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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.

La châsse que l'on vient de voir en contenait trois antres. « Le second coffre, qui est ren-

„ fermé dans ce premier, ajoute Mabilion, est
.S'. Eyoïp/mn. 1. 55. — S. J. Damo-scène, de /a /a?
o?ŸAodo^e, L. A, c. 13.) C'est par la ressemblance des deux
sacrifices qu'ils expliquent ia paroie solennelle du ps. 109,
où Dieu, s'adressant au Messie à venir, iui dit au milieu de ta
période mosaïque : Tu es prêtre pour l'éternité seton l'ordre
de Mclchiscdcch.
Cependant cet ordre de Mclchiscdcch ne consistait pas
seuiement dans la nature du sacrifice, mais aussi, d'après
S. Paul (Ep. ad He/œa.'. pcm/m), dans les circonstances du
sacerdoce. Mclchisedech était un type tout particulier du
Messie, parccquc le Messie devait être tout ensemble roi et
prêtre comme ie roi de Salem, et prêtre d'un peuple formé
des Gentils aussi bien que des Hébreux, à l'opposé d'Aaron.
Ordinem... interpretanfnr, dit S. Jérome (ad Etamye/Mm,
ep. crit. Ht cd. Martianay, t. H, p. 167. Dans les vieilles
éditions ad Euayr/am, 126), quod soius et rex fucrit et sa-
ccrdos et ante circumcisionem functus saccrdotio : ut non
pentes ex Judæis, sed Judæi agentibus sacerdotium accepe-
ritit... Et un peu pius loin : Afin mat autem apostolus quod
Aaron sacerdotium, id est populi Judœorum, et principium
habueritet fincm Mclchisedech autem, id est Christi etEcclc-
siæ, et in pt æteritum et in futurum æternum sit. D'après ce
dernier rapprochement Mcichisedcch représentait en même
temps ie Messie et l'Egiisc, et type de l'Eglise ainsi qu'A-
braham il était supérieur au Père dM c?'0!/an;&, parccqu'il
l'avait béni. (Gcn., xvt.)Ceci nous amène à expliquer la sin-
guiièrc représentation de l'œil qui remplace la tête du prêtre-
roi. C'est en effet la loi nouvelle, l'Église que je crois signalée
par cet l'œil mystérieux : œil ouvert du côté du ciel et mis en
contraste avec l'œil btessé et éteint qui gît aux pieds du grand
prêtre judaïque.
Non content, en effet, de représenter ia divine économie de
la rédemption sous le voile des personnages et des événe-
ments bibliques, l'art ancien aimait à la figurer sous ics t' aits
d'êtres purement symboiiques. Nousavonscu dans les PiïraMÆ
c/eRrn/rpcs p, 7-9, A2-72, ÎOS-IIO, 113-121, 123-127, etc.)
l'occasion d'étudier les types curieux de i'Église et de la Sy-
nagogue; nous avons eu à revenir sur le même sujet dat:s
ces Mè/aïq/M (t. ii, p. 50 et seq.J, et voici dans mon opinion
de nouvelles variantes de ces types aimés. La Synagogue se
présente ordinairement comme une reine déchue ; son corps
défaille, sa tête se penche, sa couronne tombe, son étendard
est brisé, cite tient quelquefois le couteau désormais inutile
de la circoncision ; plus fréquemment les tables de la loi ou la
tête des victimes légales s'échappent de ses mains; elie s'é-
vanouit (tans les bras de son père Aaron. Mais parmi ces si-
gnes il en est un qui la caractérise davantage, c'est l'avcu-
glcinent : un large bandeau couvre scs veux et ses yeux ne
sont pas seulement couverts; l'esprit de ténèbres les a frap-
pés de scs flèches, le serpent antique leur a imprimé sa
morsure empoisonnée. Ce que les peintres ou les sculpteurs
figurent, les poètes le chantent :
Hæc, Jutlæa, tuas vox non pervenit ad aures !

de grand prix. H est couvert d'or et de fili-

Pervenit, mentem sed non penetravit egenani
Lucis..
PrM&nt. AyxM/teosïs. y. 424 (ed. Arev.,t. u 44)).
Judæa clatam cæcitas
Viam vcrltatis repufit.
(Ap. Drooe/. Y^esniirMS /n/mn. r, 90.)
ïsaias cecinit,
Synagoga meminit,
Nunquam tamen desinit
Esse cæca.
Prose aUr:î<Mce 3 A Rernori/ (cd. JPf/<i//oM, 1690,
t. ir, 904, ctap. FProM.i? de /îoMryyes, y?. 66).
La voix des théologiens s'unit aux témoignages des peintres
et des poètes, et appiique à la Synagogue ces mots de Jérémie
(Th: en. v.16,17) : «Vœ nobis quiapeccavimus! ideo obtene-
brati sunt oculi nostri. " Ici, dans un caprice moins inspiré
par le bon goût que par la science, l'art a vouiu réunir en un
seul personnage l'allégorie historique et l'allégorie pure. Cet
œil tombé est celui d'Aaron. Il éclairait jadis la Synagogue, i!
brillait sur la face du grand prêtre mosaïque, comme le mi-
roir de son intelligence illuminée des clartés du ciel ; mais
aujourd'hui, blessé par la prévention, éteint par l'endurcisse-
ment, il est tombé aux pieds du sacerdoce égaré.
Au contraire, dans tous les types de i'Église que nous avons
étudiés, celle-ci, jeune reine, couverte de magnifiques pa*
rurcs, le front ceint du diadème et d'un diadème qu'elle a
reçu de la main pontificale de Pierre, s'avance tenant d'une
main son étendard victorieux et de l'autre le calice d'or, (où
coule le sang régénérateur des âmes, et toujours sa tête est
droite, ses yeux se lèvent, ses regards se fixent sur celui qui
est la /Minière da monde, et dont les enfants sont des /?/s de
/Minière
At nos detecto Christum vefaminc coram
Cernimus
(Erm/eat, ApolAeos., r. 327.)
Ce trait particulier de la vue lumineuse de l'Église, opposée
à l'aveuglement de la Synagogue, faisait comparer la pre-
mière à Rachel et la seconde à Lia.
K Rachef cfara aspecta, eccfesiæ typum tenuit,
Quia contemplationis acie Christi mysteria cernit.
(Zsitior. A//e(/. 28, 29. T. v, p. 4 22.).
D'après ces rapports établis, donner au sacerdoce, à l'É-
glise de Jésus-Christ, au lieu de tête, un œil ouvert du côté
du ciel, c'était dire que son intelligence est inondée des rayons
de la vérité. Tout en résumant les caractères de l'Église,
le symbole avait l'avantage de rappeler l'auguste reli-
que de la châsse de la sainte Larme, à moins pourtant que
tout le contraire n'ait eu lieu et que l'idée de la relique ne
soit venue du symbole. Car je me demande s'il est bien sur
que les moines de Vendôme ne se soient pas ingénument
mépris. Quand ils devinrent possesseurs d'un monument si
riche et venant de si loin, à l'aspect de ce grand œil ouvert,
de cet œil insolite qu'il leur était permis de ne pas corn
prendre, puisque le grand Mabilion ne l'a pas compris,
 
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