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La chronique des arts et de la curiosité — 1891

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Nr. 4 (24 Janvier)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19739#0035
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N° — A. 1891

BUREAUX : 8, RUE FAVART.

2A Janvier.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT Ll SAMEDI MATIN

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la Chronique des Arts et de la Curiosité.

PARIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an.........12 fr. | Six mois.........8 fr.

La Caisse des Musées

ET LA DONATION ViSCONTI-ArCONATI

La création de la fameuse Caisse des Mu-
sées, tant réclamée par ceux qui s'intéres-
sent à l'avenir de nos collections nationales
et par tous les esprits prévoyants, un instant
espérée au moment de l'aliénation des dia-
mants de la Couronne, semble enfin devenue
possible, grâce à l'initiative généreuse d'une
femme de cœur et de goût, Mm° la marquise
Visconti-Arconati, fille du regretté sénateur
Peyrat qui vient de mourir. Un journal bien
informé a publié, au sujet de ses intentions,
des détails que nos renseignements particu-
liers nous permettent de préciser.

M"" Visconti-Arconati aurait voulu régler à
l'avance, par un testament, l'emploi de son
immense fortune. Ce testament comprendrait
une série de legs à des établissements hospi-
taliers d'Italie, à la ville de Bruxelles, à l'In-
stitut de France, à la Bibliothèque Nationale
et à nos Musées. Ce dernier legs, un des plus
importants dont on se souvienne, constitue-
rait l'Etat héritier d'une somme de huit mil-
lions de francs dont le revenu serait destiné
à l'accroissement des collections du Louvre
et du Musée de Cluny. Dans le cas où la Caisse
des Musées fonctionnerait à cette époque,
c'est la Caisse qui aurait la jouissance de ce
revenu. Dans le cas contraire, c'est l'Etat
même qui emploierait les rentes en acquisi-
tions artistiques, à savoir un cinquième pour
le Musée de Cluny et quatre cinquièmes pour
le Louvre.

La hauteur de vues qui a présidé à une
aussi magnifique donation nous autorise à
donner notre opinion sur ce qu'il convient
de faire dés maintenant en prévision de la
réalisation de cette éventualité. Nos législa-
teurs trouveront là une raison péremptoire,
une occasion unique de voter la création de
Caisse des Musées, qui seule peut don-

ner à nos acquisitions d'art, l'envergure et
l'élasticité qui leur sont si nécessaires. En
réalité, il s'agit d'une simple autorisation ; il
suffit que le principe de l'autonomie finan-
cière de nos Musées soit inscrit au budget ;
le reste viendra de soi. Les fonds Sevène et
Barellier formeront un premier noyau, qui
ne tardera pas, nous en sommes convaincu, à
faire la boule de neige ; l'exemple est conta-
gieux ; nous savons des amateurs prêts à dé-
lier leur bourse le jour où ils sauront à
quelle porte frapper. Il est donc indispen-
sable, lorsque le legs Arconati viendra à
s'ouvrir, que la Caisse soit constituée et ait
déjà fourni les preuves de sa vitalité.

L'utilité de cette Caisse est évidente. Au-
cune acquisition opportune et avantageuse
ne saurait être poursuivie lorsqu'il faut la
crier arbi et orbi et mettre en branle les
forces parlementaires. Avec la Caisse des
Musées, au contraire, les opérations de ce
genre, contrôlées et autorisées par une com-
mission consultative, composée d'amateurs
et de gens spéciaux, peuvent être menées
avec discrétion et à-propos. C'est par ce
moyen seulement qu'on pourra songer à
faire entrer dans nos collections des oeuvres
de premier ordre destinées à combler l'in-
suffisance de certaines séries. Si riche que
soit le Louvre, il ne tarderait pas à perdre
sa glorieuse suprématie, s'il continuait à
vivre sous le régime d'étiolement danslequel
il végète. Tout le monde, y compris la bourse
des contribuables, trouvera son compte A
une telle combinaison et la Chambre serait
inexcusable si elle n'en comprenait pas la
portée pratique.

Mme la marquise Arconati-Visconti a donc
accompli un acte doublement méritoire en
affectant ce legs de huit millions au service
d'une idée aussi féconde. C'est une leçon
éclatante qu'elle nous donne ; à nous d'en
profiter. Louis Gonse.
 
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