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LA CHRONIQUE DES ARTS
que où revivent bien des figures oubliées, où sont
décrites et louées comme elles méritent de l'être
des œuvres à peine connues jusqu'ici de quelques-
uns.
«Je vous conviais un jour, a ajouté M. Kaempfen,
à ne point vous enfermer dans des limites trop
étroites, âne pas vous interdire les vastes hori-
zons, à oser davantage, à traiter plus souvent des
questions auxquelles ne s'intéresse pas seulement
ce que j'appellerai le patriotisme local, mais qui
importent à tous ceux qui ont l'intelligence et
l'amour des choses de l'art, la passion de ce qui
est une partie, — non la moindre, — de notre
gloire nationale.
« Yous avez vraiment comblé cette fois les vœux
que j'exprimais devant vous; laissez-moi vous en
remercier bien haut. »
Plusieurs délégués ont alors commencé le lec-
ture de documents et de mémoires dont plusieurs
présentent un réel intérêt.
Enfin, les délégués de province étaient conviés
par leurs collègues de Paris à inaugurer avec eux
l'hôtel que les Sociétés parisiennes viennent d'ac-
quérir rue des Poitevins et qui est, comme on
sait, l'ancien hôtel Panckoucke. Plusieurs toats
ont été improvisés par M. de Lesseps, toujours
jeune et alerte, par MM. de Quatrefages et Ro-
chard, de l'Institut, par le docteur Després, con-
seiller municipal. Ou a bu à la patrie, à la science,
à la diffusion des lumières en province, à leur
concentration à Paris, à l'avenir du nouveau cer-
cle et à l'heureuse initiative de ses créateurs.
(A suivre).
Société nationale des Antiquaires
de France
Séance du. 25 mai
M. Frossard lit une note sur les fouilles exécu-
tées récemment dans la nécropole de Carmona,
près de Séville.
M. Monat communique, de la part de M. La-
faye, une note sur les sculptures et les inscrip-
tions découvertes eu Corse.
M. Courajod énumère divers objets récemment
acquis par le Musée du Louvre, section des mo-
numents de là Renaissance et. du moyen âge; il.
invite les membres de la Société à venir en pren-
dre connaissance.
M. Ravaisson-Mollien présente quelques obser-
vations sur un Yitellius en buste, du Musée du
Louvre, faussement réputé antique.
M. Babelon annonce à la Société que le cabinet
des médailles vient de faire l'acquisition de deux
cachets d'oculiste et d'une pierre gnostique por-
tant le nom et l'image du dieu serpent Glycon.
, ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
Séance du 27 mai
Antiquités de Cherchait. — M. G. Perrot com-
munique une note de M. Victor "VVaille, profes-
seur à l'Ecole supérieure des lettres d'Alger, ren-
dant compte des fouilles qu'il continuait à Cher-
chell, sur l'emplacement présumé du palais des
rois de Mauritanie. Eu égard à l'exiguïté des res-
sources dont il dispose, on ne saurait contester à
M. Waille l'importance des résultats obtenus jus-
qu'ici. Les trouvailles récentes consistent en une
mosaïque considérable, non encore complète-
ment déblayée et qui devait mesurer environ 32
mètres de longueur ; un dallage d'onyx : des es-
caliers revêtus de marbre ; un torse de Diane
chasseresse, haut de 0m, 70, morceau d'un bon
styte et d'une belle matière ; une tête de marbre
collossale (haute de 0m, 90) et qu'à certaines tra-
ces on reconnaît comme ayant servi à la décora-
tion architecturale d'un édifice ; le nez est mar-
telé, comme celui de toutes les statues décou-
vertes à Cherchell ; cette mutilation, accomplie
systématiquement, est sans doute l'œuvre des
trihus révoltées ou de quelque secte chrétienne
iconoclaste.
Parmi les antiquités mises au jour, citons en-
core un mortier de granit, un pilier quadrangu-
laire sculpté, sur lequel ou voit représentés des
rameaux avec des oiseaux ; deux fragments d'in-
scription ; l'une est une dédicace de la femme
d'un flamine, l'autre donne le nom d'un magis-
trat qui semble avoir présidé à la restauration de
l'édifice.
M. Waille termine en adressant des remercie-
ments au général Poizat, dont le bienveillant
concours a facilité les explorations ; au docteur
Meshude et au capitaine Boutron d'Amazz, dont
la collaboration lui a été précieuse.
