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MÉLANGES D ARCHÉOLOGIE.

venu à notre connaissance, et l'on comprendra pourquoi il est resté si longtemps ignoré du
public.
Au mois de mars 1851, nous étions allé rendre visite à Monseigneur Pie, évêque de Poi-
tiers. La protection affectueuse de ce prélat nous mit à même de visiter avec fruit cette ville
antique et remplie de souvenirs. Voulant favoriser notre goût pour la recherche et l'étude
des choses anciennes, Monseigneur prit la peine d'écrire à la supérieure du monastère de
Sainte-Croix, pour nous recommander à elle d'une manière toute particulière. On ne sera
donc pas étonné qu'avec un pareil appui nous ayons été accueillis avec une extrême complai-
sance. Admis dans la chapelle du couvent, Madame la supérieure nous fit montrer à travers la
grille de clôture les objets conservés dans le Trésor. Elle exposa d'abord à notre vénération
la célèbre relique de la vraie croix, qui a donné son nom au monastère. Suivant une tradition
incontestable, ce morceau considérable du bois de la croix fut envoyé de Constantinople à
sainte Radegonde, par l'empereur Justin-le-Jeune et sa femme l'impératrice Sophie. Cette
relique fut reçue à Poitiers avec de grandes cérémonies et des transports de joie. Ce fut à
cette occasion que le poète Fortunat composa ses belles hymnes du et du
P%my<? Il faut lire tous ces détails dans Grégoire de Tours,
et les anciens historiens de la vie de sainte Radegonde. On nous montra ensuite d'autres re-
liquaires, des tableaux et des objets intéressants que nous passons aujourd'hui sous silence.
Madame la supérieure termina en nous adressant ainsi la parole : « Monseigneur l'évêque
« nous ayant recommandé, Monsieur, de vous montrer tous nos trésors, nous avons encore
" apporté ici, pour lui obéir, un objet que voici. Vous ne le trouverez peut-être pas très beau,
;< mais pour nous, filles de sainte Radegonde., il est sans prix, et nous le conservons avec un
« grand respect comme une relique, car c'est un meuble qui a appartenu et qui a servi à
« notre sainte mère, a En même temps madame la supérieure débarrassait de son enveloppe
d'étoffe le petit meuble et l'offrait à nos regards étonnés. Il était impossible, en effet, de mé-
connaître dans cet objet tous les caractères d'une haute antiquité et une analogie frappante
avec les monuments chrétiens les plus anciens. Cependant, n'osant en croire nos yeux, nous
sollicitâmes de pouvoir toucher et examiner de près ce précieux monument. On eut la bonté
de le passer à travers le petit guichet pratiqué au bas de la grille et de nous le remettre entre
les mains. Mais plus nous l'examinâmes, plus nous restâmes convaincu que ce meuble était
du cinquième ou du sixième siècle.
Ce meuble est un petit pupitre sur lequel on peut placer un livre ouvert. Ses dimensions
ne sont pas considérables. La partie supérieure a environ 17 centimètres de haut; la hau-
teur de la partie antérieure n'est que de 10 centimètres, d'où il résulte que la face supé-
rieure s'incline en avant. Cette face supérieure est formée de cinq petites plaques de bois,
 
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