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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
la religion chrétienne; elle a pu se faire instruire dans les dogmes chrétiens. Mais l'histoire,
qui ne parle qu en passant de Salonine, garde le silence le plus absolu sur la religion qu elle
professait. Nous avons déjà fait observer*, d'après M= l'abbé Greppo, que sur les médailles aux
effigies de Mamæa et d'Otacilia Severa, on ne trouvait aucun signe qui rappelât la religion
chrétienne. Il en est de même, abstraction faite de la médaille sur laquelle nous croyons
reconnaître un signe chrétien secret, il en est de même, dis-je, des types gravés au revers des
pièces qui portent l'effigie de Salonine. On voit sur ces pièces plusieurs divinités païennes, ac-
compagnées des légendes : CERERI AVG., IVNO AVG., IVNO CONSERVAT., IVNONI CONS., IVNO REGINA,
IVNO VICTRIX, DEAE SEGETIAE, ROMAE AETERNAE, VENVS AVG.,VENVS FEUX, OU VENERI FELICI,
VENVS GENETRIX, VENERI OU RENERI GENETRICI, VENVS VICTRIX, VESTA OU VESTA FELIX, etc.
J'ai rappelé dans mon dfémoûe " les circonstances dans lesquelles se trouvait l'empire
romain, au moment où l'on peut présumer que Salonine se convertit à la vraie foi. Le malheur
de Valérien, fait inouï dans les annales du peuple roi, qui n'avait jamais vu tomber son chef
entre les mains des ennemis, la peste, la famine, les tremblements de terre, la guerre civile, les
invasions des Barbares, etc., toutes ces calamités réunies étaient bien capables de frapper de
terreur les païens et surtout les Romains, peuple superstitieux, s il en fut jamais. Si Salonine
n'avait pas encore renoncé au cuite des fausses divinités à l'époque où Eusèhe signale la pré-
sence de chrétiens à la cour de Valérien, on peut, avec quelque vraisemblance, placer la con-
version de la femme de Gallien quelques années plus tard, quand tous les désastres que je
viens de rappeler vinrent fondre sur l'empire.
Ce que les historiens nous apprennent du caractère de Salonine ne dément en aucune façon
ce que l'on peut dire en faveur de sa conversion à la foi chrétienne. Les marbres et les médailles
célèbrent à l'envi sa sumteté, sa cAasfefé, sa piété Et quoique les inscriptions et les légendes
monétaires donnent souvent des éloges à des personnages qui en sont peu dignes, d'après ce
que l'on connaît de leurs actions, de leurs mœurs et de leur caractère, il n'est guère permis
d'élever des doutes sur les vertus de Salonine. C'est là l'avis des critiques les plus graves h Au-
cune donnée historique ne justifierait d'ailleurs ces doutes.
Je suis entré dans des détails assez étendus sur Salonine, et surtout sur le fait qui me paraît
résulter de l'interprétation des mots: AVGVSTAINPACE, tracés sur une médaille à l'effigie de
cette princesse. Je me suis cru obligé d'insister sur le sens qui, à mon avis, appartient à ces
mots. Les recherches qui précèdent me semblent justifier la place que je donne à Salonine
parmi les princesses chrétiennes, avant Constantin. J'ai tâché d'exposer, avec autant de clarté
et d'exactitude qu'il m'a été possible, les raisons qui me font croire au christianisme de Salonine.
' p. 167 el 169. p. 15.
" P. 35 et suiv. -* Voyez les réflexions de M. Creuzer, ad Pcr-
Voyez les inscriptions et les médailles citées dans mon pAyr. Là. Pâ?ùm', p. cvil, sqq.
MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
la religion chrétienne; elle a pu se faire instruire dans les dogmes chrétiens. Mais l'histoire,
qui ne parle qu en passant de Salonine, garde le silence le plus absolu sur la religion qu elle
professait. Nous avons déjà fait observer*, d'après M= l'abbé Greppo, que sur les médailles aux
effigies de Mamæa et d'Otacilia Severa, on ne trouvait aucun signe qui rappelât la religion
chrétienne. Il en est de même, abstraction faite de la médaille sur laquelle nous croyons
reconnaître un signe chrétien secret, il en est de même, dis-je, des types gravés au revers des
pièces qui portent l'effigie de Salonine. On voit sur ces pièces plusieurs divinités païennes, ac-
compagnées des légendes : CERERI AVG., IVNO AVG., IVNO CONSERVAT., IVNONI CONS., IVNO REGINA,
IVNO VICTRIX, DEAE SEGETIAE, ROMAE AETERNAE, VENVS AVG.,VENVS FEUX, OU VENERI FELICI,
VENVS GENETRIX, VENERI OU RENERI GENETRICI, VENVS VICTRIX, VESTA OU VESTA FELIX, etc.
J'ai rappelé dans mon dfémoûe " les circonstances dans lesquelles se trouvait l'empire
romain, au moment où l'on peut présumer que Salonine se convertit à la vraie foi. Le malheur
de Valérien, fait inouï dans les annales du peuple roi, qui n'avait jamais vu tomber son chef
entre les mains des ennemis, la peste, la famine, les tremblements de terre, la guerre civile, les
invasions des Barbares, etc., toutes ces calamités réunies étaient bien capables de frapper de
terreur les païens et surtout les Romains, peuple superstitieux, s il en fut jamais. Si Salonine
n'avait pas encore renoncé au cuite des fausses divinités à l'époque où Eusèhe signale la pré-
sence de chrétiens à la cour de Valérien, on peut, avec quelque vraisemblance, placer la con-
version de la femme de Gallien quelques années plus tard, quand tous les désastres que je
viens de rappeler vinrent fondre sur l'empire.
Ce que les historiens nous apprennent du caractère de Salonine ne dément en aucune façon
ce que l'on peut dire en faveur de sa conversion à la foi chrétienne. Les marbres et les médailles
célèbrent à l'envi sa sumteté, sa cAasfefé, sa piété Et quoique les inscriptions et les légendes
monétaires donnent souvent des éloges à des personnages qui en sont peu dignes, d'après ce
que l'on connaît de leurs actions, de leurs mœurs et de leur caractère, il n'est guère permis
d'élever des doutes sur les vertus de Salonine. C'est là l'avis des critiques les plus graves h Au-
cune donnée historique ne justifierait d'ailleurs ces doutes.
Je suis entré dans des détails assez étendus sur Salonine, et surtout sur le fait qui me paraît
résulter de l'interprétation des mots: AVGVSTAINPACE, tracés sur une médaille à l'effigie de
cette princesse. Je me suis cru obligé d'insister sur le sens qui, à mon avis, appartient à ces
mots. Les recherches qui précèdent me semblent justifier la place que je donne à Salonine
parmi les princesses chrétiennes, avant Constantin. J'ai tâché d'exposer, avec autant de clarté
et d'exactitude qu'il m'a été possible, les raisons qui me font croire au christianisme de Salonine.
' p. 167 el 169. p. 15.
" P. 35 et suiv. -* Voyez les réflexions de M. Creuzer, ad Pcr-
Voyez les inscriptions et les médailles citées dans mon pAyr. Là. Pâ?ùm', p. cvil, sqq.