Le clichage des estampages épi graphiques. M. Cler-
mont-Ganneau expose un procédé de reproduc-
tion des estampages qui rend transportahlp, ma-
niable et solide la copie très fidèle du monument
original. L'empreinte de ce monument est prise,
comme on sait, au moyen d'une simple feuille de
papier non collé; il suffit, en outre, d'avoir à sa
disposition une brosse et un peu d'eau. On ob-
tient ainsi un moule supérieur en fidélité à toute
copie ou au meilleur dessin, supérieur à la pho-
tographie elle-même, qui ne donne du texte
qu'un seul aspect souvent trompeur et insuffi-
sant pour le déchiffrement. Mais cette feuille de
papier gaufré a l'inconvénient de présenter ses
lettres à l'envers et en relief; elle est fragile et
exposée à des accidents irréparables ; elle se
prête mal aux reproductions héliographiques et
ne saurait fournir d'autres empreintes. On a
vainement cherché jusqu'à ce jour le moyen
pratique de surmonler les estampages def.içon à
obtenir, sans les altérer, une contre-épreuve
fidèle sur une matière solide, inaltérable, présen-
tant l'inscription dans son sens et avec son creux
normal, permettant enfin d'eu multiplier d'une
manière indéfinie les exemplaires par le? procé-
cés ordinaires du clichage. C'est ce moyen que
M. Clermont-Ganneaux a réalisé en coulant direc-
tement, sous une pression convenable, du métal
d'imprimerie en fusion sur les estampages. Il ob-
tient ainsi des matrices métalliques, équivalentes
exactes et indestructibles des inscriptions origina-
les. Ce procédé rendra de grands services dans
l'enseignement : le maître pourra avoir entre les
mains et mettre sous les yeux de ses auditeurs
la série des monuments qu'il aura à étudier ou
à invoquer. La collection de ces clichés épi gra-
phiques aura toute son importance le jour où
l'on se décidera à créer un établissement rendu
nécessaire pour les besoins et les progrès crois-
sants de la science, le Muséum, épigmphique.
LA CHRONIQUE DES ARTS
que où revivent bien des figures oubliées, où sont
décrites et louées comme elles méritent de l'être
des œuvres à peine connues jusqu'ici de quelques-
uns.
«Je vous conviais un jour, a ajouté M. Kaempfen,
à ne point vous enfermer dans des limites trop
étroites, âne pas vous interdire les vastes hori-
zons, à oser davantage, à traiter plus souvent des
questions auxquelles ne s'intéresse pas seulement
ce que j'appellerai le patriotisme local, mais qui
importent à tous ceux qui ont l'intelligence et
l'amour des choses de l'art, la passion de ce qui
est une partie, — non la moindre, — de notre
gloire nationale.
« Yous avez vraiment comblé cette fois les vœux
que j'exprimais devant vous; laissez-moi vous en
remercier bien haut. »
Plusieurs délégués ont alors commencé le lec-
ture de documents et de mémoires dont plusieurs
présentent un réel intérêt.
Enfin, les délégués de province étaient conviés
par leurs collègues de Paris à inaugurer avec eux
l'hôtel que les Sociétés parisiennes viennent d'ac-
quérir rue des Poitevins et qui est, comme on
sait, l'ancien hôtel Panckoucke. Plusieurs toats
ont été improvisés par M. de Lesseps, toujours
jeune et alerte, par MM. de Quatrefages et Ro-
chard, de l'Institut, par le docteur Després, con-
seiller municipal. Ou a bu à la patrie, à la science,
à la diffusion des lumières en province, à leur
concentration à Paris, à l'avenir du nouveau cer-
cle et à l'heureuse initiative de ses créateurs.
(A suivre).
Société nationale des Antiquaires
de France
Séance du. 25 mai
M. Frossard lit une note sur les fouilles exécu-
tées récemment dans la nécropole de Carmona,
près de Séville.
M. Monat communique, de la part de M. La-
faye, une note sur les sculptures et les inscrip-
tions découvertes eu Corse.
M. Courajod énumère divers objets récemment
acquis par le Musée du Louvre, section des mo-
numents de là Renaissance et. du moyen âge; il.
invite les membres de la Société à venir en pren-
dre connaissance.
