouvées à Meninx, trois sta-
tues de magistrats découvertes à Gighthis et deux
belles statues de femmes en marbre, photogra-
phiées sur l'emplacement de Ziân. Les inscrip-
tions communiquées par M. Reinach sont trop
nombreuses pour être reproduites ici; les plus im-
portantes, découvertes à Ziân, datent du règne de
Claude et établissent la date du proconsulat de
Q. Marcius Barea, consul suffect an 18 ap. J.-C. et
proconsul d'Afrique en 42. La localité appelée Ziân
par les Arabes, où un aviso français, la Sentinelle*
a recueilli en 1851 douze statues de marbre à des-
tination du Louvre, qui ont disparu sans laisser
de traces, correspond probablement à la bour-
gade appelée Ziha municipium sur la table de Peu-
tinger. Le Ponte-Zita, mentionné dans la même
région par Xltinèraire d'Antonin, doit être cherché
sur le bord de la mer, à la tête de l'ancien pont
qui reliait l'île de Djerba au continent.