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LETTRES HISTORIÉES, MYSTÈRES.

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d'après les notes du P. Arthur Martin qui n'était pas toujours aussi minutieux, que ce per-
sonnage a barbe et cheveux blancs. Le bouclier n'est pas chose étrange pour un peuple qui
a possédé l'autonomie pendant des siècles, puisqu'on donne cet attribut même à des person-
nifications féminines soumises à la conquête romaine. Telle est, par exemple, la Campanie
dans la AAAda
Cette petite miniature donc, avec les ivoires de Bamberg* (aujourd'hui à Munich), de
Metz (maintenant à Paris) et de Tong-res ', permettent de reconnaître un certain période de,
l'art où le symbolisme flottait entre des formes encore quelque peu classiques, et l'expres-
sion indéterminée dont le dernier mot triompha plus tard dans la chrétienté latine presque
entière.
La lutte de ces deux tendances est un spectacle curieux pour l'observateur attentif, et
méritait assurément d'être signalé.
D'après le dessin donné par M. de Bastard, il semblerait que le nimbe de Notre-Seigneur
doit être timbré de la croix. Mon ancien collaborateur peut bien avoir négligé cet appendice
qui se réduisait à très-peu de chose dans un si petit espace. Mais les miniatures grecques
du plus beau temps ne sont pas toujours d'une sévérité excessive en cela, surtout lors-
qu'une personne divine n'a pas besoin de ce signe pour n'être point confondue avec les
saints. C'est ainsi que le n&o/o^r yrecde Grotta-Ferrata (t. I, p. 3, V septembre) ne donne
qu'un nimbe ordinaire à Jésus-Christ expliquant l'Écriture sainte dans la synag'ogne de
Nazareth (Luc. IV, 16, sqq.). Cf. p. 126.
Les apôtres n'y ayant d'autre caractère distinctif que la nudité de leurs pieds (Matth. X,
10.— Luc, X, 4), un nimhe tout simple suffisait pour faire reconnaître le Fils de Dieu;
mais, subsidiairement, le peintre élève Notre-Seigneur au-dessus de toute l'assemblée, au
moyen d'un plateau gemmé qui le porte plus haut que le sol; comme les coussins que l'on
voit sous les pieds des princes byzantins pour ex-
hausser leur stature ou relever leur attitude. Puis
nous avons, à droite et à gauche de sa tête, l'abrégé
ordinaire du nom de Jésus-Christ (IC XC) qui ne per-
met pas qu'on s'y trompe L
Mais revenons au précieux manuscrit de Drogon.
La messe du jeudi saint nous offre l'initiale que
voici, pour cette belle eo//ce?equi se récite encore cha-
que année à pareil jour : K De us a quo et Judas rea-
tus sui pcenam, et confessionis suæ latro præmium
sumpsit; etc. » Comme il s'agit surtout de l'Eucha-
ristie et des préliminaires de la Passion dans l'office,
on a représenté le sacrilège de Judas avec sa der-
nière perfidie sur le petit espace que circonscrit la lettre (ici, aussi bien que dans tout ce
chapitre, de même g'randeur que l'original) comme cadre.
des fois mHiquMS popMÏws, comme nous disons/a M aueieuwe; 2. Dans cette miniature, je suppose que les disciples de
et que saint Paulin de Noie (Æpisf. xn) désigne Moïse par Notre-Seigneur sont placés à sa droite, mais nul d'entre eux
ces simples mots : Vntes tmtiqMMS, quoique la bénédiction n'a la tête nimbée; tandis que les juifs, selon moi, seraient
de Juda par Jacob mourant (Gen. xux, 9, sq.) puisse bien à sa gauche. Ainsi s'expliquera peut-être pourquoi tous les
passer pour une prophétie et soit autrement ancienne, hommes de droite ont les pieds absolument nus. A gauche
I. Cf. Mélanges d'archéologie, série, t. 11, pl. iv-vi, seulement, on voit des sandales ou même des chaussures
et vm. qui atteignent les malléoles.
 
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