M. Ravaisson-Mollien présente quelques obser-
vations sur un Yitellius en buste, du Musée du
Louvre, faussement réputé antique.
M. Babelon annonce à la Société que le cabinet
des médailles vient de faire l'acquisition de deux
cachets d'oculiste et d'une pierre gnostique por-
tant le nom et l'image du dieu serpent Glycon.
, ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
Séance du 27 mai
Antiquités de Cherchait. — M. G. Perrot com-
munique une note de M. Victor "VVaille, profes-
seur à l'Ecole supérieure des lettres d'Alger, ren-
dant compte des fouilles qu'il continuait à Cher-
chell, sur l'emplacement présumé du palais des
rois de Mauritanie. Eu égard à l'exiguïté des res-
sources dont il dispose, on ne saurait contester à
M. Waille l'importance des résultats obtenus jus-
qu'ici. Les trouvailles récentes consistent en une
mosaïque considérable, non encore complète-
ment déblayée et qui devait mesurer environ 32
mètres de longueur ; un dallage d'onyx : des es-
caliers revêtus de marbre ; un torse de Diane
chasseresse, haut de 0m, 70, morceau d'un bon
styte et d'une belle matière ; une tête de marbre
collossale (haute de 0m, 90) et qu'à certaines tra-
ces on reconnaît comme ayant servi à la décora-
tion architecturale d'un édifice ; le nez est mar-
telé, comme celui de toutes les statues décou-
vertes à Cherchell ; cette mutilation, accomplie
systématiquement, est sans doute l'œuvre des
trihus révoltées ou de quelque secte chrétienne
iconoclaste.
Parmi les antiquités mises au jour, citons en-
core un mortier de granit, un pilier quadrangu-
laire sculpté, sur lequel ou voit représentés des
rameaux avec des oiseaux ; deux fragments d'in-
scription ; l'une est une dédicace de la femme
d'un flamine, l'autre donne le nom d'un magis-
trat qui semble avoir présidé à la restauration de
l'édifice.
M. Waille termine en adressant des remercie-
ments au général Poizat, dont le bienveillant
concours a facilité les explorations ; au docteur
Meshude et au capitaine Boutron d'Amazz, dont
la collaboration lui a été précieuse.
Le clichage des estampages épi graphiques. M. Cler-
mont-Ganneau expose un procédé de reproduc-
tion des estampages qui rend transportahlp, ma-
niable et solide la copie très fidèle du monument
original. L'empreinte de ce monument est prise,
comme on sait, au moyen d'une simple feuille de
papier non collé; il suffit, en outre, d'avoir à sa
disposition une brosse et un peu d'eau. On ob-
tient ainsi un moule supérieur en fidélité à toute
copie ou au meilleur dessin, supérieur à la pho-
tographie elle-même, qui ne donne du texte
qu'un seul aspect souvent trompeur et insuffi-
sant pour le déchiffrement. Mais cette feuille de
papier gaufré a l'inconvénient de présenter ses
lettres à l'envers et en relief; elle est fragile et
exposée à des accidents irréparables ; elle se
prête mal aux reproductions héliographiques et
ne saurait fournir d'autres empreintes. On a
vainement cherché jusqu'à ce jour le moyen
pratique de surmonler les estampages def.içon à
obtenir, sans les altérer, une contre-épreuve
fidèle sur une matière solide, inaltérable, présen-
tant l'inscription dans son sens et avec son creux
normal, permettant enfin d'eu multiplier d'une
manière indéfinie les exemplaires par le? procé-
cés ordinaires du clichage. C'est ce moyen que
M. Clermont-Ganneaux a réalisé en coulant direc-
tement, sous une pression convenable, du métal
d'imprimerie en fusion sur les estampages. Il ob-
tient ainsi des matrices métalliques, équivalentes
exactes et indestructibles des inscriptions origina-
les. Ce procédé rendra de grands services dans
l'enseignement : le maître pourra avoir entre les
mains et mettre sous les yeux de ses auditeurs
la série des monuments qu'il aura à étudier ou
à invoquer. La collection de ces clichés épi gra-
phiques aura toute son importance le jour où
l'on se décidera à créer un établissement rendu
nécessaire pour les besoins et les progrès crois-
sants de la science, le Muséum, épigmphique.