DOI Heft:
Nr. 7 (12 Février)
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.18476#0059
N° 7 - 1887
BUREAUX, 8, RUE FAVART,
12 Février
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
paris et départements:
Un an. . , 12 fr. | Six mois 8 fr.
MOUVEMENT DES ARTS
A l'hôtel Dronot, on a vendu samedi une collec-
tion d'Instruments de musique dépendant
de la succession de M. Abel Bonjour.
Cette adjudication, qui avait attiré une affluence
considérable, a produit <55.442 francs. Signalons,
comme principales enchères, deux violoncelles
d'Antoine Stradivarius ayant figuré aux Exposi-
tions internationales rétrospectives de Paris en 1878
et de Londres en 1875; le premier, qui était daté
de 1689, a été acheté par M. J. Delsart, professeur
au Conservatoire, 19.(100 francs; le second, daté
de 1691, 12.000 francs.
Un troisième violoncelle de Francesco Rugger,
daté de 1685, a. été payé 3.200 francs.
Un archet de Tourte, hausse écaille, bouton et
plaque en nacre et garniture en or, a été vendu
11 .000 francs.
Un tableau mis en vente à l'Hôtel Drouot a
révélé un procédé de truquage inconnu jusqu'ici
du public. Ce tableau est ainsi décrit au catalogue,
dit le Temps :
7. Isabey. — Le Tombeau du chevalier. — Dans
un caveau, l'aïeul et ses deux petits-enfants sont
en prière devant le tombeau. A gauche, l'armure
du défunt et un éeuyer tenant son épée. A. droite,
les enfants de choeur agenouillés. Dans le fond,
des prélats et des seigneurs.
Signé à gauche et daté 68.
Haut., 31 cent.; larg., 44.
Ce tableau avait été vendu avec plusieurs autres
par un peintre à un riche industriel du quartier
de la Bastille au prix de 9.000 fr. Cet amateur,
désirant se défaire de ses tableaux, pria un ex-
pert de les vendre à l'hôtel Drouot.
Cet expert, en examinant attentivement les ta-
bleaux, crut remai quer quelque chose d'anormal
dans l'exéculiou de l'Isabey; il le désencadra et
toucha à l'essence un des coins du tableau. La
peinture s'efiaça. Il poussa plus loin ses investi-
gations, et voici quel en fut le résultat :
Il y a quelques années, Isabey avait envoyé à
l'exposition des aquarellistes une aquarelle qui
avait été acquise par un truqueur habile. Celui-
ci avait fait pour cet aquarelle l'opération faite
pour reporter sur toile ou sur panneau des fres-
ques ou des peintures sur pierre; il avait fait
amincir à l'extrême le papier épais employé par
les aquarellistes, puis il avait marouflé sur un
panneau d'acajou l'aquarelle ainsi réduiLe : c'est
dire qu'il avait collé d'une façon spéciale sur ce
panneau ce papier devenu tellement 6n que la
peintnre avait pris le grain du bois. Ensuite,
usant d'un réactif énergique, il avait donné aux
couleurs un effet puissant. Ce travail terminé, il
avait recouverL le panneau du vernis épais dont
on se sert pour vernir les voitures. L'effet obtenu
est extraordinaire, mais l'aquarelle ainsi truquée
ne peut supporter le moindre dévernissage.
Comme il y a une différence assez sensible dans
la valeur d'un tableau ou d'une aquarelle, l'ache-
teur assigne le vendeur en payement de la diffé-
rence entre la somme payée et celle donnée par
l'enchère.
—
CONCOURS & EXPOSITIONS
L'Exposition du Cercle de l'Uïïion Artis-
tique (place Vendôme) est plus importante
que celle de la rue Volney. Parmi les 1A8 ou-
vrages de peinture que l'on y voit, certains
feraient bonne figure au Salon. Les artistes
membres du Cercle ont tenu à honneur d'être
dignement représentés; nous ne saurions
trop les engager à persévérer dans une réso-
lution d'où dépend l'avenir de ces petites
BUREAUX, 8, RUE FAVART,
12 Février
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
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paris et départements:
Un an. . , 12 fr. | Six mois 8 fr.
