AVANT-PROPOS.
VII
niêmecela les court-il encore beaucoup aujourdliui? M. du Sonmierardpère, malgréles
vrais services qu'ii avait rendus aux études médiévates , m'adressait en 1840 un fraganent
de son gTancl ouvrag*e ; et sigaiait cet envoi : « Un vieux disciple à son jeune maître. H Uétait
fort aimable, sans contredit, surfait par politesse, si l'on veut; mais ce loyal vieillard
supposait apparemment queje connaissais un peu 1e métier. Aussi m'a-t-il transcrit eà et là,
et me faisait-il parfois l'honneur de prendre mon avis sur 1a sig-nitication des monuments
qu'il voulait mettre en Iumière. G'est que le des œuvres (surtout relig-ieuses) produites
par nos ancêtres est le vrai terrain ou je puis manœuvrer presque de pied ferme. Mes
(franeais, du moins), puisqu'on les indique en bloc sans les citer par le menu
(théorie simplificatrice, assez complaisante, tout comme celle qu'on m'impute), s'occupaient
de la forme arcliitecturale, sculpturale ou autre; et leurs explications, quand ils en don-
naient, étaient communément faites de verve toute pure : vraies cle temps en temps, par
bonheur ; mais presc^ue toujours douteuses ou extrêmement récusables pour les esprits qui ne
se grisent pas de phrases et de formules afbrmatives. Quant à moi, si je vaux quelque chose
en ces matières, e'est pour y avoir écarté résolüment la fantaisie et la poésie (ou prose
poétique) descriptive, en même temps que les solutionstranchantes* ; non pas pour paléo-
graphie , sentiment artistique très-aigmisé, ou tout autre mérite que je n'aftiche point.
Des paléog-raphes, il s'en rencontrait; des architectes hahiles, ou surtout des amateurs
au courant de la technologde architecturale du moyen âg*e, on n'en manquaitpas. C'était à
qui parlerait /^orzW og-ives Rg-urant deuxhras joints dans l'acte de la prière, colon-
nettes, clochetons aériens, rinceaux, meneaux, crossettes, choux^ modiIlons,encorheliements,
anses de panier, arcs-douhleaux, contre-forts (^t/^rp^), ùv'/brmm et màchicoulis,
moucharahis, pointesdediamant, hillettes, frettes, rampants, haies g-éminées, quintefeuilles,
archivoltes, hroderie ou vég-étation de pierre, etc., etc. (toutes choses profondément esti-
mahles, je ne le mets pas en doute); de cela, on n'était pas trop à court. Déjà même M. de
Caumont tixait d'une manière presque sûre les caractères g-énéraux des constructions éle-
vées par nos pères depuis les Gallo-Romains jusqu'aux Bourbons; peu s'en fallaiR du
moins, sauf applications modiRées pour rég-ions diverses. Les g-ravures ou lithog-raphies
étaient ce qu'elles pouvaient, en vue de propag-er ces enseig-nements par lo hon rnarché.
Lorsque j'entrai en Hgne comme simple volontaire dans cette croisade , je ne visais point à
ciable, sauf peut-être dans les archives ou cartons du ini-
nistère ; et Ies modilications mêrne qu'on y apporta progres-
sivement indiquent une manœuvre peu fixée dans son but
ouses moyens d'action.
I. Aussi les séances générales tenues à Paris (au Luxern-
bourg, je crois) par !a Socfë^é pYmçaise de M. de Cautnont
s'intéressèrent-elles vivement aux paroles clu P. A. Martin,
qui expliquaitunvitrail de Bourges avec plusieurs destextes
dont je m'ctais muni afin de constater 1a vieille doctrine
ecclésiastique sur l'entente du 6o% SuwariYnm. Pn ou deux
ans plus tùt, dans une petite rëunion des mêmes socictaires,
M. Aug. Le Prévost tixait sur moi son regard grave et pres-
que défiant malgré un fond de bienveibance, tandis que j'ex-
posais comrne quoi l'ctude dù moyen âge ne devait pas être
soustraite au régime des textes contemporains, dont se sont
bien trouvés les archëologues classiqucs. Ce semblait être
invention assez neuve ethardie, à voir comme on accueillait
ines vues quasi témcraires en pareit genre ; les gens du monde
les plus sérieux n'ayant guère sous 1a rnain une bibliothèquc
patrologique, ni grecquc ni latine.
