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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1834 (Nr. 165-216)

DOI issue:
Numéro 200 (4 Septembre 1834)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26558#0205

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V ANNÉE.

--«Numéro 200.^=——

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. 1 aOuis Desnoyeus (Derville), Rédacteur en chef, au
Bureau de la Caricature, galerie Yéro-Dodat. —-Tout
ce qui a rapport aux dessins doit être adressé à M.
Cil PMLIFON.

CASTIGAT RI DE N DO MORES.

—--S5K" 4 SEPTEMBRE 1834. -

Les réclamations, aLonneinens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, à M. Ch. Philipon, directeur
du journal, au bureau de la Caricature, galerie Yéro-
Dodat, au-dessus du grand Magasin de Lithographie
d'Aubert.

POLITIQUE, MORALE, LITTÉRAIRE ET SCÉNIQUE.

CONSIDÉRATIONS

SUR

L21? DÉCONSIDÉRATION

DONT JOUISSENT CERTAINS FONCTIONNAIRES PUBLICS.

Il y a deux manières de sortir de chez soi, l’une parla porte, l’autre
par la fenêtre. Celle ci est la moins usitée; car elle offre des inconvé-
niens, surtout quand on demeure au troisième étage. Ces jours passés,
l’un de mes amis a voulu s’en servir; il a eu le bonheur de ne se casser
qu’une jambe.

De même , il existe pour certains fonctionnaires publics , conseillers
d’état, substituts, lieulenans généraux, geôliers , chefs de bureau, gis-
quetaires de plume, d’épée ou de bâton, pairs de France, marieurs du
prince Rosoün, et généralement tous attires , jusques et y compris les
abonnés du Constitutionnel ; il existe , disons-nous , pour ces honora-
bles personnages deux moyens assurés de se faire une réputation dans
le monde, savoir : le passant ad libitum, soit par la porte de la probité
et de la droiture, soit par la fenêtre de l’intrigue , du mensonge , du
pot-de-vin et du télégraphe.

Cette deuxième voie est de beaucoup la plus fréquentée ; elle paraît

Ïtlus commode et plus rapide surtout. Elle mène promptement son
îomme au but, et lui procure, sans faute , les avantages de la croix
d’honneur et d’une considération quelconque, pour en jouir sa vie du-
rant.

Mais, hélas ! ce sont-là des croix lourdes à porter, quelque robuste
assermenté et subventionné que puisse être un dévouement de nou-
velle école dynastique. Aussi n’est il pas de jour que vous ne lisiez dans
le Journal des Juclas, le Constitutionnel ou de la France nouvelle, de
lamentables élégies, de jérémiaques déplorations sur les infortunés de
tout rang et de tout âge, condamnés par leur patriotisme à la triste con-
dition de parties prenantes au budget.

Tantôt ce sont les conseillers d’état du Journal des Judas, déclamant,
de leur timbre argentin, une apostrophe cicéronienne contre l’esprit de
dénigrement qui s’attache à ces victimes innocentes, malheureuses et
persécutées.

Tantôt ce sont les troubadours du Constitutionnel, mahulant une
complainte furibonde sur ces pauvres Holophcrnes si méchamment
immolés à la déconsidération publique.

Puis, c’est un chorus de déclamations , d’insinuations, d'argumen-
tations tendant à établir comme quoi, dans un pareil ordre de choses,
le Pouvoir s’affaiblit nécessairement tous lesjours , et comme quoi le
gouvernement, dit de Sa Majesté, devient impossible.

J C’est possible.

Mais à qui la faute ?

Il serait si doux, pourtant, de concilier les profits de la vénalité avec
les agrémens de l’estime générale !

Mais le public n’entend rien à toutes ces finesses. Il va brutalement
au fait. Sot public, va !

« Mais, reprend le public, à qui la faute ?

» Y puis-je mais, si la nature m’a donné des yeux pour voir et des
oreilles pour entendre ?-

» Et pourquoi, diable, messieurs tels et tels qui montrent tant de pré-
tentions à être respectés , ne s’avisent-ils pas d’être un peu plus res-
pectables ; si ça ne leur coûtait pas trop ? »

Sans doute, la judaillerie a raison ; mais le public n'a pas tout-à-fait
tort non plus. Cela dépend du point de vue où l’on se place.

Il y a bien quelque petite chose à dire sur les gentillesses du télégra-
phe et sur ce ruisseau de pols-de-vin qui coule sous le tonneau du bud-
get dont nous sommes les'ïlanaides.

Au fond, je le sais, le pot-de-vin ne présente rien de répréhensible;
et quand tout se passe dans l’ombre du mystère, la morale n’en souffre
pas. Pêché caché est pardonné. On doit se rappeler qu’à Lacédémone,
cette république austère, la jeunesse se livrait, par principe d’éduca-
tion, à des exercices honnêtes assez analogues à ceux du pot-de-vin. Ce
serait donc, à le bien prendre, une institution républicaine que Je gou-
vernement, dit de juillet, aurait renouvelé des Grecs en faveur de ses
agens, et pour leur form r la main. Superbe idée! Mais quand, par
disgrâce ou maladresse, il arrivait aux jeunes Spartiates d’être pris sur
le fait, iis étaient fouettés impitoyablement sur l’autel de Diane, qui
représentait, suivant Hérodote et Quinte-Curce, la cour d’assises du
pays.

Or, voilà précisément ce qui nous manque. Léon.

ÉPISTOLE DE FANFAN LA TULIPE.

Cher papa,

La présente a pour but de vous faire savoir que je me trouve bien au
camp de Corapiègne. J’y jouis de tous les agrémens delà guerre, c’est-
à-dire des grandes manœuvres, courses à cheval, exercices à feu, etc.,
sans en avoir les désagrémens, c’est à dire la fatigue, les blessures et
le danger, plus terrible encore que les blessures.

Vous me dites, papa, qu’à la guerre, je n’ai jamais été exposé à ces
sortes d’inconvéniens, et qu’Anvers où je n’en prenais aussi qu’à mon
aise, ne m’a jamais offert plus de périls réels que le camp de Conipié-
gne. C’est possible. Toutefois, à Anvers, les boulets, s’ils n’étaient jjâs
bien dangereux, n’en passaient pas moins régulièrement à deux pi^qs
au dessus dema tête, tandis qu’ici, il n’y passe guère que des In
 
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