MOUVEMENT DES ARTS
A l'hôtel Dronot, on a vendu samedi une collec-
tion d'Instruments de musique dépendant
de la succession de M. Abel Bonjour.
Cette adjudication, qui avait attiré une affluence
considérable, a produit <55.442 francs. Signalons,
comme principales enchères, deux violoncelles
d'Antoine Stradivarius ayant figuré aux Exposi-
tions internationales rétrospectives de Paris en 1878
et de Londres en 1875; le premier, qui était daté
de 1689, a été acheté par M. J. Delsart, professeur
au Conservatoire, 19.(100 francs; le second, daté
de 1691, 12.000 francs.
Un troisième violoncelle de Francesco Rugger,
daté de 1685, a. été payé 3.200 francs.
Un archet de Tourte, hausse écaille, bouton et
plaque en nacre et garniture en or, a été vendu
11 .000 francs.
Un tableau mis en vente à l'Hôtel Drouot a
révélé un procédé de truquage inconnu jusqu'ici
du public. Ce tableau est ainsi décrit au catalogue,
dit le Temps :
7. Isabey. — Le Tombeau du chevalier. — Dans
un caveau, l'aïeul et ses deux petits-enfants sont
en prière devant le tombeau. A gauche, l'armure
du défunt et un éeuyer tenant son épée. A. droite,
les enfants de choeur agenouillés. Dans le fond,
des prélats et des seigneurs.
Signé à gauche et daté 68.
Haut., 31 cent.; larg., 44.
Ce tableau avait été vendu avec plusieurs autres
par un peintre à un riche industriel du quartier
de la Bastille au prix de 9.000 fr. Cet amateur,
désirant se défaire de ses tableaux, pria un ex-
pert de les vendre à l'hôtel Drouot.
Cet expert, en examinant attentivement les ta-
bleaux, crut remai quer quelque chose d'anormal
dans l'exéculiou de l'Isabey; il le désencadra et
toucha à l'essence un des coins du tableau. La
peinture s'efiaça. Il poussa plus loin ses investi-
gations, et voici quel en fut le résultat :
Il y a quelques années, Isabey avait envoyé à
l'exposition des aquarellistes une aquarelle qui
avait été acquise par un truqueur habile. Celui-
ci avait fait pour cet aquarelle l'opération faite
pour reporter sur toile ou sur panneau des fres-
ques ou des peintures sur pierre; il avait fait
amincir à l'extrême le papier épais employé par
les aquarellistes, puis il avait marouflé sur un
panneau d'acajou l'aquarelle ainsi réduiLe : c'est
dire qu'il avait collé d'une façon spéciale sur ce
panneau ce papier devenu tellement 6n que la
peintnre avait pris le grain du bois. Ensuite,
usant d'un réactif énergique, il avait donné aux
couleurs un effet puissant. Ce travail terminé, il
avait recouverL le panneau du vernis épais dont
on se sert pour vernir les voitures. L'effet obtenu
est extraordinaire, mais l'aquarelle ainsi truquée
ne peut supporter le moindre dévernissage.
Comme il y a une différence assez sensible dans
la valeur d'un tableau ou d'une aquarelle, l'ache-
teur assigne le vendeur en payement de la diffé-
rence entre la somme payée et celle donnée par
l'enchère.
—
CONCOURS & EXPOSITIONS
L'Exposition du Cercle de l'Uïïion Artis-
tique (place Vendôme) est plus importante
que celle de la rue Volney. Parmi les 1A8 ou-
vrages de peinture que l'on y voit, certains
feraient bonne figure au Salon. Les artistes
membres du Cercle ont tenu à honneur d'être
dignement représentés; nous ne saurions
trop les engager à persévérer dans une réso-
lution d'où dépend l'avenir de ces petites