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niêmecela les court-il encore beaucoup aujourdliui? M. du Sonmierardpère, malgréles
vrais services qu'ii avait rendus aux études médiévates , m'adressait en 1840 un fraganent
de son gTancl ouvrag*e ; et sigaiait cet envoi : « Un vieux disciple à son jeune maître. H Uétait
fort aimable, sans contredit, surfait par politesse, si l'on veut; mais ce loyal vieillard
supposait apparemment queje connaissais un peu 1e métier. Aussi m'a-t-il transcrit eà et là,
et me faisait-il parfois l'honneur de prendre mon avis sur 1a sig-nitication des monuments
qu'il voulait mettre en Iumière. G'est que le des œuvres (surtout relig-ieuses) produites
par nos ancêtres est le vrai terrain ou je puis manœuvrer presque de pied ferme. Mes
(franeais, du moins), puisqu'on les indique en bloc sans les citer par le menu
(théorie simplificatrice, assez complaisante, tout comme celle qu'on m'impute), s'occupaient
de la forme arcliitecturale, sculpturale ou autre; et leurs explications, quand ils en don-
naient, étaient communément faites de verve toute pure : vraies cle temps en temps, par
bonheur ; mais presc^ue toujours douteuses ou extrêmement récusables pour les esprits qui ne
se grisent pas de phrases et de formules afbrmatives. Quant à moi, si je vaux quelque chose
en ces matières, e'est pour y avoir écarté résolüment la fantaisie et la poésie (ou prose
poétique) descriptive, en même temps que les solutionstranchantes* ; non pas pour paléo-
graphie , sentiment artistique très-aigmisé, ou tout autre mérite que je n'aftiche point.
Des paléog-raphes, il s'en rencontrait; des architectes hahiles, ou surtout des amateurs
au courant de la technologde architecturale du moyen âg*e, on n'en manquaitpas. C'était à
qui parlerait /^orzW og-ives Rg-urant deuxhras joints dans l'acte de la prière, colon-
nettes, clochetons aériens, rinceaux, meneaux, crossettes, choux^ modiIlons,encorheliements,
anses de panier, arcs-douhleaux, contre-forts (^t/^rp^), ùv'/brmm et màchicoulis,
moucharahis, pointesdediamant, hillettes, frettes, rampants, haies g-éminées, quintefeuilles,
archivoltes, hroderie ou vég-étation de pierre, etc., etc. (toutes choses profondément esti-
mahles, je ne le mets pas en doute); de cela, on n'était pas trop à court. Déjà même M. de
Caumont tixait d'une manière presque sûre les caractères g-énéraux des constructions éle-
vées par nos pères depuis les Gallo-Romains jusqu'aux Bourbons; peu s'en fallaiR du
moins, sauf applications modiRées pour rég-ions diverses. Les g-ravures ou lithog-raphies
étaient ce qu'elles pouvaient, en vue de propag-er ces enseig-nements par lo hon rnarché.
Lorsque j'entrai en Hgne comme simple volontaire dans cette croisade , je ne visais point à
ciable, sauf peut-être dans les archives ou cartons du ini-
nistère ; et Ies modilications mêrne qu'on y apporta progres-
sivement indiquent une manœuvre peu fixée dans son but
ouses moyens d'action.
I. Aussi les séances générales tenues à Paris (au Luxern-
bourg, je crois) par !a Socfë^é pYmçaise de M. de Cautnont
s'intéressèrent-elles vivement aux paroles clu P. A. Martin,
qui expliquaitunvitrail de Bourges avec plusieurs destextes
dont je m'ctais muni afin de constater 1a vieille doctrine
ecclésiastique sur l'entente du 6o% SuwariYnm. Pn ou deux
ans plus tùt, dans une petite rëunion des mêmes socictaires,
M. Aug. Le Prévost tixait sur moi son regard grave et pres-
que défiant malgré un fond de bienveibance, tandis que j'ex-
posais comrne quoi l'ctude dù moyen âge ne devait pas être
soustraite au régime des textes contemporains, dont se sont
bien trouvés les archëologues classiqucs. Ce semblait être
invention assez neuve ethardie, à voir comme on accueillait
ines vues quasi témcraires en pareit genre ; les gens du monde
les plus sérieux n'ayant guère sous 1a rnain une bibliothèquc
patrologique, ni grecquc ni latine.