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La chronique des arts et de la curiosité — 1891

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Nr. 32 (17 Octobre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19739#0260
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250 LA CHRONIQUE DES ARTS

très visiblement môme préoccupée des tenta-
tives de notre jeune école et do l'évolution
moderne qu'elle élabore à Paris, mais trop
retenue par l'influence des habitudes prises
et les exigences du milieu pour la suivre aussi
hardiment que les Danois et les Norvégiens.
Les talents y sont très nombreux, les indivi-
dualités clairsemées. M. Leibl ne se renou-
velle pas; de même M. Meyerheim ; leur ma-
nière s'alourdit. Quant à M. Menzel, il s'est,
pour ainsi dire, retiré de la lutte ; sa glorieuse
carrière est accomplie. Il est présent à l'Expo-
sition de Munich avec de nombreuses œuvrer,
peintures ou dessins, mais toutes déjà an-
ciennes et antérieurement exposées ; au mi-
lieu d'elles brille le petit tableau de la Pro-
cession à Gastein, un des chefs-d'œuvres du
maître et assurément un des chefs-d'œuvres
de la peinture contemporaine.

Munich est devenu un actif marché de ta-
bleaux et un débouché important pour la
production. Aussi toutes les nations ont-elles
tenu à faire honorable figure à son Exposition,
et le catalogue n'enregistre pas moins de 2.387
numéros.

LAngleterre est principalement représentée
par MM. Ilerkomer, Orcbardson, Alma-Tade-
ma, Gregory, Millais, Whistler, Moore ; le Da-
nemark par MM. Kroyer et Johansen ; la
Norvège, par MM. Skresdvig, Sinding, Thau-
low et Werenskiold ; la Hollande, MM. Israëls
et Mesdag ; la Suisse, M. Bœcklin.

La France, de son côté, n'a pas voulu rester
trop en arrière. Son école est loin d'être au
complet, mais, du moins, les deux salles
qu'elle occupe sont-elles suffisamment nour-
ries pour qu'elle puisse aisément affirmer une
suprématie qui ne lui est pas, d'ailleurs, con-
testée. Au milieu de tout cet ensemble un
peu cacophonique, ces deux salles jettent
comme un rayon de gaieté et de lumière. Cela
a été pour moi une joie véritable de constater,
beaucoup mieux qu'on ne le saurait faire dans
la cohue du Salon de Paris, cette jeunesse,
cette vitalité, cette cohésion d'une partie de
notre école. L'Exposition de Munich a été l'oc-
casion d'une victoire pacifique pour notre
pays. Qu'aurait été cette victoire si nous avions
mis en ligne toutes nos troupes ?

Pour mesurer l'intérêt de la section fran-
çaise à l'Exposition de Munich, il suffira de dire
que les noms de Corot, Millet, Daubigny, Diaz,
ïroyon, Fromentin, Meissonier, Breton, Ma-
net, Courbet, Puvis de Chavannes, Bonnat,
Carolus Duran, Claude Monet, Ribot, Besnard,
Dagnan, Courtois, Gervex, Cazin, Edelfelt,
Zorn, Dinet, Détaille, Boldini, Blanche, Zacha-
rian, Billotte, Binet, Ralfaelli, figurent au ca-
talogue. Les salles françaises ont été, du
reste, disposées avec beaucoup de goût, et
plusieurs panneaux sont d'une harmonie tout
à fait triomphante.

Je ne saurais clore ce trop court aperçu
sans dire quelques mots d'une des personna-
lités artistiques les plus curieusement origi-
nales et les plus vigoureuses de notre époque.
.T'ai nommé le peintre Bœcklin, de Bàle. Ses
Sirènes et Tritons, de l'Exposition universelle
de 1878, sont aujourd'hui l'honneur et l'orne-
ment de la nouvelle Pinacothèque de Munich.

J'ai revu longuement cette œuvre obsédante,
de force étrange, d'invention formidable, de
fantaisie entière, absolue, et qui ne doit rien à
personne ; il y éclate une volonté de fer, une
âme presque sauvage, servies par une incom-
parable maîtrise d'exécution et un sentiment
puissant de la couleur. Rien de semblable no fi-
gure à l'Exposition de Munich; c'est au nouveau
Musée de Bàle qu'il faut voir ce maître rare
singulier et troublant. Le catalogue enregistre,
il est vrai, dix-sept numéros .sous son nom;
avec les douze tableaux de la-galerie Schack,
en voilà plus qu'il ne faut, semblerait-il, pour
faire complète connaissance avec l'artiste. Il
n'en est rien, cependant ; M. Bœcklin.. est un
artiste essentiellement inégal, génial à ses
heures et susceptible des plus inexplicables
aberrations. Il y a deux hommes en lui : un
rêveur épais, disciple de Feuerbach, et un
fanlaisiste lumineux, subtil, évocateur, épris
des plus somptueuses visions. Ce second
Bœcklin est- à peine représenté ici ; après la
miraculeuse marine du Musée, je ne vois
guère que lé petit tanieau ae ta Jfecne des
Satyres, qui ouvre une échappée vraiment
saisissante sur les profondeurs mystérieuses
de cette âme de peintre.

Louis Gonse.

L'École des Beaux-Arts vient de décerner
les prix suivants :

Grande Médaille. — Peinture : M. Déche-
naud, élève de MM. J. Lel'ebvre, Boulanger et
Benjamin Constant.

Sculpture : M. Hippolyte Lefebvre, élève de
M. Cavelier.

Architecture: M. Duquesne, élève de M.Pas-
cal.

Fondat ions de Caylas et de La Tour (priœ
dit du Torse et de la Tête d'expression). —
Peinture : M. Gorguet, élève de MM. Gérome,
Boulanger et Bonnat ; M. Bitte, élève de
MM. Maignan, Cabanel et J. Blanc.

Sculpture : MM. Clausade et Desruelles,
élèves de M. Falguiôres.

Priœ Abel Blouet.— Architecture : M. Jost,
élève de MM. André et Laloux.

Prix Jay.— Construction : M.Vassas, élève
de M. Ginain.

NOUVELLES

Le Musée du Louvre vient d'acquérir la
maquette en plâtre teinté du Voltaire assis
de Houdon. Cette maquette avait été donnée
par l'artiste à son ami François Dumont.

Derrière le dos du fauteuil se trouve apposé
un cachet à la cire donnant l'inscription sui-
vante ;

ACAD. ROYALE DE PEINTURE ET SCULPT.
Houdon, se.

*** L'administration des Musées nationaux.,
de concert avec l'architecte du palais du Sé-
nat, fait placer en ce moment un certain nom-
bre de groupes décoratifs, provenant des der-
niers Salons, dans le jardin du Luxembourg.
 
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